25 mars 1999 |
Les étudiants en arts plastiques exposent à l'Autre Caserne une vingtaine d'oeuvres consacrées au thème de l'icône
Jusqu'au 9 avril prochain, l'Association des étudiants en arts plastiques présente, au lieu artistique et culturel l'Autre Caserne, à Limoilou, une exposition collective consacrée à l'iconographie. L'exposition J'en ai plein le culte présente une vingtaine d'oeuvres qui sont autant d'icônes visant à célébrer tantôt des sujets sacrés ou des sujets profanes, tantôt des objets religieux ou des objets de culture populaire. Sous forme de sculptures, de peintures, d'installations et de photographies, ce sont Vierge Marie, autels, corps humains, personnages connus ou anonymes, coeurs battants ou coeurs saignants qui se côtoient pour le plus grand bonheur du public qui pourra admirer des pièces intimes et personnelles, des oeuvres parfois surprenantes et, souvent, envoûtantes.
Le véhicule visuel du sacré
"Au sens strict, les icônes sont des images ou des représentations
figurées de personnages, de symboles ou d'objets religieux, créées
pour être adorées et idolâtrées. Mais, au sens
plus large du terme, l'icône peut également trouver sa source
d'inspiration dans tout ce qui fait partie de notre quotidien, dans tous
les objets qui nous entourent et que nous aimons particulièrement.
Sans qu'elle soit nécessairement reliée à un aspect
religieux, l'icône vise à représenter un objet, une
personne ou un concept abstrait que l'on admire ou que l'on apprécie,
que ce soit de façon personnelle ou collective", expliquent
les étudiantes Marie-Eve Tourigny, Patricia Pelletier et Annie Boisclair.
"À partir du moment où un sujet est au centre d'une oeuvre,
qu'il est placé dans une position verticale afin qu'il puisse être
admiré, ce sujet précis peut prendre le statut d'icône",
renchérit pour sa part Annie Boisclair.
Et, avec les termes dérivés du mot iconographie, on pense d'emblée à mettre en évidence deux réalités contraires, soit d'un côté les iconoclastes, qui s'opposent à l'adoration et au culte de l'image sainte et, de l'autre, les iconolâtres, les adorateurs de l'image. Dans cette exposition, il ne faut toutefois pas chercher de traces d'ironie ni d'adoration à l'excès: on y trouve plutôt des idées et des symboles très personnels, quelques personnages et objets religieux qui parviennent tous, avec bonheur, à susciter la passion créatrice de ces étudiants.
De la Vierge Marie aux personnages de musique populaire
Marie-Eve Tourigny, qui collectionne elle-même les icônes religieuses,
sans toutefois être une adepte à tout crin de la religion,
a choisi de peindre un personnage de l'Église. "J'ai retenu
de l'icône le sujet religieux, soit le personnage de la Vierge Marie,
et je l'ai représenté de façon très épurée,
à la fois dans la couleur et dans le style", commente-t-elle.
Dans l'oeuvre de Patricia Pelletier, c'est le cercle qui est au premier plan.
Vingt cercles peints sur autant de petits papiers transparents qui, assemblés,
forment un unique tableau. "Mon objet de culte à moi, c'est
le cercle. C'est ma passion. Peut-être même aussi mon obsession,
car on le retrouve presque partout dans mes oeuvres", dit-elle en souriant.
Annie Boisclair a aussi retenu de l'icône le sujet sacré. Son
autel en plâtre et en paraffine affiche, imprimé en creux,
la trace d'une feuille tombée de l'arbre et, dans l'eau de son bénitier,
c'est la véritable feuille d'automne qui se noie. "Je travaille
beaucoup avec la matière naturelle; mon autel peut donc être
perçu comme un lieu de vénération de la nature."
Sous leurs airs de Vierge Marie, les personnages de l'artiste Geneviève
Pelletier, P. J. Harvey et Björk - figures populaires bien connues
des jeunes férus de musique -, prennent un air noble et mystérieux
sous leur capuchon de fourrure. Ailleurs, d'autres objets, d'autres personnages
ou corps anonymes sont exposés là, dans le seul but d'être
regardés... et admirés.
L'Autre Caserne
Centre multiculturel de Limoilou, l'Autre Caserne a ouvert ses portes en
1998. Ce lieu artistique et culturel, doté d'une salle de spectacle
et d'une galerie d'art, a pour mission de contribuer au développement
communautaire et économique des quartiers centraux de la ville de
Québec. Organisme sans but lucratif, sa programmation vise à
rapprocher l'activité artistique et culturelle de la population.
"Nous sommes très heureux d'accueillir des étudiants
de l'Université Laval en nos murs, affirme Paule Genest, coordonnatrice
de l'Autre Galerie, elle-même finissante en arts plastiques à
l'Université. Cela rejoint l'un de nos objectifs, celui de donner
un coup de pouce à la relève, en plus de contribuer à
faire connaître les oeuvres des étudiants hors de la cité
universitaire".
Outre les oeuvres de Marie-Ève Tourigny, de Patricia Pelletier et d'Annie Boisclair, le public pourra admirer celles de Suzanne Cayer, Yannick DeSerre, Mélanie Cantin, Geneviève Pelletier, Julie Picard, Isabelle Pruneau, Véronique Bouchard, Claudine Boily, Virginie Chrétien, Isabelle Larose, Kim Nolet, Stéphanie Ouellet, Tiffanie Plante Nadeau, Benoît Blondeau, Sébastien Caron, Catherine Sylvain et Mélanie Vallerand. On peut visiter gratuitement l'exposition du mardi au vendredi de 12 h à 17 h jusqu'au 31 mars, puis du mercredi au dimanche, de 12 h 30 à 16 h 30, à partir du 1er avril. L'Autre Caserne est située au 325, 5e Rue, à Limoilou.