28 octobre 1999 |
Ah! les bonnes notes! Quelle récompense pour les efforts investis! Mais quelle déception lorsque, contre toute attente, elles ne se pointent pas au rendez-vous!
Poussés par une société où la réussite individuelle et la prouesse sont fortement valorisées, élevés dans un système scolaire qui met l'accent sur les notes, obligés de jouer du coude sur le très compétitif marché du travail, tiraillés parfois par le perfectionnisme excessif du "si-ce-n'est-pas-parfait-c'est-mauvais" ou aux prises avec une estime de soi chancelante qui leur fait considérer les notes et les récompenses comme des indices de leur valeur personnelle, certains individus deviennent dès lors des obsédés de la performance.
"Il ne s'agit pas de nier ici l'importance des bons résultats scolaires, explique Dominique Dubé, psychologue du Service d'orientation et de counseling. Le désir d'en obtenir, comme celui de bien réussir ses examens, est normal. Nous aidons même les étudiants à améliorer leur méthode afin d'augmenter leurs résultats. Il semble cependant que l'objectif de formation de plusieurs étudiants soit d'obtenir avant tout de bonnes notes."
Apprendre de ses erreurs
L'obsession de la performance dans les études
puisqu'il faut l'appeler par son nom survient , selon le
psychologue, lorsque les objectifs reliés aux résultats
scolaires élevés prennent une place démesurée
et remplacent la compétence comme objectif de formation.
Cette valorisation abusive provoque souvent chez les sujets atteints
pression et anxiété, déception, perte d'estime,
impossibilité de profiter du moment et des succès
présents, oubli du projet professionnel. "L'exigence
envers nous, c'est très bien; l'indulgence aussi puisqu'elle
nous permet d'apprendre de nos erreurs", poursuit-il.
Les hauts objectifs de performance créent du stress, car ils visent le résultat final sur lequel on n'a pas toujours le plein contrôle, remarque Dominique Dubé. "On oublie, de plus, une étape qui précède la performance, celle de la compétence sur laquelle nous avons un contrôle et qui nous permettra de "performer". Lorsque nous sommes compétents dans une matière, la probabilité de succès est souvent élevée. Les performances ont leur importance, mais c'est de leur compétence dont les étudiants et les étudiantes auront à se servir durant toute leur carrière", souligne-t-il.
Question d'équililbre
Il importe ainsi, au dire du psychologue du Service d'orientation
et de counseling, de développer des objectifs (réalistes)
de compétence plutôt qu'essentiellement de performance,
comme bien comprendre telle ou telle notion, établir des
liens entre la matière étudiée, les utilités
possibles et sa compétence comme professionnel ou professionnelle
dans le domaine.
"En somme, la vie heureuse de tout étudiant et de toute étudiante à l'université devrait se fonder sur l'équilibre primordial entre la performance, la compétence et le bien-être", de résumer Dominique Dubé.