4 novembre 1999 |
En vertu du rôle central joué par la Faculté des sciences et de génie (FSG) dans la formation de spécialistes en optique et en photonique et en vertu du leadership assumé par le Centre d'optique, photonique et laser (COPL) en recherche de pointe, l'Université Laval jouera un rôle crucial dans la réussite de l'éventuelle Cité de l'optique dont le projet de création a été annoncé hier, le 3 novembre, à Québec. "Il ne pourra y avoir de véritable Cité de l'optique si nos établissements d'enseignement ne contribuent à former les futurs travailleurs spécialisés, chercheurs et techniciens qui y oeuvreront", estiment le recteur François Tavenas et le doyen de la FSG Pierre Moreau. Les deux hommes réagissaient ainsi au Rapport sur la Cité de l'optique préparé par la Société Innovatech Québec et Chaudière-Appalaches.
On se souviendra qu'en mars 1999, le gouvernement québécois avait donné le mandat à la Société Innovatech d'élaborer un projet qui favoriserait l'émergence d'une Cité de l'optique et de la photonique dans la région de Québec. Au terme d'un exercice de consultation et de réflexion long de plusieurs mois, un Comité aviseur formé des principaux acteurs de ce domaine dans la région, notamment Michel Têtu, directeur du COPL, a accouché d'un rapport dont la principale recommandation est d'établir dans la région de Québec une Cité de l'optique.
"Plus qu'un rapport, dit le communiqué officiel, le document rendu public aujourd'hui se veut un véritable plan de développement de La Cité de l'optique à Québec." La Cité de l'optique ou Optopole est une créature difficile à définir, mais son mandat est heureusement plus clair : soutenir le développement technologique, industriel et commercial de l'industrie optique/photonique de la région de Québec.
De précieux acquis
Le secteur de l'optique et de la photonique connaît
une forte expansion à travers le monde comme en témoigne
son chiffre d'affaires de 147 milliards de dollars, toujours en
ascension. Le Rapport Innovatech présente Québec
comme une région importante de ce secteur. On y trouve
d'abord trois grands centres de recherche: le COPL, l'Institut
national d'optique (INO) et le Centre de recherche pour la défense
Valcartier (CRDV). À lui seul, le COPL compte 17 professeurs,
15 professionnels et techniciens et une centaine d'étudiants-chercheurs
et il dispose d'un budget annuel de 4 M$. Depuis quelques mois,
le COPL agit comme centre névralgique et administratif
de l'Institut canadien pour les innovations en photonique, un
réseau de centres d'excellence regroupant plus de 100 chercheurs
dans tout le pays.
La région abrite également 15 entreprises d'optique/photonique dont ABB-Bomem, EXFO, Gentec, Nortech Fibronic, qui brassent des affaires au pays et un peu partout dans le monde. Leur chiffre d'affaires atteint 75 millions $ US, soit 0,05 % du marché mondial.
Dans l'ensemble, l'optique/photonique offre de l'emploi à plus de 1 100 personnes dans la région, dont 500 spécialistes. Son chiffre d'affaires atteint 146 M$, incluant le budget de 32 M$ des trois centres de recherche. "Le manque de main-d'oeuvre spécialisée est l'un des principaux freins au développement actuel de la photonique, souligne Michel Têtu. Au Canada seulement, il y aurait présentement des milliers de postes à combler dans les entreprises de ce secteur."
L'optique voit grand
La Cité de l'optique voit grand. D'ici cinq ans, elle
veut faire passer le chiffre d'affaires de 146 à 884 M$,
le nombre d'emplois de 1 130 à 5 400 et le nombre d'entreprises
de 15 à 30. "À l'heure actuelle, la région
de Québec occupe une modeste part du marché mondial
de l'industrie de l'optique/photonique. Notre rapport vient simplement
mettre en relief qu'il y a des opportunités d'affaires
extraordinaires à saisir pour une région comme Québec
qui possède déjà des acquis importants et
une volonté collective d'y parvenir", fait valoir
Régis Labeaume, vice-président d'Innovatech Québec
et Chaudière-Appalaches et responsable du comité
aviseur.
Les bâtisseurs de la Cité de l'optique sont bien conscients qu'un manque de main-d'oeuvre spécialisée aurait tôt fait d'anéantir leur projet. "L'implication de l'Université Laval, de sa Faculté de sciences et de génie et des cégeps de Limoilou, de La Pocatière et de François-Xavier-Garneau devrait permettre de former les travailleurs spécialisés de demain dans le secteur de l'optique et de la photonique, condition essentielle pour que la région de Québec devienne un véritable leader dans le monde", insiste Régis Labeaume.
Former l'avenir
"La Faculté des sciences et génie entend
devenir un guichet unique pour les entreprises et les centres
de recherche", explique le doyen Pierre Moreau. Le plan élaboré
par la FSG prévoit la coordination des enseignements universitaire,
collégial et professionnel afin de favoriser le développement
de la Cité de l'optique. "Nous sommes allés
rencontrer les gens de l'industrie, nous leur avons demandé
quels étaient leurs besoins et nous les avons écoutés.
Ensuite, nous avons proposé une entente aux cegeps. La
Faculté va agir comme courtier de la formation en photonique
partout en Amérique du Nord. Nous allons avoir un numéro
1 800 et les entreprises qui ont un besoin en formation vont
nous appeler. Avec nos partenaires des cegeps, nous allons monter
la formation dont elles ont besoin et nous allons l'offrir là
où elles la veulent."
Par ailleurs, la Faculté accentuera la formation dans les secteurs du génie, en incorporant plus de contenu optique/photonique en génie physique, en améliorant l'offre de cours optionnels en optique/photonique pour les étudiants en génie électrique, mécanique et informatique et en évaluant la possibilité de créer un nouveau baccalauréat en optique/photonique. Elle intégrera également des cours de commercialisation dans ses programmes de génie. De plus, la Faculté proposera une entente touchant le formation de la main-d'oeuvre à l'Ordre des ingénieurs du Québec.
Finalement, la FSG et le comité aviseur projettent d'organiser un Sommet mondial de l'optique/photonique dont la première édition aurait lieu en 2001. Cet événement rassemblerait des dirigeants d'entreprises, des décideurs gouvernementaux en sciences et en technologies et des chercheurs en optique/photonique. "Ce Sommet nous assurerait une notoriété et une visibilité mondiales et ferait de Québec un lieu incontournable au sein des marchés mondiaux, en plus d'offrir une opportunité unique de vendre l'Optopole de Québec", souligne Régis Labeaume.