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7 janvier 1999 ![]() |
DES ÉTUDIANTS À BON MARCHÉ POUR LES EMPLOYEURS
J'aimerais, par la présente, dénoncer le phénomène récent de "cheap labour" (main d'oeuvre à bon marché) touchant spécialement les étudiants universitaires. Ce phénomène prend de plus en plus d'ampleur même s'il est encore méconnu de la majorité de la société. Saint-Exupéry disait que "l'essentiel est invisible pour les yeux " (Le Petit Prince). Eh bien, je pense qu'il est temps d'étaler au grand jour le problème de main-d'oeuvre à bon marché que vivent plusieurs étudiants.
Je suis une finissante récente de deuxième cycle de l'Université Laval. Comme la plupart de mes collègues, j'ai commencé à chercher de l'emploi avant la fin de mes études. Dans la plupart des domaines, ce n'est pas une tâche facile ! Le manque d'expérience est bien souvent le mal qui nous afflige, nous, étudiants fraîchement sortis des bancs d'école. Nous tentons tous de faire valoir nos connaissances et notre expertise nouvellement acquises, notre détermination, notre ambition et nos idées nouvelles. Malheureusement, la plupart des employeurs recherchent, à travers les lignes de nos curriculum vitae, les années d'expérience pertinentes à notre domaine. Même en étant le candidat idéal, sans expérience significative, les portes se ferment devant nous.
Donc, afin de briser le cycle "pas d'expérience, pas de travail; pas de travail, pas d'expérience"(gouvernement du Québec), des programmes de stages s'adressant aux finissants ont été mis sur pied. C'est le cas du gouvernement provincial qui a créé "les stages pour nouveaux diplômés" du gouvernement fédéral avec son programme Stratégie emploi jeunesse et d'Avantage Carrière, pour n'en nommer que quelques-uns. Tous les stages, peu importe qui les gère, ont un but commun très louable : offrir de l'expérience aux étudiants diplômés. Il s'agit d'une initiative exceptionnelle permettant aux nouveaux gradués de se lancer dans le milieu du travail. Je bénéficie d'ailleurs de l'expérience d'un de ces stages qui, je l'espère, m'ouvrira les portes du monde professionnel. C'est par l'entremise d'Avantage Carrière, en collaboration avec la fonction publique, que je me suis trouvé un stage dans mon domaine. Avantage Carrière est un organisme sans but lucratif gérant un programme national de stages pour les jeunes, en partenariat avec le Secrétariat du trésor du Canada et le YMCA. Son mandat est d'améliorer l'aptitude à l'emploi des jeunes au niveau secondaire, collégial et universitaire, par l'offre de stages rémunérés de six à douze mois au sein d'une entreprise d'accueil. Je me considère privilégiée de profiter d'un tel stage. J'étais loin de me douter des pièges cachés de ces programmes Je changerais le slogan de la promotion de ces stages pour celui-ci : "Pas d'argent, engagez des stagiaires; engagez des stagiaires, faites des économies." Le proverbe "Tout se qui brille n'est pas or" ne s'est jamais révélé aussi vrai
Il faut bien comprendre que je ne veux pas dénoncer ici les programmes spécifiques de stages (par exemple Avantage Carrière) mais plutôt le concept global de création de stages pour les diplômés. Il est très profitable voire même alléchant pour un employeur d'engager des stagiaires. En effet, la plupart du temps, le salaire du stagiaire est payé par l'organisation responsable des stages. L'entreprise hôte bénéficie donc d'une main-d'uvre qualifiée, totalement gratuitement. En échange, elle s'engage à former le stagiaire, à développer son réseau de contacts et idéalement à l'engager ou à lui trouver un emploi à la fin de son stage. Ça, c'est la théorie, mais il en est autrement dans la pratique.
Plusieurs de mes confrères et consurs universitaires ont, tout comme moi, remarqué que les employeurs profitent un peu trop de ces programmes de stages. En effet, à la fin d'un stage, il est plus profitable pour une entreprise d'engager un nouveau stagiaire que d'employer le stagiaire récemment formé. Tout découle du fait que les employeurs n'ont rien à payer et que dans la situation économique actuelle, les entreprises font tout pour sauver de l'argent. Le phénomène de "cheap labour" vient alors de naître. La plupart des stagiaires sont des gradués universitaires avec des baccalauréats, des maîtrises et même des doctorats. Nous voulons tous acquérir de l'expérience alors nous acceptons de travailler à des salaires parfois ridicules pour une période de quelques mois à un an dans l'espoir de se placer plus facilement par après. Tout vient à point à qui sait attendre, nous a-t-on appris Mais voilà que ce programme de stages, qui devait nous aider, se retourne maintenant contre nous à cause de certains employeurs qui voient là une occasion en or de sauver de l'argent.
