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13 mai 1999 ![]() |
Plus de 60 % des personnes qui fréquentent les salons
de bronzage croient, à tort, que cette pratique ne comporte
aucun risque pour la santé. Voilà l'un des constats
qui se dégagent de la première étude d'envergure
jamais menée sur la fréquentation des salons de
bronzage au pays. Les grandes lignes de cette enquête sont
publiées dans le numéro d'avril du Journal of
the American Academy of Dermatology' par Marc Rhainds, professeur
au Département de médecine sociale et préventive,
et ses collègues Louise de Guire et Joël Claveau.
"La croyance, entretenue par la publicité de certains
salons, qui veut que le bronzage artificiel ne pose par de risques
est erronée, insiste Marc Rhainds. Les rayons ultraviolets,
peu importe s'ils proviennent du soleil ou d'une lampe de bronzage,
peuvent provoquer des cancers, des cataractes, un vieillissement
prématurée de la peau et un affaiblissement temporaire
du système immunitaire. Passer 20 minutes dans un lit solaire
équivaut à s'exposer entre une et deux heures au
soleil du midi."
L'enquête des trois chercheurs, menée auprès de 1 003 personnes de 18 à 60 ans, résidant dans les régions de Québec ou de Montréal, révèle également qu'entre 1991 et 1996, un Québécois sur cinq a fréquenté régulièrement ou à l'occasion un salon de bronzage. "C'est plus que ce que nous pensions, avoue Marc Rhainds, surtout chez les 18 à 34 ans où le pourcentage de fréquentation dépasse 30 %."
Corriger les perceptions
Les femmes âgées de 34 ans et moins constituent
la principale clientèle des salons de bronzage. Les motivations
des usagers sont d'améliorer leur apparence (57 %) et d'acquérir
un bronzage artificiel pour se prémunir des effets néfastes
de l'exposition au soleil (28 %). "Là encore, cette
croyance n'est pas fondée, signale Marc Rhainds. Une peau
bronzée protège comme une lotion d'indice 4. Pour
se protéger efficacement des rayons du soleil, il faut
une lotion d'indice 15 ou plus."
Vingt-six pour cent des répondants disent avoir éprouvé
certains problèmes de santé à la suite de
séances de bronzage. Le problème le plus fréquent,
les brûlures, a touché 18 % des usagers. La prévalence
des brûlures de la peau subies dans les salons de bronzage
est deux fois plus élevée au Québec qu'ailleurs
dans le monde, soulignent les trois chercheurs. Cette donnée
est inquiétante considérant le risque accru de cancer
de la peau associé aux coups de soleil. Les lampes solaires
émettent des rayons ultraviolets de type A et B, tous deux
reconnus pour leur pouvoir cancérigène.
Près de 80 % des personnes interrogées affirment
qu'elles retourneront au salon de bronzage dans l'année
qui vient. Le fait d'avoir éprouvé certains problèmes
de santé à cause du bronzage artificiel n'a aucune
incidence sur leur intention de retourner ou non au salon. À
noter que moins de 1 % des répondants utilisent un équipement
de bronzage à la maison.
"Il y a un besoin urgent de réviser la réglementation fédérale qui porte sur les lampes de bronzage, conclut Marc Rhainds. Présentement, ces lampes émettent de trois à six fois plus de rayons UVA que le soleil. Si on normalisait l'intensité des lampes avec celle du soleil, les gens devraient passer plus de temps au salon pour bronzer, ce qui aurait l'effet d'un ticket modérateur. Il faut également mener des campagnes d'information pour corriger les fausses perceptions qu'ont les gens au sujet des risques réels posés par les salons de bronzage."
Les autorités médicales estiment qu'environ 50 000 nouveaux cas de cancers de la peau seront dépistés cette année aux Canada et aux États-Unis. L'incidence de ce cancer croît d'environ 6 % par année. Incidemment, mai est le mois de la détection et de la prévention du cancer de la peau.