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13 mai 1999 ![]() |
L'an dernier, dans mon texte de présentation du budget,
je soulignais que l'année 1998-1999 se déroulerait
dans un contexte difficile en raison de l'effet annulatif d'une
forte décroissance des revenus des universités au
cours des dernières années. Alors que le réseau
universitaire québécois avait fait des progrès
remarquables depuis deux décennies pour atteindre un niveau
de qualité et de productivité remarquable, cette
décroissance risquait fort d'éroder la position
compétitive des universités québécoises
dans l'environnement canadien. Constatant qu'un investissement
important en éducation est une condition incontournable
pour permettre à la société québécoise
d'occuper une place de choix dans une économie du savoir
de plus en plus globale, j'avais l'espoir que le gouvernement
du Québec rétablirait rapidement le financement
des universités à un niveau compétitif par
rapport aux autres provinces canadiennes.
Il nous faut aujourd'hui constater que les gestes budgétaires posés par le gouvernement québécois sont très loin de cet objectif, puisque seule une partie de la dette accumulée pourra être remboursée, alors que des "coûts de système" d'au plus 2 M$ seront couverts. Contrairement au système de santé dont les dettes accumulées ont été complètement éliminées et qui jouira d'un véritable réinvestissement, les universités devront encore attendre. Il nous faut maintenant convaincre le public, tout comme le gouvernement, que cette attente prolongée est meurtrière pour l'avenir des universités et, partant, pour l'avenir économique et social du Québec. Je poursuivrai mes efforts par des interventions publiques et par des demandes auprès du gouvernement, et j'appuierai les demandes de la CREPUQ en concertation avec les associations de professeurs, d'étudiants et de personnel. Les prises de position récentes, en faveur du financement des universités, de la part des leaders d'organismes externes incluant le monde des affaires constituent un élément d'espoir que nous atteindrons bientôt notre objectif.
Entre-temps, il nous faut prendre nous-mêmes toutes les mesures nécessaires pour protéger l'essentiel de la qualité de nos programmes d'enseignement et de recherche et garantir l'avenir de notre institution. C'est ce que vise à faire ce budget 1999-2000 en même temps que nous établissons des bases budgétaires et un mécanisme d'allocation des ressources qui reconnaissent la diversité et les performances des facultés tout en donnant aux doyens les outils de gestion essentiels à une réelle décentralisation.
Comme le Plan d'assainissement de la situation financière de l'Université Laval l'avait exprimé en janvier dernier, le défi que nous voulons relever par ce budget est de rétablir la santé financière de l'institution sans transformer le déficit financier en déficit intellectuel. C'est ainsi que ce budget de même que le budget antérieur et les actions entreprises durant l'année écoulée s'appuient esssentiellement sur les travaux de la Commission d'orientation en prenant en compte les principes et valeurs qui caractérisent l'Université Laval, soit de conserver notre place comme université de recherche, de rester fidèles à une orientation historique où les professeurs sont au coeur des activités d'enseignement et de recherche, et de continuer à servir la société en offrant un large éventail de programmes de formation de qualité.
Certes, compte tenu de la situation financière difficile, le défi est de taille. Mais en présentant un budget comprenant un déficit important pour l'année 1999-2000, assorti d'un plan de redressement qui devrait nous amener à l'équilibre budgétaire d'ici 4 ans, la direction est convaincue que c'est là la seule voie et que les mesures retenues sont de nature à mieux positionner l'Université lorsque le gouvernement décidera enfin de réinvestir dans l'enseignement supérieur.
Dans la continuité des recommandations de la Commission d'orientation et du Plan d'assainissement adopté en janvier dernier, le budget 1999-2000 table notamment sur un accroissement du recrutement dans nos programmes de deuxième et de troisième cycle et sur des mesures concrètes de rationalisation et de décloisonnement dans la gestion de nos programmes des trois cycles pour permettre à toutes les facultés de réaliser des accroissements de revenus et des économies de fonctionnement. À l'exemple des mesures prises par la Faculté des sciences et de génie ou par la Faculté de théologie, je suis convaincu que la créativité des communautés facultaires saura s'exercer pour conduire à une rationalisation de nos programmes et à de réelles économies dans les tâches professorales. Les marges de manoeuvre ainsi obtenues pourront être réinvesties dans le développement de la recherche et des programmes de deuxième et de troisième cycle de même que dans le développement de la formation continue.
