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4 novembre 1999 ![]() |
"La Bavière, c'est ma patrie, l'Allemagne ma nation et l'Europe notre avenir". Manifestement, Edmund Stoiber, ministre-président de la Bavière, un des Lands allemand les plus riches, croit fermement que les différents pouvoirs peuvent s'additionner sans s'annuler. Il a profité de son passage à Québec, à l'occasion de la signature d'accords commerciaux entre entreprises québécoise et bavaroises, pour venir présenter un vibrant plaidoyer en faveur de l'Europe des régions, devant des étudiants allemands de l'Université.
Rappelant que l'État de Bavière s'appuie sur un passé vieux de plus de quinze siècles, Edmund Stoiber a précisé que son gouvernement gérait des pouvoirs importants, en matière notamment de culture, d'éducation, de promotion économique. Bien sûr, le pouvoir central a toujours la haute main sur certains dossiers sensibles, comme la politique extérieure et la monnaie, mais l'homme politique fait remarquer que les compétences des instances européennes se cessent de s'élargir. "Plus de la moitié des questions déterminantes pour l'économie de la Bavière relèvent aujourd'hui du Parlement européen à Bruxelles", indique le ministre-président.
De nouvelles formes de coopérations régionales se mettent donc en place, qui permettent à la Bavière d'entretenir des liens directs avec des instances situées en Catalogne ou en Écosse, sans s'embarrasser d'un passage obligé par l'État central. Comme 165 autres régions européennes, la Bavière siège ainsi sur un Comité des régions, particulièrement consulté lorsque le chevauchement des compétences occasionne des frictions. "Nous aimerions que ce comité dispose de pouvoirs accrus, indique Edmund Stoiber. Ainsi, il faudrait que nous puissions directement porter plainte à la Cour de justice européenne, sans avoir à transiter par les tribunaux nationaux."
Cet ardent partisan d'un fédéralisme toujours plus décentralisé reconnaît volontiers toutefois que les ambitions de la très autonome Bavière se heurtent à une difficulté de taille: la diversité européenne. Les pouvoirs accordés aux régions varient beaucoup, en effet, selon les pays. Si l'Allemagne, l'Espagne et la Grande-Bretagne reconnaissent de plus en plus les compétences régionales, d'autres nations comme la France hésitent encore à déléguer leurs pouvoirs législatifs.
Pourtant, Edmund Stoiber demeure intimement persuadé que la question régionale va devenir un enjeu de taille pour le prochain siècle, et que les instances nationales ne vont cesser de régresser au profit de gouvernements de petites entités, plus proches des véritables besoins des citoyens. Des gouvernements qui sauront unir leurs forces pour former une Europe toujours plus compétitive. "J'ai l'impression que le continent nord-américain n'a pas conscience des développements qui se produisent en Europe, lance le ministre-président. Pourtant, avec l'élargissement de l'association européenne à 450 millions d'habitants, cette entité va entrer directement en concurrence avec l'Asie et l'ALENA."