21 janvier 1999 |
De plus en plus d'étudiants de la Faculté des sciences de l'administration vont parfaire leur formation à l'étranger
"Cherche étudiant ou étudiante désirant s'ouvrir sur le monde. La personne devra être capable de s'adapter aux situations qui se présenteront. L'esprit de débrouillardise constitue un acquis indispensable. La faculté de continuer son voyage même si on perd sa valise à l'aéroport sera considérée comme un atout. Pour information, s'adresser à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval." Cette annonce demeure pour l'instant fictive, mais elle résume bien la philosophie du programme Cap sur le monde lancé par la FSA cette semaine. Un programme qui permet aux étudiants en sciences de l'administration de faire un stage, d'étudier ou de participer à une mission commerciale dans un pays étranger dans le cadre de leurs études.
Depuis plusieurs années, les étudiants en marketing, en gestion internationale, en comptabilité ou autres matières des sciences de l'administration participent déjà à des activités de formation créditées à l'étranger. Mais ce n'est qu'aujourd'hui que ces différentes actions de formation se trouvent regroupées à l'intérieur d'un même programme, Cap sur le monde. "Les entreprises recherchent de plus en plus des employés prêts à aller n'importe où, et surtout capables de s'adapter très rapidement", souligne Nicole Lacasse, professeure et responsable des activités internationales à la FSA. "Ce programme leur permet d'acquérir de l'expérience, une donnée très importante quand on entre sur le marché du travail."
Des échanges multiples
Grâce à Cap sur le monde, les étudiants peuvent
donc partir étudier un trimestre ou plus dans un établissement
avec lequel la Faculté où l'Université Laval entretient
des échanges, qu'il s'agisse d'une école de commerce ou d'une
université en Europe, en Asie, en Amérique latine, aux États-Unis,
en Afrique du Nord.
Du jour au lendemain, Caroline Doyon, étudiante au baccalauréat en administration, s'est retrouvée ainsi plongée en pleine querelle linguistique entre Flamands et Wallons en passant quelques mois dans une école belge de sciences économiques. "J'en suis revenue avec une curiosité accrue pour la politique et les relations internationales, reconnaît volontiers la jeune fille. Je me suis aperçue que les étudiants belges suivent d'avantage des cours d'histoire ou de politique, au point que les Québécois passaient presque pour des incultes là-bas." Au fil de ses discussions avec ses camarades européens sur l'Euro ou autre dossier brûlant de l'heure, Caroline Doyon a donc développé un intérêt pour la gestion internationale. Elle a eu également l'occasion de voyager dans plusieurs pays limitrophes de la Belgique, et prolonge aujourd'hui son séjour en Europe en suivant des cours d'allemand à l'Université Laval.
Différences culturelles enrichissantes
Même si elle a beaucoup apprécié son expérience,
cette étudiante précise qu'il lui a fallu s'adapter à
un système d'enseignement bien différent de celui qui a cours
au Québec. À l'entendre, les professeurs belges sont beaucoup
plus distants de leurs élèves et ne leur fournissent pas de
plans de cours détaillés. Le vouvoiement est de rigueur dans
ces grandes salles d'enseignement où il n'est pas question d'arriver
avec un gobelet de café à la main. Shirley Marquis, étudiante
au baccalauréat en marketing, a également noté des
différences entre les cours qu'elle suivait dans une école
privée du Wisconsin aux États-Unis, et ceux de la FSA. "L'enseignement
était surtout basé sur des exemples, des cas précis
d'entreprises à analyser tandis que je trouve les cours à
l'Université Laval plus théoriques, indique-t-elle. J'ai eu
l'impression d'aborder le marketing sous un jour nouveau."
Grâce à un accord entre cette université de Milwaukee et l'Université Laval, Shirley Marquis a pu se faire créditer les quatre cours qu'elle a suivi durant un semestre. Elle compte même s'inscrire bientôt à une maîtrise en anglais, au Canada ou ailleurs. "C'est indispensable aujourd'hui de parler anglais pour faire des affaires, explique Shirley. Les entreprises s'ouvrent sur le monde, et il faut leur prouver que nous sommes capables de connaître une autre culture, de s'adapter à une nouvelle façon de penser."
"Votre mission: nous représenter"
D'autres étudiants en sciences de l'administration développent
leur capacité d'adaptation en effectuant un stage à l'étranger
pour une entreprise canadienne ou au sein d'une entreprise étrangère
implantée au Canada. Certains, comme Bernard Saint-Denis, n'hésitent
pas à se lancer dans une mission commerciale qui n'a rien à
envier à celles organisées par des hommes d'affaires qui ont
pignon sur rue. Si cet étudiant en gestion internationale a pu se
rendre au Chili, d'autres ont eu l'occasion de visiter l'Argentine et les
États-Unis. "Une fois sur place, on ne se sent plus un étudiant,
mais véritablement un représentant de l'entreprise dont on
défend les intérêts", souligne indique le gestionnaire
en herbe.
Les étudiants engagés dans ces missions préparent leur voyage dès la rentrée de septembre sous la supervision d'un professeur de la Faculté et cherchent des moyens de financer leur séjour en s'adressant aux différents paliers de gouvernement et à des entreprises intéressées à explorer les possibilités commerciales offertes par la destination choisie. Chacun représente ainsi les intérêts d'une entreprise qui peut rechercher des distributeurs, évaluer un marché potentiel ou les modalités d'exportation de son produit.
Un installateur de pompes à essence de la région de Québec avait, pour sa part, chargé Bernard Saint-Denis de leur indiquer si le Chili pouvait constituer un lieu d'exportation intéressant. "Pendant trois semaines, j'ai rencontré des dirigeants de grandes compagnies pétrolières comme Shell ou Esso en leur faisant valoir que je représentais une entreprise canadienne de passage pour peu de temps, précise l'étudiant. Il faut d'abord savoir parler aux secrétaires pour prendre rendez-vous, puis s'adapter aux murs commerciales du pays. Pas question, par exemple, de parler directement chiffres sans avoir noué un contact personnel avec ses interlocuteurs."
Un contact facilité également par la capacité de Bernard Saint-Denis de parler la langue du pays. Aujourd'hui, l'aventure chilienne se poursuit à Québec, puisqu'il travaille à temps partiel pour cet installateur de pompes à essence. "Les responsables de cette entreprise évoquent la possibilité d'organiser une nouvelle mission commerciale au Chili avec des ingénieurs, et peut-être d'ouvrir une division dans ce pays, un poste qui m'intéresserait beaucoup, remarque l'étudiant en gestion internationale. Du coup, j'ai décidé de prendre des cours de comptabilité car je trouvais que j'avais des lacunes dans ce domaine."
Cette année, les étudiants en marketing, gestion internationale et comptabilité inscrits au cours de mission internationale préparent un voyage en Colombie pour mai prochain, avec d'autres étudiants de la Faculté des sciences et de génie. Les responsables de la Faculté ont en effet remarqué que des connaissances techniques sur le produit présenté pouvait s'avérer fructueux lors des rencontres d'affaires. Ainsi préparés, les étudiants ont presque tous les outils en mains pour conquérir le monde.