Le concept de stages devrait être réévalué afin de profiter d'abord et avant tout aux stagiaires et satisfaire le but premier du programme, briser la barrière du manque d'expérience. Je me permet d'avancer quelques suggestions: 1) pourquoi ne pas mettre sur pied un processus d'évaluation des entreprises d'accueil afin de s'assurer de leur engagement auprès du stagiaire? Par exemple, l'employeur devrait faire vivre au stagiaire plusieurs expériences touchant différentes facettes de sa profession ; 2) l'entreprise devrait assurer ultérieurement au stagiaire un poste de la même durée que le stage, soit à l'intérieur de l'entreprise ou ailleurs, de façon à honorer la gratuité dont elle a profité ; 3) l'entreprise d'accueil devrait peut-être compléter le salaire du stagiaire afin de briser le cycle de "cheap-labour" qui est entrain de s'installer ; effet, les programmes de stages offrent des salaires variant pour la plupart entre 15 000 $ et 24 000 $ par année; certains programmes ne font pas de distinction entre les niveaux de scolarité ; un finissant du collégial peut ainsi gagner le même salaire qu'un finissant de deuxième cycle ; 4) les demandes de stages faites par les compagnies hôtes devraient être évaluées selon les possibilités à long terme s'offrant aux stagiaires à la fin du contrat. Malheureusement, il existe trop de cas où les stagiaires sont des "bouche-trous" temporaires, réalisant des tâches ingrates ou de seconde importance. Ce genre d'expérience ne leur servira pas dans leur future carrière.
Il y a peu d'emplois et beaucoup d'étudiants finissants qualifiés, beaucoup d'appelés mais peu d'élus. Nous sommes conscients qu'il faut accepter de commencer au bas de l'échelle mais, comme tout le monde, nous devons gagner notre vie et payer nos dettes. Les stages nous offrent une expérience de travail appréciable mais les salaires nous permettent juste de survivre. Création d'emplois, de promettre le gouvernement. Des stages sont créés mais pas des emplois! Plusieurs postes semi-permanents sont même transformés en stages car ils permettent d'obtenir de la main-d'uvre gratuite. Messieurs les politiciens sont fiers d'annoncer que le taux de chômage chez les jeunes diminue. Mais sont-ils allés rencontrer les jeunes? S'ils le faisaient, ils constateraient que plusieurs diplômés travaillent au salaire minimum dans un centre d'achat ou un restaurant ou que d'autres sont retournés aux études dans l'espoir de se trouver un meilleur emploi dans leur domaine. Est-ce ça, la création d'emplois? Est-ce ça, l'avenir pour tous ces étudiants ne demandant qu'à mettre leurs connaissances en pratique? J'espère que non. Il faut vraiment trouver des solutions afin de corriger cette situation. Les programmes de stages sont un bon premier pas s'avérant un peu chancelant pour l'instant. Je crois que l'initiative est prometteuse à condition d'y amener des corrections. Je suis jeune, je suis stagiaire. Je veux faire prendre conscience à la société que nous devons tous nous serrer les coudes pour faire de la place aux jeunes. Faites nous confiance!
L'avenir, c'est demain; demain, c'est l'avenir (La Petite Vie). Les élus politiques font de belles promesses mais pour plusieurs d'entre nous, l'avenir est difficile à entrevoir
SUCCÈS DE FOULE?
Étaient-ils "une centaine" (Fil des événements du 10 décembre, page 1) ou plutôt "près de 200" (Le Soleil du 5 décembre, page A3), les étudiants et étudiantes qui manifestaient le 4 décembre contre les coupures au budget de la Bibliothèque? Chose certaine, il y avait moins de professeurs pour les appuyer que de membres du service de sécurité pour les surveiller. Est-ce à dire que ceux-ci s'inquiètent plus que ceux-là du sort de l'institution?
