![]() |
5 novembre 1998 ![]() |
ABOLISSONS LES DETTES DES PAYS PAUVRES
À l'échelle mondiale, la pauvreté augmente: 80
% de la population survit avec 17 % des ressources disponibles. Le phénomène
de mondialisation de l'économie n'est pas étranger à
cet appauvrissement. Car, il faut en prendre conscience, les règles
du marché qui sous-tendent la mondialisation ne sont acceptables
qu'entre pays dont les économies se comparent et qui possèdent
le même niveau de puissance.
Dans les pays industrialisés, l'État possède habituellement la capacité de payer ses dettes d'autant plus que celles-ci sont surtout intérieures (prêts contractés auprès de banques nationales ou auprès des résidents par le biais, entre autres, d'obligations d'épargne). Dans les pays en voie de développement, presque toutes les dettes sont extérieures (prêts contractés auprès de banques ou de pays étrangers, ou d'institutions internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International). Ces prêts faramineux ont souvent été consentis à des pouvoirs politiques peu fiables. Dans ces cas, l'argent emprunté est retourné aux banques des pays prêteurs par voie de corruption ou par l'achat de biens et d'équipements qui ne servent pas aux populations cibles mais qui contribuent plutôt au "mal-développement" et à la désorganisation des économies de ces pays.
Sur chaque dollar versé par les pays du Nord, ceux-ci en reçoivent trois du Sud en intérêt sur la dette. Les gestes de "charité" faits à grands renforts de publicité à l'endroit des pays en voie de développement ne constituent qu'une partie de ce qu'on leur doit. On est donc obligé de reconnaître qu'il y a plus d'argent tranféré du Sud vers le Nord que du Nord vers le Sud.
"Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires" (extrait de l'article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme). À cause de cela, l'organisme Développement et Paix, en collaboration avec plusieurs associations internationales, demande aux dirigeants des pays créanciers d'abolir les dettes des pays les plus pauvres d'ici l'an 2000. Il est également recommandé que cette annulation s'accompagne d'investissements dans le domaine de la santé et de l'éducation. De cette façon, il y aura une véritable contribution au développement durable.
Concrètement, cette demande prend la forme d'une pétition qui sera remise en juin 1999 aux chefs d'Etat du G-8 lors de leur sommet à Cologne. Des kiosques d'information seront installés sur le campus pour vous permettre d'en savoir un peu plus sur cette question et, surtout, pour vous permettre de prendre connaissance de la pétition et, bien sûr, de la signer. Nos kiosques seront sur le campus le mardi 10 novembre et le mercredi 11 novembre, de 11 h à 14 h, au niveau 0 du pavillon Charles-De-Koninck, et le jeudi 12 novembre, de 11 h à 14 h, au rez-de-chaussée du pavillon Alphonse-Desjardins.
UNE QUESTION DE CONFIANCE
La campagne électorale vient d'être lancée. Sa durée
réduite y gagnera en intensité. Pour qui voter et pourquoi
? Le choix entre deux visions de la société québécoise
s'offre à nous. Si, vous voulez reprendre les éternelles discussions
sur la Constitution, les éternelles chicanes, refus, retraits, abondons,
vous savez à qui "faire confiance"...Vous êtes certains
d'en avoir pour votre argent.
La majorité des Québécois s'en foutent, de la Constitution. Caractère unique, société distincte, foyer culturel, tout cela ne les empêche pas de s'inquiéter pour leur santé et leur emploi. Les besoins immédiats sont plus pressants que de disserter sur l'être et le non être. Nous en avons ras-le-bol. Si vous voulez vous faire "écoeurer" avec un autre référendum (le troisième), vous savez à qui "faire confiance"... Vous l'aurez voulu, et alors, les déchirements entre nous reprendront de plus belle. La lutte continuera de nous diviser: francophones, allophones, anglophones et amérindiens.
Si vous voulez continuer à vous faire "plumer" dans la santé, à attendre dans les hôpitaux, à voir notre système se détériorer pour devenir de seconde classe, vous savez à qui "faire confiance".
Ils veulent votre "confiance" pour continuer à démolir notre système de santé, à couper les démunis, les plus faibles de notre société. Ils veulent votre "confiance" continuer à gaspiller vos impôts en achetant à prix fort ce qui ne fonctionne plus. Ils veulent votre "confiance" pour que vous fermiez les yeux et la bouche - j'allais dire la gueule, mais ce n'est pas poli. Comme dans la chanson, ils pourront dire: "Tu l'as voulu... tu l'as eu!" J'espère que notre devise, "Je me souviens", sera vraiment la nôtre pendant ce temps de belles promesses. Souhaitons que les Québécois n'aient pas de "blancs de mémoire"...
Vous me direz que les promesses fusent de deux bords, c'est vrai. Nous ne croyons plus au Père Noël, qu'il soit libéral ou péquiste. Le gouvernement ne peut pas dépenser plus qu'il n'est capable. Les fonds publics ne sont pas inépuisables. Tout le monde le sait. Pas besoin d'avoir un doctorat, ni d'être ministre des finances, pour s'en apercevoir...
