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2 septembre 1999 ![]() |
Dans son bureau aux murs tapissés de paysages bucoliques du pavillon de recherche en sciences de la vie et de la santé (Charles-Eugène-Marchand), Nicole Benhamou parle avec passion de son champ de recherche: la biologie cellulaire et moléculaire des interactions entre les plantes et les micro-organismes. Concrètement, elle étudie les relations qu'établissent les plantes avec des agents pathogènes, qu'ils soient de type virus, bactérien ou fongique. "Notre objectif consiste à amplifier le potentiel naturel des plantes. À l'instar des êtres humains, les plantes possèdent un potentiel de résistance face aux maladies. En développant de nouvelles méthodes d'interventions basées sur l'utilisation d'inducteurs de résistance, nous pourrons prévenir les maladies qui les affectent. Tout cela fonctionne de la même manière qu'un vaccin; ainsi, une plante prétraitée sera en mesure de se protéger de l'agent pathogène, du fait que son système immunitaire est déjà en alerte."
Dans le peloton de tête
Pour André Gosselin, directeur du Département
de phytologie de 1990 à 1995 et ex-doyen de la Faculté
des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, Nicole Benhamou
fait sans contredit partie de l'élite mondiale en matière
de phytopathologie. "C'est l'une des meilleures au monde
dans le domaine, insiste-t-il. En plus de posséder de très
bonnes connaissances, elle s'est adjoint d'excellents coéquipiers
et a concentré ses efforts sur des projets de recherche
d'importance." Même son de cloche pour Richard Bélanger,
professeur au Département de phytologie, qui a justement
collaboré à différents projets de recherche
avec Nicole Benhamou: "Je connais peu de personnes ayant
une telle capacité de travail. C'est une chercheuse de
haut calibre faisant preuve d'une extrême rigueur scientifique
dans tout ce qu'elle entreprend."
Après avoir effectué un doctorat en phytopathologie portant sur la maladie des carottes à l'Université de Montpellier, en France, Nicole Benhamou a obtenu une bourse du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CNSNG), avant d'entreprendre des études post-doctorales à Agriculture Canada, à Ottawa, en 1980. Si son objectif consistait à rentrer en France sitôt ses études terminées, la vie en a décidé tout autrement. "Un jour, j'ai reçu un appel du Centre forestier des Laurentides où on me proposait un poste d'attachée de recherche. Puis les événements se sont enchaînés; en 1989, j'ai finalement décroché un poste de professeure à l'Université Laval."
Diffuser pour avancer
Depuis, Nicole Benhamou n'a pas chômé; en témoigne
une production phénoménale d'articles scientifiques
publiés dans des revues prestigieuses à travers
l'Europe et les États-Unis. Responsable du colloque sur
la biotechnologie en biologie végétale qui a eu
lieu à l'Université Laval en 1988, elle a également
organisé un symposium sur le thème "Biologie
moléculaire des interactions plante-microorganisme et alternatives
en lutte biologique.", en 1992. "La recherche fondamentale
est importante mais la diffusion des connaissances s'avère
cruciale pour l'avancement de la science, affirme Nicole Benhamou.
D'où la nécessité d'aider les étudiants
et étudiantes à publier et à diffuser les
résultats de leurs recherches."
Bien qu'elle se dise personnellement touchée et ravie d'avoir mérité le Prix d'excellence en recherche de la FSAA, la professeure déplore pourtant le manque d'appui accordé aux chercheurs à l'Université. Pour Nicole Benhamou, l'exode des cerveaux constitue bel et bien une réalité. "Qui plus est, ce sont toujours les meilleurs qui partent, ajoute-t-elle. Comment attirer des étudiants dans ce contexte? Il me semble que l'Université Laval devrait être plus visible au plan international. Pour ma part, j'estime que le rayonnement d'une université n'est pas une question d'argent, mais de visibilité. "