3 décembre 1998 |
Débat
À l'ordre du jour du débat organisé par les étudiants de la Faculté de droit, le 25 novembre, figurait la question suivante: "Les syndicats sont-ils devenus l'ennemi des jeunes?". Comme l'a fait remarquer une étudiante lors de la période de questions clôturant le débat, on y a discuté de beaucoup de choses - mais bien peu des jeunes - qui étaient pourtant venus en masse à la salle OB du pavillon Charles-De Koninck afin d'assister à "l'affrontement" promis entre Réjean Breton, professeur à la Faculté de droit et ennemi déclaré du syndicalisme et Léo-Paul Lauzon, professeur d'économie à l'UQAM.
Premier à prendre la parole, Léo-Paul Lauzon a déclaré que la question au programme cachait un malaise plus profond, soit "un problème d'emploi": "Actuellement, l'idéologie dominante dans notre société consiste à s'en prendre aux autres. On entend ainsi dire que les immigrés représentent des ennemis pour les Québécois car ils viendraient voler leurs emplois. On dit la même chose des travailleurs de la fonction publique, lesquels empêcheraient les jeunes de prétendre à un emploi dans ce secteur. En même temps, les entreprises font des bénéfices records: la richesse est là, mais tout est canalisé par les détenteurs de capitaux."
Les jeunes sont exclus
Il n'en fallait pas plus pour déchaîner l'ire de Réjean
Breton, qui a clamé bien fort que si, à son avis, les Québécois
ne pouvaient rien contre les multinationales et la concurrence étrangère
- après tout, on ne peut pas empêcher les multinationales de
faire des profits - ils pouvaient cependant agir sur un certain nombre de
faits et que les efforts devaient justement porter là où on
pouvait exercer un contrôle quelconque, soit sur son propre terrain:
" Au Québec, il existe un demi-million de bons emplois à
l'abri de toute concurrence. On pourrait faire en sorte que ces jobs ne
soient pas réservés pour l'éternité à
une minorité. En fait, l'ancienneté, la permanence et les
monopoles syndicaux constituent les trois facteurs d'exclusion des jeunes
à l'emploi; les multinationales n'y sont pour rien dans le clivage
des blindés et des précaires. Actuellement, le gouvernement
donne des fortunes aux vieux du secteur public pour qu'ils arrêtent
de travailler; par conséquent, il n'a plus rien à offrir aux
jeunes qui n'ont d'autre choix que de se tourner vers des "jobines"."
Selon Léo-Paul Lauzon, l'absence de concurrence due à la fusion de banques et d'entreprises constitue une source de problèmes quant à l'avenir de l'emploi. Au niveau mondial, estime-t-il, on fera face à de puissants cartels où les travailleurs du monde entier se feront concurrence pour de petits emplois. Pour contrer les effets négatifs de cette situation, les Québécois ont le devoir de protéger leurs intérêts en empêchant le démantèlement de grandes entreprises comme Hydro-Québec, par exemple, ou encore en bloquant certaines transactions comme la vente de Provigo à "l'ontarienne Loblaws": "Il faut faire preuve de solidarité et se doter d'un parti qui desservira les intérêts supérieurs des Québécois, a lancé Léo-Paul Lauzon, prenant toute l'assemblée par surprise en cette veille d'élection. À cet effet, il faut voter pour le Parti démocratique socialiste." .