28 octobre 1999 |
Un site expérimental qui permettra d'étudier l'effet des véhicules lourds sur la détérioration des routes est présentement en construction à la Forêt Montmorency. Cette route-laboratoire à ciel ouvert, qui couvrira un kilomètre de longueur, est réalisée grâce à des subventions totalisant 750 000 $. "Les travaux que nous ferons au Site expérimental routier de l'Université Laval (SERUL) devraient permettre d'identifier des méthodes de construction et d'entretien qui augmenteront la durabilité des routes soumises à la circulation de véhicules lourds", résume Guy Doré de Génie civil, codirecteur du projet avec Luc Lebel, du Département des sciences du bois et de la forêt.
Mis à part le climat, les poids lourds sont les principaux responsables de la détérioration des routes au pays. L'impact financier de cette usure est énorme puisque les routes régionales, les chemins municipaux ainsi que les routes d'accès aux ressources constituent une très forte proportion des réseaux routiers canadiens. "Au Québec seulement, ces voies de circulation représentent 157 000 km de routes, soit plus de 92 % des réseaux provincial, municipaux et privés, souligne Guy Doré. À l'échelle du Canada, elles nécessitent des investissements de centaines de millions de dollars annuellement pour leur entretien et leur réhabilitation." Pourtant, poursuit-il, ces routes ne reçoivent qu'une infime proportion de l'effort de recherche consacré aux infrastructures routières. Résultat: malgré l'existence de techniques sophistiquées, la conception, la construction et la gestion des routes à faible circulation sont encore essentiellement basées sur l'expérience locale, constate le chercheur.
Le projet SERUL vise justement à mettre de la science dans l'art de construire des routes. "Jusqu'à présent, on travaillait avec ce que le ministère des Transports voulait bien nous donner comme route. Maintenant, nous allons pouvoir réaliser nos études dans un contexte mieux contrôlé qui nous permettra d'être plus rigoureux, affirme Guy Doré. La route expérimentale sera soumise à des sollicitations réelles puisque les poids lourds qui convoient les arbres coupés par la compagnie Daishowa circuleront sur le tronçon expérimental, situé sur la route 33 qui traverse la Forêt Montmorency. Entre mai et décembre, un camion traversera la route à toutes les 15 minutes pendant 10 à 12 heures chaque jour. La route expérimentale est construite en parallèle à la route existante de sorte qu'il sera possible de dévier le trafic vers l'ancien tronçon au besoin. "C'est un aspect important pour assurer la sécurité des chercheurs qui travailleront sur le site", souligne Guy Doré.
Les conclusions des travaux menés au SERUL ne se limiteront pas au camionnage forestier. "Nos résultats pourront être transposés à toutes les routes sauf aux autoroutes", précise le chercheur. La problématique de recherche sera établie en fonction des contrats et subventions que les responsables obtiendront au cours des années qui viennent. La durée de vie projetée du site est de dix ans mais elle pourrait être prolongée au besoin. "On prévoit obtenir environ 150 000 $ par année en fonds de recherche. On vise surtout les administrateurs de route comme le ministère des Transports, les municipalités et les compagnies qui possèdent des routes."
Outre les responsables du projet, plusieurs chercheurs mèneront des travaux sur le site. Mentionnons Richard Fortier Département de géologie et génie géologique, et, du Département de génie civil, Adolfo Foriero, Marius Roy, Jean Marie Konrad, Jacques Marchand, Josée Bastien, Guy Gendron et Rosa Galvez.
"On ne vise pas à révolutionner la façon de faire des routes, prévient Guy Doré. D'ailleurs, aussi loin que l'on peut voir, il semble qu'il n'y aura pas d'argent pour construire des super-routes. On veut simplement trouver des moyens pour que chaque dollar investi dans le réseau routier fasse un peu plus de chemin."