4 novembre 1999 |
Par la voix de sa présidente, Arpi Hamalian, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) a fait connaître, la semaine dernière, son accord avec la vision de l'Université exprimée dans l'Énoncé de politique à l'égard des universités rendu public le 26 octobre par le ministre de l'Éducation, François Legault. La FQPPU déplore toutefois le choix de certaines actions "qui mènent à la construction d'une université marchande."
La FQPPU se réjouit d'abord de voir reconnus des grands principes qu'elle défend et qui se retrouvent dans le document du ministre Legault: spécificité de la formation universitaire basée sur le lien indissociable unissant l'enseignement et la recherche, accessibilité maximum à cette formation, importance d'assurer une formation et un encadrement adéquats en favorisant le recrutement de jeunes professeures et professeurs, de promouvoir la reconnaissance des professeures et professeurs d'expérience, affirmation de la diversité et de l'autonomie de fonctionnement des établissements universitaires qui enrichissent le réseau, et garantie que les universités jouiront de la latitude nécessaire afin de s'acquitter pleinement de leur mission d'enseignement, de recherche et de service à la collectivité.
"Malheureusement, constate la présidente de la FQPPU, cette vision s'effrite sur le plan des principes d'action. Les actions proposées conduisent à une université marchande: productivité, efficacité, efficience, reddition des comptes, indicateurs de performance: ces maîtres-mots de l'idéologie marchande prédominent." Une culture de l'entreprise s'implante dans nos universités, rappelle-t-on. Les effets néfastes de ce culte de l'efficience ont été bien reconnus dans l'histoire des universités nord-américaines, les rapports et les publications de la FQPPU de ces dernières années l'ont bien démontré.
"Nous tenons donc à exprimer avec force notre extrême inquiétude, poursuit Arpi Hamalian. Depuis quelques années et à cause du désengagement de l'État par des coupures budgétaires soutenues, nous constatons déjà une érosion de plus en plus dangereuse des spécificités de l'institution universitaire, de la liberté de la recherche et de la liberté de pensée qui devraient y prévaloir."
Une Commission nationale des universités?
Rappelant que le Québec a fait beaucoup de progrès
en 30 ans pour améliorer l'accessibilité et faire
de son réseau universitaire un réseau diversifié
et de très haut niveau, la FQPPU considère qu'il
faut réinvestir massivement dans ce réseau: "Mettre
en péril le caractère public de l'Université,
ce serait l'assujettir à des intérêts particuliers
de tous ordres qui dénaturent son rôle irremplaçable
dans la société." Et pour assurer la défense
active de l'Université au service de la collectivité,
la Fédération propose et demande, à nouveau,
"la création d'une Commission nationale des Universités,
permanente, publique, indépendante et multipartite, chargée
de promouvoir le développement du réseau universitaire
dans sa totalité, de préserver l'intégrité
de l'institution et le respect des principes qui la fondent, en
particulier la liberté académique et l'autonomie
institutionnelle, d'aviser et de conseiller le gouvernement et
les composantes de la communauté universitaire sur toute
question relative à l'enseignement, à la recherche,
à la formation des étudiantes et des étudiants
et au financement."