18 février 1999 |
Une équipe de chercheurs de l'École de service social participe à l'évaluation d'un programme communautaire de soutien au développement des enfants pauvres, le programme "1, 2, 3 Go! " qui existe déjà dans six quartiers de la région de Montréal et pourrait s'étendre à d'autres villes du Québec si les résultats fournis par la recherche s'avèrent positifs.
"Ça prend tout un village pour élever un enfant." Ce proverbe africain résume à lui seul la philosophie sur laquelle repose ce programme communautaire lancé en 1995, notamment à l'initiative de Centraide. Pour une fois, il s'agit en effet de susciter la mobilisation et la participation massive des habitants d'un quartier, et non de leur imposer un modèle conçu en haut lieu. Car "1,2,3 Go! " vise avant tout le développement du jeune enfant, mais également à favoriser le bien-être des familles les plus pauvres.
Jusqu'à présent, six quartiers bien distincts de la région de Montréal, mais qui abritent tous des jeunes familles aux prises avec de sévères problèmes de pauvreté, ont mis en place des activités "1,2,3 Go !". Longueuil-Ouest et Laval offrent par exemple des ateliers pour les parents et leurs enfants pour les aider à préparer et animer des activités favorisant le développement des tout-petits, ce qui peut du coup renforcer leur relation mutuelle. À Côte-des-Neiges, les citoyens ont mis sur pied un parc intérieur qui accueille les enfants, mais aussi les parents qui peuvent ainsi briser leur isolement. Saint-Rémi met pour sa part l'accent sur le langage, en favorisant le contact avec le livre pour les moins de trois ans.
L'étude menée actuellement par une dizaine de spécialistes en développement de l'enfant, en intervention communautaire, en empowerment et en intervention auprès des familles, cherche à comprendre si ces différentes initiatives ont bel et bien un impact positif sur le développement de l'enfant. Les chercheurs vont ainsi rencontrer plusieurs centaines d'enfants et de parents, les premiers disposant d'une valise de jouets susceptible d'aider à évaluer leur développement cognitif et affectif, les seconds remplissant un questionnaire sur leurs pratiques éducatives et leur sentiment de compétence parentale. "Plutôt que de suivre année après année un même groupe, nous allons prendre des enfants de 24 à 40 mois ponctuellement, en 1998, 2000 et 2002, précise Dominique Damant, professeure à l'École de service social. Il faut évaluer si les activités du programme ont une incidence ou non sur le comportement des enfants."
L'équipe de recherche a donc cherché des groupes témoins qui permettent de comparer le développement des enfants bénéficiant du programme "1,2,3 Go!" et celui de leurs petits amis qui ne suivent pas ce genre d'activités. Il a fallu pour cela trouver des quartiers aux caractéristiques comparables, qu'il s'agisse du nombre de communautés culturelles, du taux de familles monoparentales, du revenu moyen, ou du nombre d'enfants en bas âge. Les chercheurs vont donc dans les années qui viennent croiser les informations venant d'utilisateurs et de non-utilisateurs pour comprendre quel type d'initiative favorise le mieux-être de l'enfant et de sa famille. Si une activité particulière se démarque alors du lot, il faudra encore examiner de quelle façon on peut l'implanter ailleurs sans la dénaturer. Car toute l'originalité de "1,2,3 Go!" réside justement dans cette capacité à susciter des actions propres à chaque communauté.