4 mars 1999 |
Les vents stellaires émis par l'étoile WR-124 pourraient annoncer son explosion prochaine
Grâce au télescope spatial Hubble, Gilles Joncas, du Groupe de recherche en astrophysique, et ses collègues Yves Grosdidier, Anthony Moffat (Université of Montréal) et Agnès Acker (Observatoire de Strasbourg) ont capté une image d'une grande netteté montrant la présence de globules dans les vents stellaires émis par une supergéante bleue. Chacun de ces globules de gaz a un diamètre d'environ 160 milliards de kilomètres et pèse environ 30 fois la masse de la Terre. L'existence de ces globules avait été déduite à partir d'observations spectroscopiques d'étoiles analogues à WR-124 mais les quatre chercheurs apportent la première évidence directe de cet étrange phénomène.
Située dans la constellation du Sagittaire, à 15 000 années-lumière de la Terre, WR-124 appartient à la catégorie des étoiles Wolf-Rayet. Ce sont des étoiles extrêmement rares, très chaudes (50 000 degrés Kelvin dans le cas présent) et de durée de vie très courte. WR-124 traverse présentement une période mouvementée de son existence, marquée par l'émission brusque et violente de gaz. Les vents stellaires ainsi générés atteignent des vitesses de l'ordre de 1 000 kilomètres à la seconde. Ces vents pourraient annoncer les derniers soubresauts de la supergéante avant son explosion finale en supernova.
Dans un récent numéro de la publicationAstrophysical Journal, les chercheurs avancent deux hypothèses pour expliquer la formation de ces globules. D'une part, l'étoile pourrait émettre des gaz de façon brutale, à la manière de boulets de canon. D'autre part, il pourrait s'agir d'interactions entre les vents lents (100 km/sec), émis plus tôt dans la vie de l'étoile, et les vents rapides, générés plus récemment. "Nous pourrons bientôt déterminer laquelle des hypothèses est correcte à l'aide des spectres de la nébuleuse (les gaz éjectés par l'étoile) que nous avons obtenus au télescope Canada-France-Hawaii", précise Gilles Joncas.
Les images obtenues grâce à Hubble permettent de mieux comprendre ce qui se passe pendant le stade complexe qui précède la mort d'une étoile, poursuit le chercheur du Département de physique. "On comprend assez bien ce qui se produit pendant la plus grande partie de la vie d'une étoile. Par contre, les périodes de transition, comme lorsqu'une étoile passe de la combustion de l'hydrogène à la combustion de l'hélium, causent des bouleversements qui sont moins bien compris."