Du côté de la recherche, les succès obtenus cette année dans les programmes du Réseau des centres d'excellence et de la Fondation canadienne pour l'innovation illustrent la qualité de nos chercheurs et nous donnent des bases solides pour développer nos programmes de doctorat. Les nouvelles mesures budgétaires concernant les fonds FCAR et FRSQ devraient nous donner une marge de manoeuvre supplémentaire. L'importance du secteur de la formation continue a été reconnue par le gouvernement qui y a consacré de nouveaux moyens dans son récent budget. Grâce aux actions passées de la DGFC et de la Faculté des sciences de l'administration dans les domaines de la gestion et de la finance et grâce à la concertation régionale avec les intervenants des collèges et de l'industrie dans les domaines de l'informatique, du multimédia et de la photonique, nous sommes bien placés pour exploiter ce champ de développement et nous créer d'autres marges de manoeuvre.
Toutes ces mesures se situent dans le droit fil des recommandations de la Commission d'orientation et elles devraient permettre, en même temps que des économies, une amélioration de la qualité et de la pertinence de nos programmes.
Nos efforts de simplification et de rationalisation administrative se poursuivront. Après une année difficile de mise en place des systèmes d'information financière, nous devrions revenir à une situation normale avec de nouveaux outils adaptés à une gestion décentralisée. Nous avons par ailleurs décidé de retarder la mise en place des autres systèmes pour nous permettre de mobiliser toutes les ressources sur la rationalisation de nos politiques et de nos programmes d'études. Les travaux de la Commission des études sur l'allégement de nos politiques et pratiques de gestion des études devraient être terminés incessamment et nous permettre, dès cette année, une meilleure efficacité dans ce domaine.
Enfin, après une année de transition, l'élaboration du budget 1999-2000 aura permis de compléter la mise en place d'un nouveau processus d'allocation budgétaire aux facultés et aux services. Dans la logique d'une gestion réellement décentralisée, les doyens et directeurs de service et le Comité exécutif ont eu des échanges détaillés sur les défis, les besoins et les attentes respectifs avant que ne soient établis les budgets des unités. Ces budgets, de même que leurs règles d'évolution, devraient donner aux responsables des unités un maximum de marge de manoeuvre malgré le contexte global difficile. Le Comité exécutif publiera prochainement un document d'accompagnement du budget qui expliquera le nouveau processus d'allocation des ressources et qui fournira les indications nécessaires à une bonne compréhension de la position et de l'évolution attendue des facultés et services.
L'an dernier, je soulignais la nécessité d'une action solidaire de toutes les composantes de la communauté universitaire; celle-ci s'est réalisée dans une très large mesure même si elle n'a pas été parfaite. La solidarité devra à nouveau, et encore plus être à l'ordre du jour cette année. En effet, le budget élaboré à la suite de rencontres avec les doyens de facultés et les directeurs de services vise à maintenir, avec les ressources minimales dont nous disposons, la capacité de remplir notre mission. Ce budget est un pari sur notre capacité d'adhérer tous ensemble à un projet commun qui va nous permettre de traverser la période difficile actuelle sans causer de dommages irréparables à l'institution et sans pénaliser indûment ses membres.
Je dois inclure dans la réalisation de ce projet l'utilisation judicieuse d'une partie des surplus actuariels considérables qui sont disponibles dans nos différentes caisses de retraite. Je me réjouis de l'accord conclu à cet effet avec le SEUL et j'espère que des ententes pourront également être établies, sur la base d'une vision partagée de l'évolution de notre université, avec les autres syndicats et associations. J'espère tout particulièrement que nous pourrons, ensemble, trouver une solution au difficile problème du renouvellement du corps professoral.
Tous sont appelés à apporter leur contribution à cet effort collectif par lequel nous arriverons à réviser en profondeur la façon de réaliser nos activités et à permettre à l'Université Laval de demeurer dans le peloton de tête des universités québécoises et canadiennes. L'autre option qui aurait été de proposer une vision réductrice de l'université quant à l'éventail et à la qualité de la formation qu'elle offre et quant au désir de ses membres de poursuivre sa mission, ne nous semblait pas acceptable et nous entraînerait dans une spirale vers le bas. C'est pourquoi nous faisons le pari que les membres du Conseil universitaire voudront partager cette vision d'avenir de l'Université et trouver tous ensemble les moyens de l'atteindre.