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19 novembre 1998 ![]() |
L'âge et le type de chirurgie constituent des éléments clés dans le degré de détresse psychologique ressentie par les femmes à la suite d'un cancer du sein
La mastectomie partielle est associée à un niveau de détresse psychologique plus faible que l'ablation complète d'un sein chez les femmes de moins de 50 ans. À l'opposé, chez les femmes plus âgées, l'ablation partielle du sein serait associée à un niveau de détresse psychologique plus élevé. Voilà les surprenantes conclusions que les chercheurs Michel Dorval, Elizabeth Maunsell, Luc Deschênes et Jacques Brisson, du Groupe de recherche en épidémiologie, publient cette semaine dans la dernière édition de la revue américaine Cancer. Leurs résultats, qui couvrent une période de huit années suivant le diagnostic de cancer du sein, tranchent avec les conclusions d'études menées antérieurement par d'autres chercheurs qui avaient comparé l'impact du type de chirurgie sur la qualité de vie des patientes sans tenir compte de leur âge. Lorsque l'âge est pris en considération dans les analyses, non seulement trouve-t-on que le type de chirurgie a un effet, mais que cet effet change en fonction de l'âge des patientes.
Ces résultats suggèrent que le recours accru à la mastectomie partielle atténueraient les effets négatifs d'un cancer du sein chez les femmes plus jeunes. "Nous ignorons quelle en est la cause exacte mais il se peut que l'image corporelle soit plus importante chez les femmes pendant cette période de leur vie", avance Elizabeth Maunsell. Les résultats observés chez les femmes plus âgées suggèrent que la mastectomie totale peut être appropriée si le choix de cette chirurgie est exercé librement et de façon éclairée. "Il serait quand même important de s'assurer que les patientes ne pensent pas que la mastectomie totale est un meilleur traitement ou qu'elles sont mieux protégées contre une récidive du cancer car le taux de survie des femmes qui ont eu une mastectomie partielle accompagnée de radiothérapie est similaire à celui des femmes qui ont une mastectomie totale", précise-t-elle.
Les chercheurs sont arrivés à ces conclusions après avoir étudié deux groupes de 47 et de 77 femmes qui avaient respectivement subi une mastectomie partielle ou totale en 1984. Ils ont revu ces femmes trois mois, dix-huit mois et huit ans après le diagnostic de cancer afin d'évaluer leur qualité de vie et leur détresse psychologique.
Autre élément significatif de l'étude, les chercheurs ont noté une baisse de la détresse psychologique au cours des huit années qui ont suivi le diagnostic de cancer du sein, peu importe l'âge ou le type de chirurgie pratiquée sur la patiente. Après huit ans, la proportion de patientes éprouvant un haut degré de détresse psychologique était comparable à ce qu'on retrouve chez les femmes qui n'ont jamais eu de cancer.
Aujourd'hui, dans certains centres hospitaliers, jusqu'à 75 % des femmes atteintes d'un cancer du sein ont une mastectomie partielle. Il y a 15 ans, cette chirurgie était encore considérée comme expérimentale et elle n'était pratiquée que dans 33 % des cas.