11 mars 1999 |
Les Treize proposent le drame urbain Des restes humains non identifiés, l'oeuvre miroir de la génération X
Les 19, 20 et 21 mars, à 20 h, à la salle Multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins, la troupe de théâtre Les Treize présente la pièce Des restes humains non identifiés, de l'auteur albertain Brad Fraser. Fascinant drame urbain, cette pièce met en scène sept personnages tourmentés qui portent en eux un insoutenable mal de vivre et un esprit de révolte à fleur de peau. Ces jeunes adultes de la génération X, à la recherche de leur identité, en quête d'un improbable amour et d'une vie meilleure, tentent du mieux qu'ils peuvent de soigner leur âme meurtrie et de trouver le remède aux insatisfactions qui les tenaillent. Sexualité débridée, anorexie, sadomasochisme, homosexualité, amour et violence ne sont que quelques-uns des thèmes exploités dans cette pièce qui se déroule sur fond d'intrigue policière. Ceux qui ont déjà vu l'adaptation cinématographique de Denys Arcand, réalisée en 1993, seront familiers avec l'univers trouble de l'auteur. Les autres assisteront à une forme de théâtre plutôt cru et réaliste. Tableau dur et cynique - mais non dépourvu d'espoir, précisons-le - d'une génération en conflit avec elle-même et qui souffre d'une immense solitude.
Mal de vivre
"Les personnages de cette pièce ont d'énormes difficultés
à communiquer et éprouvent un grand malaise face à
l'amour et, surtout, face à l'engagement ", explique la comédienne
professionnelle Érika Gagnon, qui signe ici sa première mise
en scène. "Ils acceptent mal le fait d'être parvenus à
l'âge adulte et ne sont pas capables d'assumer les obligations et
les responsabilités qui en découlent. Ils ont l'impression
que la vie leur a filé entre les doigts, qu'ils sont passés
à côté de leur destin. Chacun porte un regard très
dur sur sa vie, sur son travail. Leur constat est celui de l'échec,
tant sur le plan affectif que professionnel. Mais la pièce porte
tout de même en elle un message positif et laisse place à une
ouverture vers le bonheur et la sérénité."
L'action se déroule dans la ville d'Edmonton, vers la fin des années 1980. Candie, critique littéraire désabusée, anorexique et en mal d'amour, et David, un homosexuel plutôt sarcastique, qui cherche le plaisir et l'amour sans y croire, partagent le même appartement. Autour d'eux gravitent les personnages de Kane, 18 ans, fils d'une famille bourgeoise à la recherche de la vie - "la vraie" - et, surtout, d'un idéal auquel s'identifier, et de Bernie, fonctionnaire bon chic bon genre mais totalement désabusé, qui entretient une relation de jalousie avec David, son ami d'enfance. Il y a aussi Robert, le séduisant barman, et l'intrigante Jerry, une institutrice nouvellement arrivée dans la ville, qui courtisent tous deux Candie. Au-dessus d'eux tous, plane l'indescriptible et paradoxal personnage de Benita, une prostituée aux dons de voyante, qui semble sans âge et qui écoute et prend soin de David et de Kane, sans jamais porter de jugement. Le seul personnage qui, semble-t-il, a trouvé un sens à sa vie.
L'intensité en mouvement
"Cette pièce représente un beau défi pour
les acteurs ", explique Érika Gagnon qui se dit ravie d'avoir
la chance de travailler avec la troupe universitaire. "D'abord parce
que tout se passe à un rythme effréné; la pièce
se compose en effet d'une quarantaine de courtes scènes qui se déroulent
dans plusieurs univers différents. Il y a donc beaucoup de mouvements
sur scène et cela demande un grand effort de concentration de la
part des comédiens, car ils peuvent facilement perdre le fil. De
plus, ils doivent faire un grand travail de composition. Même si les
personnages sont assez proches d'eux, puisqu'ils sont leurs contemporains,
l'univers qu'ils dépeignent n'est pas un univers qui leur est nécessairement
connu."
Dans le métier depuis près de sept ans, Érika Gagnon a beaucoup joué sur la scène théâtrale québécoise, notamment au théâtre Périscope, et a été l'une des membres fondatrices de la troupe Le Théâtre des Moutons noirs. Elle ne prévoyait pas faire de mise en scène avant quelques années et elle a hésité un certain temps avant d'accepter de se lancer dans l'aventure. Mais l'idée de faire sa première expérience avec la troupe Les Treize la séduisait beaucoup. "D'autant plus, dit-elle, que je savais que j'allais travailler avec des comédiens de très bon calibre."
Les membres de la distribution sont Catherine Morency (Candie), Vincent-Guillaume Otis (David), Claude Montmigny (Robert), Isabelle Quimper (Jerry), Pierre Turcotte (Kane), Martin Dubeau (Bernie) et Isabelle Mercure (Benita). La musique (guitare) est signée et interprétée sur scène par les musiciens Alexandre Corbeil et Alexis Desgagné. Les billets sont en vente au Service des activités socioculturelles (pavillon Alphonse-Desjardins) en prévente à 8 $ et à la porte, les soirs de représentation, à 10 $.