4 novembre 1999 |
En réaction au Rapport Proulx sur la place de la religion à l'école, des étudiants en enseignement moral (Faculté des sciences de l'éducation) ont déposé, le 22 octobre, un mémoire à la Commission de l'éducation. Dans l'ensemble, ils approuvent les recommandations de ce Rapport favorable à la laïcisation du système scolaire québécois. Une laïcisation devenue nécessaire, selon eux, en raison de la transformation de la société québécoise et pour le respect de la pluralité ethnique.
Ces étudiants se sont interrogés sur quelques recommandations du Rapport, en vue de contribuer au mieux-être des enfants. Comme peu de jeunes adultes ont réagi jusqu'à maintenant, ils ont senti l'urgence de rédiger un mémoire. "Notre travail pourrait être utile à la Commission", estiment-ils.
Longtemps, au Québec, rappellent les étudiants en enseignement moral, le catholicisme a forgé l'identité du peuple. Aujourd'hui, la réalité se présente autrement. La société a évolué et la laïcisation du réseau scolaire s'inscrit logiquement, à leur avis, dans ce processus de modernisation. Il ne s'agit pas, ici, de renier les valeurs chrétiennes, soulignent-ils, mais de les redéfinir dans la perspective "d'une éthique du citoyen". Un tel changement permettrait, selon eux, de "réduire l'écart, le fossé qui existe entre la forme actuelle de la société et la situation qui prévaut dans le milieu scolaire".
Vers une pratique plus authentique?
En convenant que l'une des missions éducatives de l'école
est d'encourager la cohésion sociale, la tolérance
envers les autres, les membres du groupe se demandent comment
elle peut "accomplir adéquatement cette tâche
sans convier les multiples communautés vivant et évoluant
au Québec à y participer". En ce sens, ils
croient, à l'instar du Rapport Proulx, qu'abroger le statut
confessionnel des écoles constitue une nécessité.
De l'avis de ces étudiants, l'objectif du Rapport ne consiste pas à sortir bêtement la religion de l'école. Il n'attaque "en rien la foi des croyants", croient-ils. Les mesures préconisées instaureraient plutôt un "contexte favorable à une pratique moins contraignante, donc plus authentique", font-ils valoir. En somme, elles permettraient, selon eux, de responsabiliser les parents face à l'enseignement religieux de leurs enfants.
La perspective de mettre à la disposition d'animateurs de pastorale des locaux en dehors des heures de cours pour l'enseignement religieux leur semble être un compromis intéressant. Néanmoins, ils imposent des conditions. D'abord, l'animateur en question ne doit pas être payé à même les fonds publics, mais par les communautés religieuses qui désirent dispenser ce type d'enseignement. Il importe aussi, signalent-ils, d'éviter de maintenir "un système de privilèges". C'est-à-dire, favoriser la confession catholique ou protestante plus qu'une autre.
L'idée d'offrir un cours de culture relieuse leur plaît. Attendu qu' "il enrichit la culture générale de l'élève et permet une plus grande objectivité face aux religions, y compris le catholicisme, ce qui évite l'endoctrinement." Ils appuient l'idée dans la mesure où il s'inscrirait dans le cadre d'un programme unique visant "la formation de la personne", tel que suggéré pas l'UNESCO.