Les jeunes bloquistes du campus veulent y relancer le débat sur l'indépendance du Québec
Après deux ans d'interruption de ses activités sur le campus, le Bloc québécois renaît de ses cendres avec une équipe et une association renouvelées. Lors d'une première assemblée générale qui se déroulait le 10 mars dernier, les membres de l' Association du Bloc québécois de l'Université Laval politique ont élu leur exécutif et discuté des activités à tenir.
Cela pourrait s'appeler "Opération convaincre", pour reprendre un slogan cher à Jacques Parizeau lors de la dernière campagne référendaire. Le petit groupe de bloquistes du campus entend bien, en effet, secouer la torpeur ambiante et mobiliser ses collègues étudiants autour du thème de l'indépendance du Québec. Ils envisagent déjà d'organiser des débats où on assaisonnerait la souveraineté à différentes sauces, qu'il s'agisse d'évoquer les conséquences économiques d'un éventuel départ de la fédération canadienne ou de débattre de ses liens avec l'éducation.
"Nous devons absolument discuter de la souveraineté avec des étudiants qui ne sentent pas concernés. Il ne faut pas oublier que les jeunes de 18 à 30 ans, souvent sympathiques à la cause souverainiste, votent peu par rapport au reste des électeurs, remarque un des participants. Trop souvent, nous avons tendance à radicaliser notre discours au lieu de convaincre les opposants à la souveraineté que cela ne constitue qu'une étape, un cadre de discussion." Les membres de l'Association du Bloc québécois envisagent également d'inviter prochainement une personnalité bien connue comme Jacques Parizeau - toujours de service - ou Stéphane Tremblay, ce député bloquiste qui avait emporté son siège à l'extérieur de la Chambre des communes pour protester contre le manque de pouvoir des élus. Ces deux souverainistes doivent en effet amorcer une tournée des institutions scolaires pour présenter un chantier de réflexion sur la souveraineté.
Déjà, les bloquistes du campus commencent à réfléchir aux activités de recrutement et de financement à organiser pour la prochaine rentrée universitaire, car cette période constitue un moment privilégié pour se faire connaître des étudiants. Des étudiants qui seraient vraiment difficiles à mobiliser, selon la présidente de l'exécutif, Amélie Forgues: "Je constate une certaine baisse de l'engouement pour la souveraineté sur le campus depuis l'élection du Parti Québécois, signale-t-elle. J'ai vraiment envie de relancer le débat." Jean-François Carrier, qui militait jusqu'à présent au sein du comité de son comté, partage son enthousiasme. "Je crois qu'on peut trouver des moyens pour s'adresser aux jeunes qui s'intéressent peu à la politique", dit-il.
Même si l'Association du Bloc québécois de l'Université Laval s'avère une entité indépendante, elle peut compter sur l'appui des autres organisations du parti. Ainsi, le Forum jeunesse, qui accueille les adhérents de moins de 30 ans, financera à l'occasion certaines activités de l'association et, surtout, permettra à ses membres de présenter leurs prises de position à la direction du Bloc ou aux députés. Ce soutien permettra peut-être à ce groupe politique en renaissance d'affronter la principale difficulté à laquelle se heurtent les différentes associations étudiantes: la pérennité. Bien souvent, en effet, ce type d'organisation disparaît quand les étudiants qui l'animaient quittent l'Université à la fin de leurs études.