18 février 1999 |
La Coalition orange rend public son manifeste contre les coupures à l'Université et le sous-financement des universités
Quelque 300 étudiants et étudiantes, provenant majoritairement de la Faculté des sciences sociales, ont participé, le mardi 16 février, à une manifestation dénonçant à la fois les coupures que doivent absorber toutes les unités de l'Université Laval et le sous-financement que le gouvernement québécois fait subir à son réseau universitaire.
Cette démonstration de mécontentement avait été mise sur pied par la Coalition orange, née d'un mouvement étudiant spontané à l'intérieur de la Faculté des sciences sociales et dont font également partie aujourd'hui les associations des facultés des Lettres, de Philosophie, des Sciences et de génie (la derniere en liste), et l'Association des étudiants et étudiantes en arts plastiques. On sait que la Coalition orange avait aussi organisé, le jeudi 11 février à 21 h 30, un bed-in au pavillon Charles-De Koninck qui a attiré près de 200 personnes, dont une cinquantaine ont couché sur place.
Autour de la tour
La marche de protestation s'est mise en branle vers 14 h, dans l'entrée
principale du pavillon Charles-De Koninck pour aboutir, quelques instants
après, l'autre côté de l'avenue des Sciences humaines,
au pied du pavillon de la Faculté des sciences de l'éducation
- surnommée la Tour de l'éducation - qui abrite la
direction de l'Université dans ses étages supérieurs.
Là, pendant une vingtaine de minutes, deux "meneurs de foule"
ont entretenu les manifestants des enjeux du combat à livrer simultanément
sur les fronts local, provincial et - pourrait-on ajouter - du "système"
dans sa globalité sans frontières.
L'attroupement au bas de la tour a été l'occasion pour les organisateurs de crier publiquement les revendications étudiantes issues de propositions adoptées lors d'assemblées générales tenues par les associations membres de la Coalition orange. "Nous reconnaissons les premiers pas que le front commun (FEUQ/CRÉPUQ/FQPPU) a franchis en proposant le refinancement public de l'enseignement supérieur, mais nous considérons cette revendication première nettement insuffisante, vu le caractère interprétable et imprécis de la notion de refinancement public", a-t-on pu entendre en guise de préambule.
Refinancement et transparence
Le manifeste de la Coalition orange comporte ainsi six points. Ses membres
se prononcent d'abord contre les coupures, mais pour un "refinancement
public, non corporatiste, massif et immédiat du système d'éducation".
lls exigent ensuite plus de transparence dans la gestion de l'Université
Laval, laquelle se concrétiserait par un règlement obligeant
la publication annuelle de la liste des membres et des corporations présents
au sein du Conseil d'administration de l'Université, et d'un document
faisant état des salaires et des enveloppes de dépenses des
administrateurs de l'Université.
L'alliance demande, par ailleurs, que la direction de l'Université "fasse front commun avec les revendications étudiantes, et non l'inverse"; que "notre campagne soit faite en vue de défendre le gel des frais de scolarité et des frais afférents, dans l'optique de la gratuité scolaire"; que le refinancement de l'éducation publique ne se réalise pas au détriment des autres services sociaux, et que "l'administration de l'Université défende l'impératif d'une réforme de la fiscalité". La Coalition orange insiste, enfin, pour que la "qualité de l'éducation" - entendre ici "qualité de la formation" - soit maintenue et améliorée grâce, entre autres, à la diminution du rapport ("ratio") professeur/étudiants et à la restitution du budget d'acquisition de la Bibliothèque de l'Université.
Rencontre au sommet
Harangues et déclarations terminées, l'"escalade"
de ce moyen de pression a alors vraiment pris tout sens puisque la marche
s'est poursuivie, de l'extérieur vers l'intérieur, dans les
escaliers qui ont mené la horde des revendicateurs jusqu'au rectorat,
16 étages plus haut.
En l'absence du recteur François Tavenas, retenu à Montréal, c'est Claude Godbout, vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes, qui, durant une bonne heure, a pu entendre leurs doléances et échanger avec eux, tout en avançant très lentement et en s'immobilisant régulièrement - à chaque cinq pas presque - dans un corridor bondé où chaque étudiant ou chaque étudiante lui remettait le tract vert du manifeste de la Coalition orange.