26 novembre 1998 |
Infections, syndromes douloureux et hématomes, la "grande opération masculine" apporte son lot de petits problèmes. Sans oublier les recanalisations spontanées
La vasectomie a beau avoir acquis ses lettres de noblesse dans la pratique médicale, cette chirurgie entraîne encore son lot de petits bobos incommodants qui trouvent rarement une oreille sympathique dans l'entourage de l'éprouvé. Les chercheurs Michel Labrecque, Luc Bédard et Louise Laperrière. du Département de médecine familiale, viennent de publier, dans la revue Le médecin de famille canadien, une étude montrant que les complications qui suivent une vasectomie peuvent toucher jusqu'à 12 % des patients. "Ce ne sont cependant pas des complications graves, prévient Michel Labrecque. Un seul cas a nécessité une hospitalisation."
Menée auprès de 1 223 hommes de la région de Québec, l'étude comparait une méthode de vasectomie employée dans une clinique privée (ligature du canal avec agrafes métalliques) à celle utilisée dans une clinique d'hôpital (ligature avec brûlure de la lumière du canal). Toutes les vasectomies ont été exécutées par Michel Labrecque. "La méthode utilisée à la clinique de l'hôpital devait produire moins d'effets secondaires mais nous avons observé exactement le contraire", constate le chercheur. À la clinique privée, 5% des patients ont consulté pour une complication post-opératoire comparativement à 12% à la clinique de l'hôpital. Les problèmes post-opératoires observés allaient des douleurs non infectieuses aux infections en passant par des saignements internes (hématomes). "La méthodologie de l'étude ne nous permet pas de conclure qu'une technique est supérieure à l'autre mais comme les données vont à l'encontre des résultats anticipés, il vaudrait la peine de creuser la question", estime Michel Labrecque.
Dans les deux cliniques, l'extraction du canal déférent était pratiquée à l'aide de la vasectomie sans bistouri. Cette technique d'origine chinoise entraîne moins de saignements et de complications que la vasectomie conventionnelle puisqu'elle ne nécessite pas d'incision. Après avoir soigneusement anesthésié la délicate partie de l'anatomie masculine, le médecin pratique une petite ouverture dans le scrotum à l'aide d'une pince chirurgicale aux extrémités acérées. Par la suite, l'ouverture est progressivement agrandie à l'aide des extrémités de la pince. Toute l'intervention s'effectue par une seule ouverture si petite qu'il n'est pas nécessaire de faire de points de suture pour la refermer. "La vasectomie sans bistouri a amené des améliorations considérables, dit Michel Labrecque. La fréquence des hématomes et des infections est trois fois plus basse que lorsqu'on a recours à la méthode conventionnelle avec le bistouri."
Enfin, une dernière complication non négligeable: 3 % des patients opérés à la clinique de l'hôpital et 1,2 % des patients de la clinique privée ont eu une recanalisation spontanée des canaux déférents, c'est-à-dire qu'ils sont redevenus fertiles. Chiffre plus inquiétant encore, le tiers des hommes vasectomisés ne sont pas revenus subir le spermogramme post-opératoire servant à confirmer le succès de l'opération. "J'ai beau répéter à mes patients qu'il vaut mieux qu'ils apprennent que l'intervention n'a pas fonctionné par un test de sperme que par un test de grossesse, plusieurs négligent quand même de revenir pour le spermogramme", déplore Michel Labrecque.