10 juin 1999 |
"Deux heures de cours: deux heures de show." François Pothier ne s'en cache pas: pour retenir l'attention de ses étudiantes et étudiants, il "met le paquet" comme un artiste seul sur scène qui souhaite que son public en ait pour son argent. "Si les jeunes ne sont pas intéressés à ce que le professeur dit en classe, ils finissent par décrocher, explique-t-il. D'où l'importance de donner un bon spectacle bien équilibré, pimenté d'humour."
À entendre parler ce professeur du Département des sciences animales qui vient tout juste de recevoir le Prix Paul-Gervais d'excellence en enseignement de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSSA), on est vite convaincu que le sujet le plus passionnant au monde est la physiologie de la reproduction. Et pour cause: François Pothier considère la reproduction comme la plus belle fonction de la biologie, à cause de son aspect humain: "Instantanément, dans la tête des gens, le parallèle s'établit entre l'humain et l'animal. C'est beaucoup moins exigeant que d'enseigner la nutrition ou la reproduction des sols comme le font des confrères de travail, par exemple. La reproduction, quel système de toute beauté!"
Vulgarisateur et communicateur
Se définissant comme "un patenteux qui aime monter
et démonter, faire et défaire", François
Pothier a eu la piqûre de la biologie à la fin de
ses études secondaires, ce qui a mis un point final à
son hésitation entre les lettres et les sciences. Après
avoir terminé son doctorat en sciences biologiques à
l'Université de Montréal (1986), il effectue un
postdoctorat en ontogénie et reproduction à l'Université
Laval. Depuis 1991, il y enseigne aux futurs agronomes, en plus
d'être rattaché au Centre de recherche en biologie
de la reproduction, l'un des laboratoires les plus avancés
dans le domaine de la transgénèse des animaux domestiques
au Canada. Ses talents reconnus de vulgarisateur et de communicateur
l'amènent à participer régulièrement
à des émissions de radio et de télévision
et à des conférences, où il explique - en
termes simples et choisis - les enjeux reliés au clonage
et à la transgénèse, pour ne citer que ces
exemples.
"À la fin d'un cours, le plus beau commentaire que puissent m'adresser les étudiants est qu'ils ont bien compris la matière. Pour moi, cet aspect s'avère non seulement important mais aussi très valorisant. Dans cette optique, je m'efforce constamment de ramener des notions parfois arides à des concepts simples, toujours dans l'esprit que l'étudiant ne soit pas tenté de zapper à un autre poste."
Sortir du cadre
Fasciné tout ce qui entoure les phénomènes
de génétique et de reproduction, François
Pothier ne tourne pas en rond, quand vient le temps de mesurer
les connaissances des étudiants. Cherchant à créer
d'autres modèles, il n'hésite pas à introduire
un conte de Noël dans un examen de fin de trimestre hivernal
("Cela détend un peu les étudiants!")
ou, encore, à poser une question sur l'amour humain et
ses mécanismes, au beau milieu de l'épreuve. "Je
leur demande de produire un texte (un point boni) à la
fois sérieux et poétique, puisqu'il est question
d'amour, relate-t-il. À chaque fois, je suis surpris de
voir l'intérêt des étudiants pour l'exercice,
ainsi que la qualité de leurs réponses."
Cette bienveillance de "bon père de famille" s'étend aux étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat, dont il supervise les travaux en laboratoire. "Quelquefois il faut gérer davantage des problèmes humains que scientifiques, constate-t-il. Les temps ont changé; de nos jours, il faut savoir composer avec des étudiants qui ont des enfants, par exemple. J'incite ceux et celles qui traversent une mauvaise passe à ne pas se décourager, en leur montrant le chemin parcouru. Finalement, les étudiants ont des comptes à rendre mais ils apprennent d'abord pour eux."