23 juin 1999 |
La maison Michel-Sarrazin, ce lieu de paix situé en retrait du chemin Saint-Louis à Sillery (avec vue imprenable sur le fleuve), qui accueille des malades atteints de cancer en phase terminale accompagnés de leur famille, vient de se donner une "carte de visite" vidéo qui révèle avec tact la vie qui y bat et qui y passe à chaque jour.
Treize ans après avoir réalisé un premier document simplement intitulé La Maison Michel Sarrazin, Marcel Lapointe, du Centre de production multimédia de l'Université Laval aboli récemment, vient de remettre au docteur Louis Dionne, le directeur de la Maison, un autre précieux outil: une vidéocassette décrivant Une journée à la Maison Michel Sarrazin. Celle-ci servira, cette fois, à guider les malades et leur famille dans leur décision de venir à Michel-Sarrazin en même temps qu'elle pourra initier bénévoles, étudiants et professionnels de la santé aux soins palliatifs.
Traduire avec sensibilité
"Messieurs Lapointe et Blouin ont su montrer en images
l'importance et la place du malade, et avec quelles délicatesse,
minutie et affection les membres de l'équipe Sarrazin exécutent
les moindres petits soins. Nous les remercions d'avoir su traduire
avec beaucoup de sensibilité et de finesse les gestes quotidiens
des malades, des membres de famille et ceux de l'équipe",
a commenté Louis Dionne, lors du premier visionnement qui
a eu lieu le mardi 15 juin à 17 h, dans la salle multimédia
du pavillon Alphonse-Desjardins.
Quelque 100 personnes - majoritairement des bénévoles et du personnel affecté aux soins - étaient présentes, dont le doyen Marc Desmeules, de la Faculté de médecine, la doyenne Lise Darveau, de la Faculté des sciences sociales, et le doyen Marc Pelchat, de la Faculté de théologie et de sciences religieuses.
Les petits gestes de la grandeur
Le documentaire d'une durée de 26 minutes a été
tourné et monté au mois de mai, indique le réalisateur
Marcel Lapointe. Son acolyte, Jacques Blouin, a cumulé
les fonctions de cinéaste, de preneur de son et de monteur.
Une journée à la Maison Michel Sarrazin fait défiler
sur sa bande vidéo l'écoulement elliptique d'un
temps marqué par les gestes journaliers sous le regard
discret de l'animatrice Renée Hudon, dont la voix donne
son souffle au sobre texte de Marie-Christine Girard. Bach aussi
prête aux images ses partitions (ni trop tristes ni trop
lugubres) sous le doigté inspiré de Glenn Gould
et donne ainsi son plein sens à la musique dite d'"accompagnement",
ici, par le cortège du recueillement.
"Nous étions une petite équipe, mais qui a été soutenue par tout le personnel de la Maison, confie un Marcel Lapointe profondément touché par ce tournage. Je n'ai pas senti à Michel-Sarrazin la maladie, la "lourdeur", le mouroir, mais plutôt l'humain. Ce genre d'expérience nous ramène à soi par rapport aux grandes valeurs de la vie. Je me suis alors rendu compte que c'est par les petits gestes que l'on voit la grandeur humaine."
Marcel Lapointe en était - pour reprendre ici une expression du jargon cinématographique qu'il a jadis connu auprès de Claude Chabrol - à son dernier tour de manivelle. Il prendra en effet une retraite bien méritée, au mois d'août, après avoir passé les 30 dernières années de sa vie au service de l'Université Laval.