11 mars 1999 |
Pour la troisième année consécutive, l'Université Laval et l'École supérieure de journalisme de Lille offrent aux futurs journalistes la chance de vivre une expérience unique
Un beau jour de 1995, en lisant le journal, Marc Cassivi est tombé par hasard sur un article annonçant la création d'un Diplôme en journalisme international offert conjointement par l'Université Laval et l'École supérieure de journalisme de Lille (ESJ). Il n'en fallait pas plus pour que germe en ce bachelier en droit de l'Université de Montréal, passionné de journalisme, l'idée de s'inscrire à ce programme d'études supérieures, dont la seule description le faisait saliver. En octobre 1997, il réalisait son rêve et s'envolait donc vers Lille, en France, afin d'y effectuer la première partie de cette formation, d'une durée d'un an. "Mes attentes n'ont pas été déçues, dit-il. J'ai toujours eu de l'intérêt pour le journalisme international, mais faire le programme m'a permis de voir que je possédais les capacités et les qualités nécessaires pour la pratique de ce type de journalisme. Dans mon cas, l'expérience journalistique a pallié la formation."
Marc Cassivi est l'un des 22 étudiants provenant de diverses universités québécoises à avoir participé à ce programme d'études supérieures offert par l'Université Laval et l'ESJ depuis l'automne 1996. Le programme en est à sa troisième année et a accueilli 15 étudiants français. Si les exigences d'admission consistent essentiellement en un diplôme de premier cycle en journalisme ou encore un diplôme de premier cycle allié à une expérience pertinente en journalisme, le critère essentiel reste cependant un intérêt marqué pour l'actualité internationale, souligne Florian Sauvageau, professeur au Département d'information et de communication. "Le concours d'entrée est à cet effet déterminant, note-t-il. C'est à ce moment que nous vérifions si le candidat possède ou non les qualités nécessaires pour suivre le programme."
Questions d'actualité
D'octobre à décembre, les étudiantes et étudiants
français et québécois sont à Lille, où
ils se penchent, entres autres, sur la construction de la nouvelle Europe,
les blocs et rapports de services militaires et les grands services de renseignements,
de même que sur l'organisation de la diplomatie au plan mondial. Ils
étudient également le rôle et le fonctionnement des
grandes organisations internationales et des ONG, les agences de presse
et les agences d'images, etc. De janvier à mai, tout le groupe déménage
ses pénates à Québec, au Département d'information
et de communication de la Faculté des lettres, pour y étudier,
d'un point de vue nord-américain, certains problèmes contemporains
du journalisme international comme les structures économiques et
les alliances, les zones d'influence et les rapports de force. De plus,
les étudiants choisissent deux cours du programme de maîtrise
en relations internationales. Dernière étape et non la moindre:
un stage de deux ou trois mois dans une entreprise de presse située
en Europe pour les candidats d'Amérique du Nord et en Amérique
du Nord pour les candidats provenant d'Europe.
Marc Cassivi a eu la chance d'effectuer son stage au prestigieux journal Le Monde diplomatique, à Paris, en plein Quartier latin. En plus d'avoir effectué beaucoup de travail de recherche pour les journalistes, il a aussi fait quelques recensions qui ont été publiées. "Comme j'étais parfaitement bilingue et que je connaissais bien l'Amérique du Nord, je crois bien leur avoir été un peu utile", affirme-t-il en toute modestie. Actuellement surnuméraire au pupitre à La Presse, Marc Cassivi rêve d'être un jour correspondant étranger à Moscou.
Un monde à découvrir
Traductrice, réviseure et correctrice de profession, Marie-Hélène
Papillon - qui s'est rendue à Lille l'automne dernier - s'estime
très privilégiée de pouvoir suivre ce programme d'études.
"On s'arrête un an pour comprendre les enjeux planétaires,
dit-elle. Les conférences et exposés sont donnés par
des spécialistes qui connaissent bien le monde, qu'ils soient journalistes,
professeurs ou anciens militaires. Il s'agit d'une expérience extrêmement
enrichissante." Pour sa part, Caroline Boivin a énormément
apprécié le fait de côtoyer les médias européens,
où la place accordée à l'actualité internationale
est beaucoup plus large, à son avis. Bachelière en communication
publique de l'Université Laval, la jeune femme estime que "l'information
internationale diffusée dans nos médias est trop centrée
sur l'Amérique du Nord et pas assez ouverte sur le reste du monde".
"D'ici un an ou deux, nous espérons conclure des ententes avec d'autres institutions qui offrent des programmes de journalisme international afin d'élargir le bassin d'étudiants, précise Florient Sauvageau. Chose certaine, le fait de vivre une telle expérience donne accès à des possibilités d'emploi dans des médias auquels les étudiants n'auraient pas accès autrement."
Notons que ce programme d'études supérieures en journalisme international reçoit l'appui de la Coopération franco-québécoise et de l'Office franco-québécois pour la jeunesse. La date limite de demande d'admission est le 1er avril. Informations: 656-5212 ou 656-7363.