11 mars 1999 |
C'est sur une note cordiale que se sont rencontrées récemment, à l'Université Laval, les délégations de l'Université Laval et du Congrès juif canadien, Région du Québec, menées respectivement par le recteur François Tavenas et la présidente Dorothy Zalcman Howard. On se rappellera qu'à la suite de l'acceptation l'an dernier d'un controversé mémoire de maîtrise intitulé "Le IIIe Reich et le Projet national du Québec" par l'Université Laval, les deux institutions s'étaient donné pour objectifs, d'une part, de faire le point sur cette question, et d'autre part d'amorcer un dialogue pour l'avenir.
"Lors de notre rencontre, l'Université Laval a constaté que l'ensemble des exigences de ses règlements n'avait pas été appliqué avec toute la rigueur voulue dans ce dossier. Par ailleurs, l'Université a reconnu sa part de responsabilité dans l'attribution du diplôme de deuxième cycle portant son sceau ", affirmait Dorothy Zalcman Howard . "La délégation du Congrès juif canadien a de plus tenu à distinguer entre l'exploration d'opinions controversées, processus légitime au sein de toute institution académique, et l'utilisation de contre-vérités historiques, méthode contraire à tous les principes éthiques de liberté académique", ajoutait-elle.
À la satisfaction du Congrès juif canadien, Région du Québec, l'Université Laval a indiqué que la controverse entourant le mémoire en question a été pour les membres de la communauté universitaire l'occasion de prendre conscience, par delà les mises au point qui s'imposaient, de la nécessité d'exercer une vigilance renouvelée aux plans de l'éthique et de la rigueur administrative dans la supervision et l'acceptation de mémoires et de thèses.
Lors de la rencontre, le recteur, François Tavenas, a voulu rappeler ce qu'il avait déjà dit publiquement l'automne dernier, à savoir que l'Université Laval, comme institution, n'endosse d'aucune façon les avancés et postulats des centaines, voire des milliers de mémoires de maîtrise ou de thèses de doctorat de ses étudiants dans tous les champs du savoir. Le recteur a ajouté que l'Université Laval ne pactise en aucune façon avec le négationnisme ou quelque autre idéologie, quelle que soit la forme que ceux-ci puissent prendre, et il a dit regretter que l'acceptation du mémoire en cause ait pu laisser croire le contraire.
François Tavenas a aussi profité de la rencontre pour indiquer que l'auteur de ce mémoire avait finalement apporté à son travail les corrections qui avaient été demandées par les examinateurs, et que c'est cette version corrigée qui a été récemment déposée à la Faculté des Études supérieures. "Tout en réalisant le mieux possible sa mission fondamentale d'enseignement et de recherche dans le respect de la liberté académique, l'Université Laval se veut étroitement associée aux valeurs fondamentales de l'humanisme libéral, du respect de la personne humaine et de la vérité historique", a affirmé François Tavenas.
Par ailleurs, les deux institutions ont reconnu l'importance, pour l'ensemble des groupes composant la société québécoise, de multiplier les contacts susceptibles d'engendrer une meilleure compréhension mutuelle. À cet effet, l'Université Laval et le Congrès juif canadien, Région du Québec, se sont entendus afin que soient organisés conjointement au sein du campus universitaire, des ateliers ou colloques portant sur une réflexion sur la problématique de l'intégration des minorités culturelles à la vie de la collectivité québécoise, et plus spécifiquement, de la question juive.