4 novembre 1999 |
La Commission des universités sur les programmes a rendu public, lundi, le rapport du groupe de travail en informatique et génie informatique INFOGEN.Ce groupe avait été était créé à la suite de recommandations convergentes de diverses sous-commissions qui signalaient la difficulté de recruter un corps professoral trop sollicité par l'entreprise privée, ainsi que la pénurie de la main-d'oeuvre en informatique en général.
La CUP rappelle que la très bonne performance du Québec sur la scène commerciale dans le domaine des technologies de l'information a "son versant à l'ombre": celui du manque de main-d'oeuvre qualifiée. Elle signale que des efforts pour identifier la nature des postes à combler, le niveau des diplômés requis et le type de formation recherchée ont été accomplis. Mais ces coups de sonde, tout en nous renseignant sur l'ampleur de la situation, ne permettent pas d'avoir une vision d'ensemble qui permettrait, en toute sûreté, d'orienter les politiques en conséquence, car "il s'agit le plus souvent d'initiatives ponctuelles qui ne permettent pas de structurer et d'actualiser l'information sur les besoins de personnel et leur évolution dans divers sous-secteurs."
De nombreux besoins à combler
Le nouveau rapport de la CUP vise, par son contenu, à
mieux étayer le sujet d'une pénurie de main-d'oeuvre
qualifiée pour répondre à la demande actuelle
des TI. "Les universités ont fait des pas pour résoudre
le problème du faible nombre de diplômés qui
accèdent au marché de l'emploi dans le vaste domaine
des TI: une certaine convergence s'est établie entre le
génie et l'informatique, des programmes conjoints ont été
et seront mis sur pied, des échanges de cours ont lieu.
Elles ont aussi posé des gestes pour répondre, au
meilleur de leurs moyens, au besoin d'une main-d'oeuvre qualifiée,
notamment par la création de programmes courts dont certains
destinés aux diplômés de science et de génie",
fait-on remarquer. "Or, non seulement le bassin d'étudiants
aptes à s'engager dans de telles études et à
les conclure n'est pas illimité, mais aussi, les nombreux
besoins qu'il reste à combler dans l'immédiat et
de façon récurrente restreignent la latitude des
universités, en comparaison de l'industrie appelée
ici à participer davantage à la formation."
La CUP estime qu'un un arrimage plus étroit de la formation
collégiale, notamment dans le secteur technique, et de
la formation universitaire pourrait amener un plus grand nombre
d'étudiants à poursuivre à l'université
dans ces disciplines, et invite le gouvernement du Québec
à contribuer, dans une perspective à long terme,
afin de mieux soutenir des disciplines en émergence comme
celles des TI.
Des recommandations précises
Le rapport de la CUP est complété par une série
de recommandations pour améliorer la situation.
La Commission suggère, entre autres, au ministère
de l'Éducation et aux universités, accompagnés
de leurs partenaires industriels et du secteur de l'enseignement
et de la recherche, d'envisager "la création d'une
table de concertation mandatée pour examiner d'autres avenues
de solution à court et à long terme à la
pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur très actif
et très prometteur des technologies de l'information".
Ses membres estiment d'ailleurs que, "en raison de l'urgence
d'agir dans le dossier de la formation dans le secteur des TI,
un financement ciblé s'impose pour les disciplines universitaires
alimentant le secteur des technologies de l'information. La
CUP invite le ministère de l'Éducation à
tenir compte, dans l'application de la formule de financement
des clientèles universitaires, "du caractère
de croissance rapide des disciplines de l'informatique, du génie
logiciel, du génie informatique, du génie électrique
et de toutes celles qui leur sont apparentées et qui se
trouvent au coeur du secteur des TI."
"La Commission ne peut qu'encourager toutes les initiatives en vue de développer des programmes comportant des stages en entreprise", fait-on, de plus, valoir. Elle invite, en outre, les établissements universitaires "à développer des partenariats avec les entreprises privées afin de concevoir l'accueil d'étudiants dans des équipes professionnelles et leur encadrement pédagogique comme une contribution spécifique que les entreprises font à la formation de la relève et que la société est en droit d'espérer de leur part." La Commission, qui se dit consciente de la forte concurrence salariale susceptible de ralentir le développement de l'informatique à l'université, suggère au MEQ de constituer une enveloppe budgétaire dédiée, établie ou non en partenariat avec l'industrie, qui permettrait d'offrir des bourses d'études supérieures dans les secteurs de formation en TI.
Parmi les autres recommandations du rapport, mentionnons une invitation à tous les départements concernés "à procéder à un examen exhaustif de leur banque de cours spécialisés du premier cycle et de cours aux cycles supérieurs, et à identifier ceux qui se prêteraient à une offre conjointe entre les départements de génie et d'informatique de leur institution" et une invitation aux universités de faire rapport de leur examen concerté de l'opportunité d'instaurer "une formation d'appoint qui permette à certains étudiants d'acquérir une meilleure maîtrise des mathématiques".