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4 novembre 1999 ![]() |
Le rôle du stress psychologique dans l'apparition des
maladies coronariennes serait beaucoup moins important que ce
que l'on a cru jusqu'à présent, suggère une
étude à long terme publiée par des chercheurs
du Groupe de recherche en épidémiologie, de la Faculté
de médecine, de l'École de psychologie et du Département
des relations industrielles. Cette étude, dont les conclusions
détonnent carrément avec la rengaine habituelle
sur les facteurs qui prédisposent aux maladies cardiaques,
fait l'objet d'une publication dans un récent numéro
de la respectable revue International Journal of Epidemiology.
L'article signé par Lynne Moore, François Meyer, Michel Pérusse, Bernard Cantin, Gilles Dagenais, Isabelle Bairati et Josée Savard, confirme l'influence de l'hypertension, de l'âge, de la concentration des triglycérides et du mauvais cholestérol sur l'incidence des maladies cardiaques. Cependant, les chercheurs n'ont pu établir de lien entre ces maladies et le niveau de stress psychologique professionnel, familial et social subi par les sujets.
Les chercheurs sont arrivés à ces conclusions après avoir suivi un groupe de 868 hommes de la région de Québec pendant une période de dix ans. Au début de l'étude, aucun de ces hommes, âgés de 42 à 60 ans, ne souffrait de problèmes cardiaques. Les participants ont subi une batterie de tests médicaux en plus de remplir des questionnaires portant sur différentes composantes du stress et sur les autres facteurs de risques. Dix ans plus tard, les chercheurs ont consulté les dossiers médicaux de ces sujets et ils ont découvert que 9% d'entre eux avaient souffert d'angine ou avaient eu un premier infarctus. La probabilité de maladie cardiaque augmentait avec l'âge (1,93 fois plus élevée), l'hypertension (1,90), les triglycérides (1,87) et le cholestérol (1,64). Cependant, les hommes soumis à un niveau de stress élevé n'avaient pas eu plus de problèmes cardiaques que les sujets moins enclins au stress. Le stress était relié à des facteurs comme la sédentarité et la consommation de cigarettes mais pas avec les autres facteurs de risques de maladies coronariennes.
Prudents, les chercheurs refusent de conclure pour autant que le stress ne joue aucun rôle dans l'apparition des maladies coronariennes. "Notre mesure de stress était très rigoureuse mais avant d'affirmer définitivement que le stress n'est pas un facteur de risques, il faudrait refaire l'expérience en retournant mesurer régulièrement le niveau de stress des sujets, estime Lynne Moore. Notre évaluation du niveau de stress n'a été faite qu'une fois en début d'étude; or, en dix ans, beaucoup d'événements peuvent survenir et changer le stress auquel est soumise une personne. Le problème est que ce genre d'étude coûte beaucoup plus cher." Néanmoins, cette recherche vient ébranler la tranquille certitude qui entourait le rôle du stress dans les maladies coronariennes.