LE GOUVERNEMENT IRANIEN PERSÉCUTE LES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES BAHA'IS
Alors que le monde célèbre le 50e anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme, l'Iran, pourtant signataire d'accords internationaux comme l'Entente internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels, continue de harceler et de persécuter la communauté bahá'íe, qui compte près de 400 000 personnes, soit la plus grande majorité religieuse dans ce pays. En effet, depuis plusieurs mois, on constate une recrudescence des persécutions contre les bahá'ís en Iran. En plus des récentes condamnations à mort et des peines d'emprisonnement infligées aux bahá'ís à cause de leurs croyances religieuses, on a assisté, fin septembre 1998, à la fermeture de l'Institut bahá'í d'enseignement supérieur (IBES) par des agents du gouvernement iranien. Dans 14 villes iraniennes, des agents gouvernements ont alors effectué une série de descentes dans 530 domiciles privés et procèdent à l'arrestation de 36 responsables et enseignants de l'IBES. À la mi-novembre, quatre personnes n'avaient pas encore été relâchées.
L'IBES, aussi appelé Université libre bahá'íe, a été créé en 1987 par un groupe de professeurs et de chargés de cours qui ont été expulsés des universités d'État en 1980, peu de temps après la révolution islamiste. Cet institut, mis sur pied de façon tout à fait bénévole par plus de 150 experts et enseignants de haut calibre, a pour but d'offrir aux jeunes bahá'ís une solution à l'impasse devant laquelle ils se trouvent depuis que le gouvernement iranien leur interdit l'accès aux universités d'État. "En Iran, écrit un jeune bahá'í, on doit passer un examen d'admission très difficile si on veut entrer à l'université. Et je l'ai très bien réussi. Mais à la fin du premier trimestre, en 1979, toutes les universités ont été fermées à cause de la révolution. Quand ils les ont ouvertes à nouveau, ils ont demandé à tous les étudiants bahá'ís d'écrire qu'ils étaient musulmans sur le formulaire qu'ils nous ont donné (pour être réadmis). Mais je ne l'ai pas fait. Alors ils m'ont expulsé de l'université."
Cette année, plus de 900 jeunes bahá'ís étaient inscrits à l'IBES. Avec sa fermeture, ils se voient privés de leur seule chance d'acquérir une formation supérieure. Cet acte d'une injustice flagrante, qui est une négation totale du droit fondamental à l'éducation, amène les professeurs, les chargés de cours et les étudiants bahá'ís de toutes les universités canadiennes à lancer un cri d'alarme, car tout porte à croire que ce geste fait partie d'une série d'actions orchestrées par le gouvernement iranien dans le but maintenant reconnu de contrecarrer le développement de la communauté bahá'íe en Iran et ailleurs dans le monde. Un document intitulé La Question bahá'íe, préparé par le Conseil révolutionnaire culturel suprême d'Iran et signé de la main même de l'ayatollah Ali Khameini, fait clairement état de ce plan. C'est grâce à la Commission des Nations Unies sur les droits de la personne que ce document a été rendu public, en 1993.
Fondée en Perse au milieu du XIXe siècle, la foi bahá'íe rappelle au monde que, malgré la diversité des pratiques religieuses, il n'y a qu'un Dieu et elle invite les adeptes de toutes les religions à s'unir pour établir la paix en s'appuyant sur leur héritage spirituel commun. Les bahá'ís, présents dans plus de 150 pays, sont activement engagés dans la promotion des notions de base de leur foi, telles que l'égalité des sexes, l'abandon de tout préjugé à caractère ethnique, culturel ou religieux, l'équilibre et l'accord entre la science et la religion, le partage de la richesse, l'accès universel à l'éducation, l'établissement d'un gouvernement mondial auquel participerait toutes les nations dans l'égalité et la complémentarité, le respect de la nature.
Pour plus d'informations, ou pour des suggestions d'actions à entreprendre pour rétablir le droit à l'éducation des bahá'ís en Iran, vous pouvez contacter l'Association des études bahá'íes de l'Université Laval (Élizabeth Wright, 660-2961, aaf839@agora.ulaval.ca) ou le Centre bahá'í du Québec (Monique Robert, 692-3955, conseil_qc@compuserve.com).
VINCENT LEMIEUX CHEZ LES BOYS
Comparer Vincent Lemieux à Wayne Gretsky comme le fait Guy Laforest (Le Fil, 10 décembre 1998) est assurément la chose la plus débile que le Fil m'ait donné à lire au cours des 25 dernières années. Même le Journal de Québec n'y aurait pas pensé. Espérons que le jour où une femme recevra le Prix Léon-Gérin, son directeur de département ne la qualifiera pas de la Céline Dion de son domaine.