8 avril 1999 |
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D'aussi loin qu'elle se souvienne, Sylvie-Louise Avon a toujours rêvé de devenir dentiste. "Peut-être parce qu'à cinq ou six ans, ma dentiste était une femme très gentille que j'adorais", se souvient-elle. Par la suite, d'autres événements de la vie - entre autres, une intervention chirurgicale pendant l'adolescence pour l'extraction d'une 33e dent - ont cultivé son intérêt pour la dentisterie. "J'étais curieuse et je trouvais fascinant que des gens réussissent à voir des choses sur des radiographies alors que moi, je ne voyais rien."
Aujourd'hui, non seulement son rêve s'est réalisé mais elle est sur le point d'atteindre des sommets insoupçonnés au départ. En effet, dans quelques semaines, Sylvie-Louise Avon deviendra la première titulaire d'une maîtrise en sciences dentaires de l'Université Laval. Diplôme en poche, elle prendra la route de Toronto pour y effectuer une spécialité dans le réputé et très sélect programme de pathologie et de médecine buccales. Un seul candidat y est admis chaque année dans tout le Canada et l'étudiante-chercheure de Laval vient de devancer tous les autres postulants.
Si Sylvie-Louise Avon a atteint et même dépassé le but qu'elle s'était fixé au départ, elle ne l'a pas fait par le chemin le plus court. En effet, après le secondaire, c'est en technique dentaire qu'elle s'est inscrite au cégep. "Je doutais de mes capacités à être admise en médecine dentaire à l'université alors j'ai décidé de faire une technique dans le domaine qui me passionnait." Son diplôme collégial la conduit dans la clinique d'un orthodontiste anglophone de Montréal. Son patron, qui l'encourage à travailler "à la chaise", en contact direct avec les patients, reconnaît rapidement sa dextérité. "You have golden hands", lui répète-t-il souvent. "J'ai commencé à être très à l'aise à "travailler en bouche" et ça m'a donné le coup de pied qu'il me fallait pour aller étudier en médecine dentaire". Pendant deux ans, elle partage son temps entre son travail à la clinique et le cégep, où elle complète les cours qui lui manquent pour être admise à l'université.
Puis, un beau jour, ses parents se présentent à la clinique avec, en main, une lettre portant l'entête de l'Université Laval. "Sans même la lire, j'ai su que je venais d'être admise en médecine dentaire. J'ai crié tellement fort que mon patron pensait qu'il y avait de la mortalité dans ma famille. Puis, je me suis précipité vers lui pour partager ma joie et je l'ai secoué au point que les broches qu'il installait dans la bouche d'un patient ont revolé en l'air".
Aujourd'hui, Sylvie-Louise Avon dit apprécier les années qu'elle a passées à étudier et à travailler en technique dentaire. "Je referais exactement le même cheminement, dit-elle. Ça m'a permis d'apprendre des choses que bien des dentistes ne connaissent pas et d'apprécier le travail des techniciens." Après avoir obtenu son diplôme en 1991, Sylvie-Louise Avon décide de ne pas pratiquer immédiatement en clinique. "Je ne me sentais pas prête", explique-t-elle simplement. Elle s'inscrit plutôt à un programme de résidence multidisciplinaire d'un an, ce qui lui permet de voir des cas plus complexes et de faire de la dentisterie d'hôpital, notamment à Kuujjuak dans le grand Nord québécois. "On voit vraiment des cas hors de l'ordinaire. On dit d'ailleurs qu'une année en spécialité équivaut à trois années en cabinet. C'est là que j'ai réalisé que j'en savais pas mal plus que ce que je croyais."
En 1992, elle devient responsable de formation pratique à la Faculté de médecine dentaire de l'Université et met sur pied le service d'urgence dentaire. En 1996, elle remplace le directeur du Département de médecine buccale pour la durée d'une sabbatique. Ces expériences lui révèlent son attachement pour le milieu universitaire et lui dictent un nouveau rêve: devenir professeure. Sa maîtrise, réalisée sous la supervision de Noëlla Deslauriers et Jean-Paul Goulet, était le premier pas vers l'atteinte de ce rêve. Sa formation à Toronto, qui durera entre trois et cinq ans, devrait constituer le grand saut. "Les gens de la Faculté savent ce que je peux faire en clinique. Je veux maintenant leur montrer ce que je suis capable de faire en recherche. J'aime la Faculté de médecine dentaire et je veux revenir y enseigner"