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13 mai 1999 ![]() |
Les étudiants en deuxième année de baccalauréat
en sociologie ont dévoilé, le 29 avril, les résultats
de leurs travaux réalisés cette année dans
le cadre du cours Laboratoire de recherche sociologique. Ce
cours de 12 crédits, dont la formule s'avère unique
en Amérique du Nord, permet aux futurs sociologues de faire
"l'apprentissage de la recherche empirique en situation réelle
de travail". Ce qui veut dire que cette fois ce ne sont pas
leurs profs qui passent des commandes virtuelles, mais de vrais
"clients": divers organismes, publics et privés,
principalement de la région de Québec, désirant
mieux connaître le profil ou les attentes de leurs clientèles,
cerner leur image publique ou évaluer l'impact de leurs
activités auprès d'un segment ou l'autre de la population.
Le salaire de ces jeunes chercheurs: une expérience unique
de recherche "sur le terrain" qui les prépare
aux exigences et aux contraintes du marché du travail.
Du travail de professionnel
Comme dans la "vraie vie", la démarche qu'exige
ce cours obligatoire est rigoureuse et colle au calendrier obligé
des appels d'offres, des offres de services, de la conceptualisation
de la recherche, de la cueillette et de l'analyse des données,
de la rédaction et de la remise dans les délais
fixés! - d'un rapport impeccable à tous égards.
Les critères d'évaluation et de réussite
sont semblables à ceux du milieu de la recherche professionnelle,
font valoir les responsables du cours, Simon Langlois et Andrée
Fortin. L'opération n'a pas que le mérite de permettre
aux étudiants d'établir des liens avec le marché
du travail: plusieurs des organismes-clients du Laboratoire de
recherche sociologique, hautement satisfaits de la qualité
de leurs travaux, sont devenus des "habitués"
de ces enquêtes qui sont menées chaque année
depuis 1982.De plus, selon Andrée Fortin, la fréquentation
de ce terrain de pratique de la sociologie,qui permet notamment
aux étudiants d'apprendre à formuler et à
rendre à terme des projets de recherche cohérents,
ne serait pas étrangère à la surreprésentation
régulière de l'Université Laval dans les
résultats de demandes de bourses de maîtrise auprès
d'organismes subventionnaires comme le FCAR et le CRSH.
Plusieurs résultats de recherches réalisées ces dernières années au Laboratoire ont eu un impact médiatique important. Ce fut le cas, l'an dernier, pour un sondage commandé par Emploi Québec dans le but d'évaluer la situation de la première cohorte de jeunes retraités de l'État québécois. Les résultats d'une seconde enquête sur ces retraités, réalisée cette année par Claude Fortier, Sylvain Fillion, Guy Labrecque et Dominique Morin (voir le Fil du 29 avril), pour le compte de la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurance (CARRA), se sont retrouvés le lendemain à la une du journal Le Soleil et ont été repris par la plupart des autres médias,écrits et électroniques, de la grande région de Québec. Les quatre apprentis-sociologues s'étaient d'ailleurs bien préparés, avec leur professeur, Simon Langlois, à affronter les feux de la rampe. "Ces étudiants vont aller loin dans la vie. Leur travail est remarquable, très professionnel et d'une grande rigueur méthodologique", tient à souligner Marie Bergeron, une professionnelle de la CARRA qui les a accompagnés dans leur démarche de recherche.
La jeunesse dans le collimateur
Outre les états d'âme des quinquagénaires
à la retraite, plusieurs étudiants du Laboratoire
de recherche sociologique ont eu à plancher sur des problèmes
souvent proches de leur vécu puisque plusieurs enquêtes
ciblaient cette année des groupes d'âge proches du
leur. C'est ainsi que Brigitte Doyon et Martin Bussières,
à la demande du Conseil permanent de la jeunesse, ont travaillé
à cerner l'ampleur de la délinquance chez les jeunes.
Les représentations sociales de l'avenir chez les jeunes
Québécois, sur les thèmes de l'environnement,
de l'économie et de la société, ont été
explorées par l'équipe de Sébastien Cottinet,
Anne-Marie Lemay et Hélène Van Nieuwenhuyse, au
bénéfice de la firme de consultants ERE Éducation.
La Société de développement des entreprises
culturelles (SODEC) qui s'intéresse aux dépenses
des jeunes en ménage en matière de consommation
de produits culturels, a chargé Philippe-André Coutu
et Jean-Philippe Pleau d'enquêter sur la question. Le ministère
de la Culture et des Communications, voulant mieux connaître
les raisons pour lesquelles les jeunes Québécois
francophones préfèrent la musique d'expression anglophone,
ainsi que la dynamique identitaire vécue par les jeunes
Innus installés en milieu urbain, a fait appel aux talents
de Damir Armanda, Yan Arsenault, Isabelle Vachon et Nathalie Saint-Laurent.
Enfin, Nicolas Langlois a aidé la Fondation de la faune
du Québec à cerner les causes de la diminution de
la pratique de la pêche chez les jeunes.
Parmi les autres enquêtes commandées au Laboratoire recherche sociologique, figurent celle de la YWCA, portant sur l'image que le grand public se fait de cette organisation (Andréanne Bélanger et Alexandre Dubreuil), de l'organisation du Carnaval de Québec, qui a demandé à Marie-Ève Blackburn et Patrick Codère de mesurer l'impact de la nouvelle orientation de sa programmation, et du Musée de la civilisation, qui a chargé Dave Tanguay et Patrick Lavoie de déterminer "la représentation sociale de l'érotisme des gens de la région de Québec" en vue de sa prochaine exposition, "Fou d'amour". Leur travail a été à ce point appréciée par les muséologues qu'ils ont engagé les deux étudiants pour l'été afin poursuivre l'enquête. Cela s'appelle créér son emploi.