10 décembre 1998 |
Les sculptures de Mireille Plamondon ramènent l'hiver et la neige au coeur de nos territoires intimes
Jusqu'au au 21 décembre, à la Galerie des arts visuels (Édifice La Fabrique), Mireille Plamondon expose, sous le thème de la neige et de l'hiver, ses plus récentes oeuvres sculpturales. En franchissant le seuil de la galerie, le visiteur ne pourra qu'être surpris par la sobriété et le calme qui se dégagent des oeuvres de cette exposition tout de blanc vêtue. Y trônent de grandes sculptures faites de paille, de ouate, de fourrures et de broches patiemment torsadées et façonnées, dont la blancheur omniprésente évoque, dès le premier coup d'il, la douceur et la lenteur de l'hiver. Évocations donc d'une saison propice aux rapprochements, évocations de conditions climatiques qui incitent les humains à s'encabaner, à s'emmitoufler et, surtout, à se retrouver.
Les oeuvres sculpturales de Mireille Plamondon ramènent en effet l'hiver et la neige au coeur de nos territoires intimes. Ici, deux personnages de broche et de ouate, suspendus dans l'espace et dans le temps, s'enlacent dans une valse rappelant la chute des flocons. Là, une oeuvre en forme de boule de neige évoquant deux corps blancs qui, en étreinte, ne forment qu'un. Au centre, sur un lit de fourrures, gît une maisonnette dotée d'une imposante cheminée en forme de volutes qui fait revivre à la fois la chaleur des intérieurs confortables et le souvenir des manteaux chauds et odorants, empilés sur les lits les soirs de festivités. Au mur, des oeuvres mixtes, des encres et des photographies qui rappellent encore les virevoltes des légers et blancs flocons. Suspendu, un costume d'une blancheur éclatante que le visiteur peut endosser et dont le masque, muni d'un trou de serrure, ne laisse voir qu'une infime partie d'un territoire intime. Souvenirs d'hier, souvenirs d'enfance, rêves d'espoir et de tendresses: voilà ce dont nous parle cette exposition.
Le temps qui passe
"Mes sculptures traitent du temps qu'il fait de même que
du temps qui passe. Les rapports que l'individu entretient avec son territoire,
avec les paysages et, dans ce cas-ci, avec le climat, ont toujours été
au coeur de ma production artistique", explique cette artiste de 35 ans,
qui vit et travaille à Montréal. "Les espaces et les
paysages que j'évoquais dans mes sculptures précédentes
étaient beaucoup plus vastes, beaucoup moins circonscrits. Aujourd'hui,
le thème du territoire est encore bien présent, mais il prend
plutôt la forme d'espaces intimes et d'espaces intérieurs.
Mes oeuvres parlent non seulement des relations entre l'individu et son
environnement immédiat, mais également des relations que les
humains entretiennent entre eux et qui sont parfois conditionnées
par le temps qu'il fait", ajoute-t-elle.
Mireille Plamondon parvient à évoquer le caractère doux, moelleux, chaleureux et protecteur que peuvent nous inspirer les couches de neige qui s'accumulent sur nos objets quotidiens, nos maisons et nos terrains. Car cette neige, qui peut parfois être le symbole du silence et de la non-communication, nous forçant à nous isoler et à prendre nos distances, peut également, et heureusement, être perçue comme un facteur de rapprochement.
Un carnet de route chargé
Le carnet de route de cette artiste originaire de Québec est
passablement chargé. Plusieurs fois boursières du Conseil
des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec,
la sculpteure a obtenu, en 1994, une bourse du gouvernement d'Hinode-Machi,
au Japon, pour travailler dans un studio d'artiste japonais durant deux
mois. Elle a participé depuis 1986 à plus d'une vingtaine
d'expositions, individuelles ou collectives, et a exposé ses oeuvres,
entre autres, à Toronto, à Tokyo et en France. C'est après
avoir complété quelques cours en arts visuels à l'Université
Laval en 1984, que Mireille Plamondon prenait le chemin de la métropole
pour aller compléter un baccalauréat spécialisé
en arts plastiques à l'UQAM et pour y entreprendre par la suite une
maîtrise. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la création
artistique et l'enseignement des arts plastiques à l'Université
du Québec à Hull et au Cégep Saint-Laurent. Elle prépare
pour juillet prochain une exposition où prendront place, semble-t-il,
telle une mise en abîme de son propre travail de sculpteure, le décor
de son atelier ainsi que les objets qui s'y accumulent depuis plusieurs
années.
L'exposition intitulée Et il y eut la neige a lieu du 3 décembre au 21 décembre à la Galerie des arts visuels de l'Université Laval, 255, boulevard Charest Est. Les heures d'ouverture sont, du mercredi au vendredi, de 9 h 30 à 16 h et le samedi et dimanche de 13 h à 17 h.