29 avril 1999 |
La situation financière des étudiants et des
étudiantes aux cycles supérieurs a continué
de se détériorer, au Québec, au cours des
cinq dernières années. C'est ce que prétend le Conseil national des cycles
supérieurs de la Fédération étudiante
universitaire du Québec, qui a d'ailleurs rendus publics,
le 15 avril, les résultats d'une enquête sur le sujet
pour appuyer ses dires. Le CNCS-FEUQ a rejoint quelque 3 000 étudiants
québécois des 2e et 3e cycles, au printemps de 1998,
dont 767 ont répondu à son sondage. Cette investigation
fait suite à une démarche similaire réalisée
en 1993.
Plus de dépenses que de revenus
La recherche, intitulée La condition étudiante
aux cycles supérieurs du Québec, révèle
entre autres qu'un tiers des répondants déclarent
toucher un revenu annuel inférieur à 10 000 $ alors
que les dépenses des étudiants à la maîtrise
et au doctorat se chiffrent annuellement à 12 621 $ et
14 185 $.
D'où un inévitable effet de dominos qui provoque, selon le Conseil national des cycles supérieurs, un accroissement de l'endettement, une cohabitation forcée entre travail et études (environ 55 % des étudiants à temps plein et 85 % des étudiants à temps partiel se disent obligés de vivre dans cette situation) et une augmentation susbtantielle des contributions familiales depuis 1994, lesquelles sont passées de 1 874 $ à 5 888 $, soit un bond de 200 %. Le CNCS signale par ailleurs que le taux d'abandon avoisine 40 % à la maîtrise et 50 % au doctorat.
"Il est préoccupant de voir que trois étudiants sur quatre ignorent l'existence d'une politique d'encadrement dans leur université, que sept personnes sur dix ne connaissent pas l'existence d'une politique de protection de la propriété intellectuelle, ou encore qu'entre 40 et 62 % des étudiants ne savent pas à qui s'adresser pour avoir un soutien financier", peut-on lire d'autre part.
Recommandations tous azimuts
Le document La condition étudiante aux cycles supérieurs
du Québec contient 40 recommandations: 13 ont trait
aux revenus des étudiants, aux prêts et bourses,
à l'endettement, à la faillite, et aux inégalités
entre domaines d'études; 27 portent sur l'encadrement,
c'est-à-dire la qualité de la formation et les politiques,
la diffusion de l'information, les prêts et bourses, et
la responsabilité du directeur de recherche.
Le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec recommande notamment au gouvernement d'user d'urgence des moyens qui s'imposent pour améliorer les mesures de financement des étudiants à la maîtrise et au doctorat, et d'ajuster minimalement le revenu annuel de ceux-ci au seuil de la pauvreté.
Le CNCS-FEUQ adresse, d'un autre côté, plusieurs requêtes aux universités. Il demande à celles qui sont concernées de cesser toute hausse des frais de rédaction qui a pour effet, contrairement à l'objectif que ces dernières soutiennent, de prolonger les études aux cycles supérieurs. Le Conseil national incite de plus les établissements universitaires à encourager la réalisation d'un contrat d'encadrement entre l'étudiant et son directeur, et à fixer un nombre minimal de rencontres obligatoires entre le directeur de recherche et ses étudiants. On souhaite également que les organismes et conseils subventionnaires augmentent le nombre de leurs bourses plutôt que le montant de celles-ci.