30 septembre 1999 |
La prévalence des gonorrhées, des infections à chlamydia et du sida est modérée chez les consommateurs de drogues de la région de Québec en dépit du fait que ceux-ci adoptent fréquemment des comportements à risques. Voilà les conclusions auxquelles arrivent des chercheurs du Groupe de recherche en épidémiologie, de l'Unité de recherche en santé publique et de l'Université de Montréal, qui publient une étude sur la question dans le dernier numéro de la revue scientifique Sexually Transmitted Diseases.
Les chercheurs Céline Poulin, Michel Alary, France Bernier, Jacques Ringuet et Jean Joly ont étudié la prévalence de ces infections chez 738 consommateurs de drogues qui ont eu recours aux services de Point de repères en 1997. Ce centre, situé sur la rue Saint-Vallier à Québec, offre des services de prévention des maladies transmises sexuellement et du sida, d'échange de seringues, de distribution de condom, de conseil en désintoxication, de test de dépistage du sida et de vaccination contre l'hépatite B. Depuis 1991, Point de repères est utilisé par 1 500 personnes chaque année dont 90 % sont des utilisateurs de drogues intraveineuses.
La prévalence de la gonorrhée et des chlamydioses chez les sujets recrutés à Point de repères était respectivement de 0,4% et de 3,4%. La prévalence du sida atteignait 5,6% ; aucun cas n'a été détecté chez les participants qui n'avaient jamais utilisé de drogues intraveineuses mais la prévalence était de 5,5% chez les ex-utilisateurs de ces drogues et de 10% (35 sur 347) chez ceux qui en faisaient encore usage. "Les personnes qui n'utilisent pas de drogues intraveineuses ne sont pas encore atteintes mais leur proximité avec les utilisateurs de drogues intraveineuses les rend à risque", signalent les chercheurs.
L'incidence du virus du sida rapportée chez les usagers de Point de repères est plus basse presque deux fois plus basse dans certains cas -que celle des autres centres à même vocation au Canada, aux États-Unis et en Europe. "Il semble que Point de repères a probablement joué un rôle important dans le contrôle de la propagation du sida parmi les utilisateurs de drogues intraveineuses de la région de Québec, explique Céline Poulin. L'organisme a commencé à offrir des services avant qu'il n'y ait une flambée de sida parmi les usagers de drogues."
Ces chiffres relativement bas contrastent avec l'incidence élevée des comportements à risques adoptés par les participants à l'étude. D'une part, 50% des hommes et 70% des femmes ont admis avoir eu des relations sexuelles non protégées avec des partenaires qui s'injectaient des drogues, et 8% des hommes et 10% des femmes ont déjà eu des relations non-protégées avec un partenaire séropositif. D'autre part, dans les six mois précédant l'étude, 28% des hommes et 34% des femmes avaient utilisé des seringues usagées. Ce chiffre tracasse les chercheurs. "Il est inquiétant qu'il y ait encore autant de partage de seringues alors que des seringues stériles sont disponibles à Point de repères." Note encourageante cependant, il s'agit tout de même d'une baisse d'environ 10% en trois ans. Comme la cocaïne semble être la drogue intraveineuse de choix parmi les usagers de Point de repères, les chercheurs suggèrent de cibler les prochaines interventions de prévention vers ceux qui en consomment.