25 mars 1999 |
Les personnes âgées s'inquiètent pour un oui ou pour un non, c'est bien connu. Les chercheurs Céline Doucet, Robert Ladouceur, Mark Freeston et Michel Dugas, de l'École de psychologie, ont voulu mettre quelques chiffres sur cette particularité du troisième âge en interrogeant 162 personnes de plus de 55 ans sur leurs plus principaux sujets d'inquiétudes.
Leur recherche, publiée dans le dernier numéro de la Revue canadienne du vieillissement, révèle sans trop de surprise que la santé vient en tête du palmarès des idées noires chez les aînés. Plus précisément, 64 % des répondants ont identifié la santé parmi leurs principales inquiétudes, même si près de 60 % d'entre eux disaient jouir d'une assez bonne santé. La liste des principaux sujets d'inquiétudes va ensuite comme suit: relations avec la famille et les amis (29 %), relations interpersonnelles (26 %), finances (26 %), sujets existentiels - la vie, la mort (15 %) et avenir (14 %). "Les aînés craignent surtout la maladie de peur de devenir un fardeau pour leur famille ou de devoir être pris en charge par des étrangers à cause de la détérioration de leur état de santé", estiment les chercheurs.
Comme les thèmes d'inquiétudes sont étroitement liés à la situation de vie (notez au passage que les étudiants universitaires s'inquiètent prioritairement des études, des finances, du travail et des relations amoureuses), ils changent avec l'âge, soulignent les chercheurs. Ainsi, l'avenir, le travail et l'argent préoccupent davantage les personnes âgées de 55 à 64 ans que les plus âgés. Par ailleurs, les 75 ans et plus s'inquiètent moins des relations avec la famille et les amis que les plus jeunes.
Mince consolation au fait de vieillir, ce sont les participants de 75 ans ou plus qui ont le moins tendance à s'inquiéter. "Comme les inquiétudes sont principalement orientées vers le futur, la diminution des inquiétudes avec l'âge peut s'expliquer par leur plus courte espérance de vie", avancent les chercheurs. Les plus âgés tourneraient leur temps de réflexion vers le passé, semble-t-il.
L'équipe de l'École de psychologie conclut qu'il est "important que les personnes intervenant auprès des aînés connaissent les principales préoccupations de ceux-ci.. En étant plus attentifs à leurs inquiétudes et à leur niveau d'anxiété, ils pourront mieux orienter leurs interventions et ainsi diminuer la prescription de médicaments trop souvent utilisés auprès des gens de cette génération."