3 décembre 1998 |
On les rencontre de temps à autre, au hasard d'un croisement dans un corridor, dans le tunnel pour piétons ou sur le trottoir. Parfois on leur jette un regard attristé ou l'on ressent un certain malaise... ou encore, on ignore tout à fait que telle étudiante et tel étudiant font partie des quelque 800 000 Québécoises et Québécois handicapés vivant dans une société qui n'est pas toujours bien adaptée à leur situation.
L'Université Laval compte en son sein plus d'une centaine d'étudiantes et d'étudiants aux prises avec des handicaps plus ou moins sévères et pas toujours "visibles". Lors de la Semaine québécoise des personnes handicapées, qui se tient du 3 au 9 décembre sous le thème "L'accès: c'est l'autonomie...", les membres de la communauté universitaire auront l'occasion de se mettre dans la peau, pendant quelques instants, de celles et de ceux qui doivent vivre quotidiennement avec des limitations fonctionnelles.
Sensibiliser pour mieux comprendre
La responsable du volet "Accueil et intégration des personnes
handicapées étudiantes" du Service d'orientation et de
counseling, Anne-Louise Fournier, a en effet organisé, en collaboration
avec l'Association des étudiants handicapés de l'Université
Laval, une activité de sensibilisation qui permettra aux personnes
non handicapées d'expérimenter les restrictions causées
par certaines formes d'incapacité.
Ainsi il sera possible, le mercredi 9 décembre de 11 h à 14 h, d'effectuer, par exemple, un trajet chronométré en fauteuil roulant comportant des défis à surmonter dans l'agora du pavillon Alphonse-Desjardins ou de s'y promener les yeux bandés en essayant de se guider au moyen d'une canne. Les deux organismes organisateurs tiendront également sur place un stand d'information. "Notre activité n'a pas été mise sur pied pour prendre en pitié les étudiants handicapés, mais pour mieux les comprendre, explique Anne-Louise Fournier. Il faut prendre conscience aussi qu'ils ont de plus en plus leur place à l'Université Laval, à cause d'un meilleur accès."
L'Université possède d'ailleurs une bonne réputation dans ce domaine, ajoute la responsable, même si "chaque pavillon a ses petites choses à améliorer": "S'assurer que ne subsiste aucune barrière architecturale majeure exige un travail continu", avoue-t-elle.
Aide à la réussite scolaire
Connu depuis 1990 sous l'appellation de "Bureau d'accueil des personnes
handicapées étudiantes", relevant à l'époque
de la défunte Direction générale de la vie étudiante,
l'"Accueil et intégration des personnes handicapées étudiantes"
constitue, depuis le 1er juin 1998, le quatrième volet des activités
du Service d'orientation et de counseling, les autres étant consacrés
à la psychologie, à l'orientation et au métier d'étudiant.
"La fusion entre le Bureau et le SORC visait à mieux combler les attentes des étudiants handicapés en matière d'aide à la réussite scolaire (métier d'étudiant), par une meilleure évaluation de leurs besoins et une assistance adéquate", rappelle Anne-Louise Fournier. Le nouveau volet du Service d'orientation et de counseling offre divers services aux étudiantes et étudiants atteints par des limitations fonctionnelles majeures, comme des problèmes visuels, auditifs, organiques et moteur.
Ni discrimination ni privilèges
En plus de donner de l'information et d'évaluer les besoins liés
à chaque cas, la responsable du volet doit parfois, par exemple,
servir de lien entre le professeur, le département et l'étudiant
handicapé, ou intervenir quand il s'agit de régler une situation
mettant en cause l'accessibilité architecturale. Les problèmes
que Anne-Louise Fournier doit solutionner sont de tous ordres, selon le
type de handicap: tantôt elle s'occupera de faire traduire toutes
les notes et cours et les examens en braille pour un non-voyant, tantôt
elle engagera un interprète qui assistera un étudiant sourd
en classe, tantôt elle engagera un preneur de note ou un accompagnateur
pour aider un étudiant gravement handicapé, confiné
dans une chaise roulante.
"Nous devons nous assurer, en somme, qu'il n'y ait ni discrimination ni privilèges, d'où la nécessité de bien évaluer chacun des cas qui nous est présenté", de résumer la responsable du volet "Accueil et intégration des personnes handicapées étudiantes" du Service d'orientation et de counseling.