10 décembre 1998 |
Des étudiants manifestent contre les coupures au budget d'acquisition de la Bibliothèque
Une centaine d'étudiants et d'étudiantes de l'Université, majoritairement composée de représentants des associations du premier cycle, ont manifesté sur le campus, le vendredi 4 décembre en début d'après-midi, pour demander à la direction de l'Université Laval de rétablir à six millions de dollars le budget d'acquisition de la Bibliothèque et de le majorer en fonction de la hausse du coût des livres et des périodiques.
En adoptant en juin 1997 son budget pour l'année 1998-1999, l'Université, rappelons-le, a réduit à quatre millions le budget d'acquisition de la Bibliothèque en assortissant cette mesure d'un mécanisme d'appariement qui fait appel à la contribution des facultés. Douze d'entre elles incluant maintenant la Faculté des sciences sociales ont confirmé jusqu'à présent leur participation, pour un montant totalisant 280 000 $, ce qui est encore loin de l'objectif fixé à un million de dollars.
Le fond du baril
La marche de vendredi dernier, qui s'est déroulée sous
le thème "La Bibliothèque brûle!", était
organisée par le Groupe-Action Bibliothèque, une initiative
de la Confédération des associations d'étudiants et
d'étudiantes de l'Université Laval (CADEUL). Le cortège
de manifestants s'est mis en branle en face du pavillon Louis-Jacques-Casault
et s'est déplacé ensuite en direction des pavillons Charles-De
Koninck, Alexandre-Vachon et Adrien-Pouliot pour aboutir, vers 13 h 50,
devant l'entrée du pavillon Jean-Charles-Bonenfant, lequel abrite
la Bibliothèque.
Brandissant tantôt des pancartes décriant bien haut "La bibliohèque est en feu, deux millions de dommages", "Le savoir s'en va en fumée" ou "Feu notre savoir", scandant tantôt "Éducation, Éducation, Éducation", les marcheurs se sont fait accueillir en fin de parcours par quatre étudiants personnifiant des administrateurs manifestement sur place pour "attiser" le mécontentement, voire l'ire des revendicateurs. Une dizaine de minutes durant, l'un des membres du quatuor provocateur s'est plu à lancer, à travers son mégaphone, des propos "incendiaires" du genre "L'important, c'est l'équilibre budgétaire: l'éducation passe après", pendant que ses comparses s'apprêtaient à faire brûler des volumes dans un baril.
Sous-financement pointé du doigt
Quelques minutes auparavant, le président de la CADEUL avait
donné tout son sens à ce geste symbolique d'incinération:
"Il faut faire vite. La Bibliothèque brûle. Si nous n'agissons
pas, le feu menace le reste de notre université", avait averti
Simon-Pierre Pouliot à l'occasion d'une conférence de presse
qui se tenait dans le casse-croûte du pavillon Jean-Charles-Bonenfant.
La CADEUL demande certes que le Conseil d'administration de l'Université ramène le budget d'acquisition de la Bibliothèque à son niveau précédent tout en l'indexant, mais elle exige de plus que le CA garantisse "les ressources humaines nécessaires à l'amélioration du fonctionnement de la Bibliothèque".
"La situation que subit la Bibliothèque n'est qu'un symptôme du problème beaucoup plus large avec lequel les universités québécoises doivent composer: le manque de ressources. Il ne saurait ainsi être question de jeter uniquement la pierre à l'administration pour les compressions qui sévissent dans les divers postes budgétaires de l'Université Laval", a souligné Simon-Pierre Pouliot. Le président de la CADEUL croit d'ailleurs que la lutte pour préserver la qualité de la Bibliothèque n'est qu'une première étape vers le retour d'un financement gouvernemental adéquat pour les universités.