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2 septembre 1999 ![]() |
Au cours des cinq prochaines années, 23 chercheurs des facultés de Médecine, de Médecine dentaire et de Sciences et génie se partageront 6,7 millions de dollars en subventions de fonctionnement et d'appareillage scientifique, accordés par le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM). Voilà ce qu'est venu annoncer, à l'occasion d'une conférence de presse tenue sur le campus le 25 août, le secrétaire d'État aux sciences, à la recherche et au développement, Gilbert Normand. Il rendait ainsi publiques les décisions prises par le CRM au terme de son dernier concours. Le CRM est le principal organisme fédéral responsable du financement de la recherche et de la formation en santé au Canada.
Le financement accordé aux chercheurs de Laval par le CRM fait partie des 147 millions de dollars alloués à la recherche en santé annoncés le mois dernier. Il vient compléter la somme de 49,8 millions de dollars déjà prévue pour la recherche en santé au Québec, comme l'avaient annoncé le gouvernement fédéral et le CRM au début de l'année. "Notre gouvernement a investi dans la recherche en santé en appuyant sans réserve la transition aux ICRS (Instituts canadien de recherche en santé), a déclaré Gilbert Normand.
Le cercle des 500 000 $
La plus importante des 23 subventions obtenues à Laval
(717 000 $), a été accordée à Pierre
Borgeat, Sylvain Bourgoin et Paul Naccache de la Faculté
de médecine. Les trois chercheurs utiliseront cette somme
pour poursuivre leurs travaux sur les mécanismes cellulaires
et moléculaires intervenant dans les maladies inflammatoires
telles que l'arthrite et la colite. Les résultats, espère-t-on,
permettront le développement de nouveaux médicaments
pour le traitement des maladies inflammatoires et infectieuses.
Le groupe recevra une subvention de fonctionnement de 546 400
$, répartie sur trois ans, et une subvention de 170 400
$ pour l'achat d'un spectromètre de masse et un spectrofluorimètre.
Deux autres chercheurs ont récolté plus de 500 000 $ à ce concours. D'abord, Lucie Germain, de la Faculté de médecine, a obtenu 650 000 $ grâce auxquels elle poursuivra ses recherches sur la régénération de la peau humaine en vue de mieux soigner les grands brûlés. Par ailleurs, Mircea Steriade, de la Faculté de médecine, a réalisé un fait d'armes peu commun dans le monde de la recherche en décrochant une nouvelle subvention de cinq ans (550 000 $) qui porte à 30 années la durée du financement ininterrompu qu'il obtient du CRM. "Voilà le modèle d'un homme qui a réussi en recherche, a déclaré Yves Morin, membre du CRM, au moment de l'annonce des subventions. Les jeunes chercheurs qui veulent avoir une brillante carrière n'ont qu'à imiter le professeur Steriade."
Une économie en santé
"Ces subventions, au delà de la reconnaissance
de l'Université Laval comme centre majeur de recherche
en santé, auront un impact significatif auprès de
la population canadienne et québécoise", a
déclaré le recteur François Tavenas lors
de la conférence de presse. Les résultats que ces
recherches produiront contribueront à l'amélioration
des soins aux malades. Qu'on pense entre autres, aux travaux d'Alan
Anderson sur le cancer (415 000 $), à ceux de François
Rousseau sur la génétique du syndrome du X fragile,
une maladie causant un retard mental (426 000 $), ou encore aux
travaux de Louis Flamand sur les liens entre le virus de l'herpes
8 et le sarcome de Kaposi (296 000 $).
L'hormone ou le lin?
Les essais cliniques que mènera l'équipe de
Sylvie Dodin sur l'utilisation de graines de lin comme substituts
aux hormones pendant la ménopause pourront être réalisés
grâce à une aide de 316 000 $ du CRM. Moins du tiers
des Québécoises de plus de 45 ans prennent des hormones
de remplacement pendant la ménopause, en dépit des
bienfaits attribués à ces produits. Les femmes éprouveraient,
semble-t-il, des réticences à consommer régulièrement
ces médicaments. C'est ce qui a poussé Sylvie Dodin
et ses collègues André Lemay, Jean-Claude Forest,
Hélène Jacques, France Légaré et Benoît
Mâsse, à tester un produit naturel alternatif qui
pourrait avoir les mêmes effets bénéfiques:
les graines de lin. "Ces graines contiennent des phytoestrogènes
qui agissent comme des oestrogènes faibles au niveau du
sein, explique Sylvie Dodin. Elles pourraient donc avoir un effet
protecteur sur les maladies cardiaques, sur l'ostéoporose
et sur le cancer du sein." C'est ce que vérifieront
les chercheurs lors d'une série d'essais cliniques qui
auront lieu au cours des trois prochaines années. Les participantes
consommeront 40 grammes de graines de lin par jour pendant une
année et un suivi des principaux symptômes de la
ménopause sera effectué. Aux dires de la chercheure,
la tâche sera agréable puisque les graines de lin
ont "un bon petit goût de noisette".
Ces recherches, même celles qui sont de nature fondamentale au départ, pourront avoir des retombées économiques importantes, a fait valoir le recteur. Au cours des dernières années, 40 entreprises ont été crées dans la région de Québec en vue de commercialiser des découvertes réalisées par des chercheurs de l'Université, a-t-il rappelé.