![]() |
5 novembre 1998 ![]() |
Exposition
Deux étudiantes en communication graphique, Diane Girard et Amélie Dionne, proposent, ensemble, une soixantaine de photographies plongées au révélateur de la différence
C'est sous le thème de la différence que Diane Girard et Amélie Dionne ont choisi de présenter au regard du public une soixantaine de leurs oeuvres photographiques récentes. Dans leur exposition, intitulée à juste titre Différence exposant 2, on constate en effet une opposition marquée entre les approches artistiques de ces deux étudiantes en communication graphique: la première privilégie la spontanéité, tandis que la deuxième mise sur l'aspect rationnel et ordonné des choses. Les fruits de ce travail tout en contrastes est présenté du 2 au 13 novembre, à la Salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins.
L'oeil de Diane Girard se pose sur les gens et les événements de la vie quotidienne. La photographe se décrit davantage comme un témoin des sentiments humains et une observatrice des événements et des paysages que comme une artiste misant sur les décors ou sur la mise en scène. Amélie Dionne, quant à elle, privilégie d'abord et avant tout la réflexion dans la composition graphique de ses oeuvres. Une réflexion qui s'effectue en plusieurs étapes menant à la création d'images sobres, épurées et innovatrices, ayant parfois comme point de départ un objet, un mot ou une simple lettre.
"Mon style, contrairement à celui d'Amélie, est très spontané. J'ai toujours l'oeil ouvert et l'appareil en main", raconte Diane Girard, qui est passé par l'École de photographie du Cégep de Matane. "Je cherche à transmettre dans mes photographies les émotions furtives que j'observe chez les gens. La plupart de mes oeuvres sont donc des constats de la réalité à l'état pur." Cette réalité est d'ailleurs palpable dans sa série de portraits intitulée Les ouvriers du charbon de bois. Prises sur une période de deux ans, dans le cadre d'un "reportage" à Pont-Rouge, ces photographies témoignent avec sensibilité de la vie difficile des travailleurs des mines de charbon avec, en toile de fond, la noirceur, la fumée et la poussière.
La vie fracturée
Pour faire ses portraits, Diane Girard a besoin de bien connaître
ses sujets: "Je dois savoir ce que les gens pensent, ce qu'ils ont
vécu, ce à quoi ils aspirent." C'est cette relation privilégiée,
développée grâce à de nombreuses rencontres avec
les sujets de ses portraits, qui lui permet de saisir sur le vif les aspects
émotifs et parfois dramatiques de la vie humaine. Sa série
de photos intitulée Fractures témoigne également de
la grande sensibilité de la photographe: "J'ai voulu, explique-t-elle,
exprimer en photographie la terrible douleur qu'a subie une personne de
ma famille à la suite d'un grave accident de voiture". Par des
symboles visuels tout à fait éloquents réalisés
à l'aide de diapositives brûlées, projetées sur
un corps nu avant la prise de photos Diane Girard a en effet su reproduire
sur la pellicule les traumatismes de la victime. La photographe présente
également dans cette exposition une étonnante série
de photographies de paysages et de portraits réalisée à
l'aide de films sensibles aux rayons infrarouges. L'effet d'image en négatif
qui en résulte est saisissant.
Une rigueur alchimique
C'est lors de ses passages à l'École d'architecture de
l'Université Laval, dans le Vieux-Québec, qu'Amélie
Dionne a fait l'intrigante découverte de l'escalier Saint-Joseph.
Celui-ci figure au centre d'une séduisante série de huit photos
en noir et blanc intitulée L'esprit des lieux. On retrouve dans le
cadrage et dans les prises de vue cette rigueur et cette simplicité
chères à l'artiste. "C'est la composition architecturale
de l'escalier qui a été ma source d'inspiration. Je cherchais
à recréer, avec rythme et précision, l'aspect religieux,
historique et austère qui se dégageait des courbes et des
droites de cette pièce architecturale", précise-t-elle.
Avec la lettre H comme point de départ, la photographe de 22 ans a aussi créé une intrigante série de photographies portant sur le thème de l'hermétisme. Après une importante recherche livresque sur la signification de ce mot et de ses dérivés, elle a entrepris de représenter l'origine mystique de cette doctrine de l'alchimie ainsi que le caractère obscur et inaccessible des choses et des personnes que l'on qualifie d'hermétiques. Les huit photographies de cette série, dans laquelle figurent différentes représentations de la lettre H ainsi que des petits pots de verre hermétiquement fermés, constituent autant d'étapes dans la réflexion de l'artiste. "On me dit que mon travail est très intellectuel, affirme Amélie Dionne en souriant. Il est vrai que j'ai besoin dès le départ de connaître toutes les possibilités qu'offre mon sujet. Je fais donc beaucoup de recherches documentaires et même linguistiques avant de faire mes photos. Ce sont généralement les mots et les idées qui se dégagent de mon sujet qui me guident pour établir le cadre formel de mes oeuvres."
L'exposition Différence exposant2 se tient du 2 au 13 novembre, à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins. Les heures d'ouverture sont, du lundi au vendredi, de 19 h à 17 h.