23 juin 1999 |
Le Centre de recherche en infectiologie (CRI) vient d'annoncer qu'une de ses équipes avait mis au point une nouvelle méthode pour attaquer plus efficacement les virus du sida et de l'hépatite. Cette méthode, sur laquelle les chercheurs travaillent depuis de nombreuses années, fait appel à de petites structures présentes naturellement dans les cellules, les liposomes, dans lesquelles sont insérés des médicaments antiviraux. De plus, les liposomes développés au CRI possèdent, à leur surface, des anticorps pouvant neutraliser les virus du sida et de l'hépatite.
Cette façon de livrer les médicaments et les anticorps pourrait constituer la réponse au problème auquel se buttent présentement les thérapies contre le sida et l'hépatite, à savoir la difficulté d'atteindre les réservoirs de virus situés respectivement dans les ganglions et le foie. "Les virus se multiplient dans ces réservoirs et les médicaments ne s'y rendent pas, explique le directeur du CRI, Michel Bergeron. Comme il reste toujours des virus dans l'organisme, les personnes atteintes du sida doivent prendre de 25 à 30 pilules chaque jour pour le reste de leur vie. Deux études, publiées à la fin de mai dans le New England Journal of Medicine, concluaient d'ailleurs qu'à moins de trouver d'autres médicaments plus efficaces ou de nouvelles approches thérapeutiques pour bloquer la multiplication du virus dans les tissus, on ne pourra peut-être jamais éradiquer le VIH avec la thérapie actuelle."
Les expériences menées par l'équipe d'André Désormeaux du CRI montrent qu'en ayant recours à des transporteurs furtifs - des liposomes garni d'anticorps et chargés de médicaments antiviraux - la concentration de médicaments dans les ganglions et le foie atteint 52 fois celle obtenue lorsque les médicaments sont administrés de façon conventionnelle. De plus, la persistance des médicaments dans l'organisme est 46 fois plus grande, une caractéristique intéressante puisqu'elle permettrait d'espacer la prise des médicaments. "La combinaison de l'approche immunologique et pharmacologique devrait augmenter nos chances de contrôler le VIH dans les ganglions et les virus de l'hépatite dans le foie", estiment les chercheurs du CRI. Il faudra cependant compter encore quelques années avant que ce traitement ne franchisse toutes les étapes requises pour être utilisé chez des sujets humains.
Vingt-cinq ans de recherche
Ces données sur les transporteurs furtifs ont été
annoncées par Michel Bergeron à l'occasion d'une
conférence de presse marquant le 25e anniversaire de création
du CRI. Le professeur Bergeron a profité de l'occasion
pour rappeler l'essor considérable qu'à connu le
centre entre 1974 et aujourd'hui. Pendant cette période,
le nombre de chercheurs est passé de 3 à 84, la
moyenne annuelle de publications de 3 à 67, le montant
des fonds de recherche de 31 000 $ à près de 10
millions $, soit 8 % du total de l'Université, les étudiants-chercheurs
de 1 à 85 et le personnel de 4 à 190. "Le CRI
constitue un modèle en matière de recherche, de
formation d'étudiants-chercheurs et de transfert technologique,
a commenté le recteur François Tavenas. C'est le
modèle de centre de recherche que j'aimerais voir se propager."