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13 mai 1999 ![]() |
Certaines espèces de papillons ont "appris", au fil de millions d'années d'évolution, s'il vaut la peine ou non de risquer leur vie pour se reproduire lorsque des prédateurs rôdent dans les parages. Voilà ce que suggère une étude que viennent de publier Lalita Acharya et Jeremy McNeil, du Département de biologie, dans la revue Behavioral Ecology. En effet, selon les observations de ces chercheurs, les mâles et les femelles de deux espèces de papillons, la pyrale du maïs et la légionnaire uniponctuée, réduisent considérablement leurs activités sexuelles lorsque les sons émis par un prédateur les portent à croire que leur vie est menacée.
Les chercheurs arrivent à ce constat après avoir placé des papillons prêts à se reproduire dans un tunnel de vol où le risque de prédation était simulé à l'aide d'enregistrements sonores de chauves-souris. Ces enregistrements répliquaient différents patrons de sons émis par des chauves-souris à l'approche de leurs proies. En modifiant la fréquence, l'intensité et les pulsations des cris, les chercheurs sont parvenus à simuler des risques de prédation faibles, moyens ou élevés. Dans la nature, la prédation par les chauves-souris est la principale cause de mortalité des papillons de nuit.
Lorsque le risque de prédation passe de faible à élevé, le pourcentage de mâles qui cessent de voler vers une source de phéromone imitant l'appel d'une femelle grimpe de 2 % à 70 % chez la pyrale du maïs et de 5 % à 40 % chez la légionnaire uniponctuée. En moyenne, le temps requis pour atteindre la source d'émission de la phéromone triple lorsque le niveau de risque passe de faible à élevé. Par ailleurs, 90 % des femelles de la pyrale et 45 % des femelles de la légionnaire cessent d'émettre des phéromones et de faire vibrer leurs ailes lorsque les sons émis traduisent un risque élevé de prédation.
"Les papillons semblent capables d'évaluer le niveau de risque de prédation et de "prendre la décision" de poursuivre ou non leurs activités sexuelles en présence d'un prédateur, résume Jeremy McNeil. Leur réponse n'est pas du genre tout-ou-rien mais elle est modulée en fonction du danger. Lorsque quelque chose de très important comme se reproduire est en jeu, les papillons semblent prêts à prendre certains risques."
Les chercheurs savaient depuis plusieurs années que les papillons de nuit possèdent des "oreilles" grâce auxquelles ils détectent les ultrasons émis par les chauves-souris. Cette étude est cependant la première à démontrer que l'intensité des stimuli sonores influence le comportement sexuel des papillons.