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3 décembre 1998 ![]() |
Des artistes - et des parents - jugés trop conservateurs
Les adolescents québécois raffolent des sons nouveaux, innovateurs, qu'ils ne retrouvent pas suffisamment dans la musique francophone, si ce n'est dans le hip hop. Ils reprochent également aux artistes de chez nous d'être trop conservateurs et de ne pas avoir su faire évoluer la musique des années 1960 et 1970.
Tels sont deux des jugements plutôt sévères que portent les ados francophones du Québec sur la musique d'expression française d'ici dans un mémoire intitulé La culture musicale des adolescents francophones du Québec, qu'a réalisé récemment Simon Gaudry, dans le cadre d'une maîtrise en sociologie. Son étude repose sur une analyse de la place qu'occupe la musique anglophone sur le marché et sur une série d'entrevues menées auprès de jeunes, âgés de 13 à 18 ans, de la région de Québec.
Un moyen d'affirmation
"Les adolescents associent directement la musique francophone à
celle qu'écoutaient et écoutent encore leurs parents. Comme
l'évolution des goûts musicaux constituent un des moyens d'affirmation
de la personnalité, la référence à la musique
anglophone devient une excellent façon pour les jeunes de se distinguer
de la culture parentale", explique par ailleurs Simon Gaudry, dont
la recherche porte, entre autres, sur les trois principaux facteurs qui
contribuent aujourd'hui à définir les goûts musicaux
des adolescents, soit le rejet de la culture musicale des parents, la consommation
de tout ce qui est nouveauté et les forces du marché anglophone.
Cette analyse sociologique révèle notamment que les jeunes Québécois préfèrent la musique altrenative-grunge et de plus en plus le hip-hop, et que les 15-17 ans sont les plus grands consommateurs de cassettes et les plus réceptifs à ce que les médias proposent aux auditeurs.
Question existentielle
Tout en constatant d'une part que l'étiquette du conservatisme
que les jeunes accolent à la musique francophone met un frein à
sa popularité, Simon Gaudry se demande d'autre part qui redonnera
la première place à la chanson québécoise d'expression
française: "Sachant que les goûts musicaux des adolescents
amateurs de musique sont définis à partir des modes musicales
médiatisées, les institutions concernées par la culture
musicale au Québec ne devraient-elles pas mettre en place des dispositifs
servant à modifier les paramètres de diffusion des oeuvres
musicales à la radio et à la télévision pour
que les jeunes d'ici s'identifient davantage aux modèles québécois
francophones ?"
Le mémoire de maîtrise La culture musicale des adolescents francophones du Québec met en évidence, selon son auteur, tous les éléments sociologiques, culturels et économiques déjà en place pour favoriser "une nouvelle ère de prospérité de la chanson québécoise".