Mais une chose différencie les deux partis en cause, c'est leur option. L'un est séparatiste et veut un autre référendum, l'autre est fédéraliste et veut un rapprochement avec les neuf partenaires de la Fédération. Et nous avons "confiance" qu'il peut y arriver, parce qu'il n'est pas obsédé par la brisure du Canada. Il a l'esprit ouvert à tout changement, même minime...
Si vous voulez la paix, pendant au moins quatre ans, et enlever l'épée de Damoclès suspendue au dessus de nos têtes, faites "confiance" au bon parti. N'oubliez pas, chers Québécois(es), que vous êtes à 65 % à vouloir conserver un lien avec les autres partenaires canadiens, et que seulement 14 % d'entre nous se considèrent uniquement québécois. Comme elle fait du bruit, cette petite gang! Allons, sortez des placards et montrez-leur que vous êtes encore vivants, n'ayez pas peur! Car ils crient d'autant plus fort, qu'ils se sentent faibles. Méfiez-vous de ce parti, car ce ne sont pas des "gens de parole". Ils l'ont prouvé très souvent.
UN PROJET HUMANITAIRE AU PÉROU
Travailler auprès de femmes et d'enfants dans des villages péruviens,
voilà ce que nous avons vécu pendant un mois au cours de l'été
dernier. Nous, c'est ÐEl Refuerzo - Le Renfort": un groupe dynamique
de onze étudiantes de Québec et de Montréal aux formations
et intérêts divers qui, après six mois de préparation,
s'est rendu dans la région de Cañete, en bordure de l'Océan
Pacifique, à 145 km au sud de Lima. Là, notre rôle était
de donner un coup de main à Condoray, un centre d'aide au développement
de la femme en milieu rural, qui oeuvre depuis déjà 35 ans.
Concrètement, notre tâche comportait un aspect de travail
manuel et un aspect davantage éducatif. Nous avons travaillé
dans quatre villages à dispenser des cours de couture, d'hygiène
et de nutrition et des collations nutritives aux enfants. À Villa
el Carmen, un des villages les plus démunis, nous avons peinturé
et décoré les nouveaux locaux qui feront office de classes
pour les femmes et d'une garderie pour les enfants.
La richesse des contacts humains, la générosité des Péruviens et leur sourire nous ont appris énormément sur le sens de la vie, sur la solidarité et le dépassement. On revient avec un horizon élargi, avec l'impression d'avoir reçu plus que ce qu'on a donné. Il nous semble maintenant qu'il y a tant de choses à changer dans notre milieu! "El Refuerzo", c'est du partage, de l'engagement personnel, du goût de l'aventure et du travail. Certaines qualités sont requises chez les participantes pour la réussite d'un tel projet: l'esprit de groupe, la maturité, l'équilibre personnel, l'ouverture d'esprit et une certaine endurance physique.
Pendant le présent trimestre d'automne, les futures candidates seront recrutées. Un temps de formation est prévu à l'hiver, suivi du séjour au Pérou à l'été. Pour plus d'informations, communiquez avec Emma Garon au numéro de téléphone 658-8584.
LA FRANCE DÉSERTRICE
Dans Le Devoir du 31 octobre (page A-7): constat d'un autre acte destructeur
de culture et de nations commis directement depuis l'ombilic même,
ou matrice, de la Francité mondiale. Carton d'invitation: M. Claude
Lorius, du CNRS, donne à Montréal ce lundi 2 novembre une
conférence en anglais sur le... "Climatic Change ". Ce
fils de la matrie des Diderot et des Pasteur ne discourt pas en l'occasion,
ce qui le cas échéant eût été bien sûr
aimable pour son auditoire, dans les cités de New York, Sydney, Vancouver
ou Nottingham. Non point! Ce citoyen de l'Hexagone à Montréal,
métropole du seul État français d'Amérique,
dans une université alimentée par les deniers publics de ce
même État s'adresse aux Québécois dans
l'idiome de Conrad Black et de Diane Francis. Et magnanime avec ça:
le conférencier, est-il indiqué, répondra en français
aux questions posées dans "cette" langue...
Fait anodin sinon normal, voire évident, entre mille autres semblables depuis quelques années et au nombre desquels il faut compter les déclarations publiques récentes du Premier ministre Jospin eu égard à la langue de Wellington ainsi que celles, analogues, de son ministre de l'Éducation nationale Claude Allègre. Car, en effet, il ne s'agit pas ici de monter le "ca" Lorius en épingle homme sans doute estimable et que d'ailleurs je ne connais d'aucune façon. Bien au contraire! Il faut dire, redire et dénoncer combien une si aberrante situation est maintenant devenue monnaie courante.
Voilà où en est désormais l'asservissement de la francité: des francophones qui optent pour l'englissement jusque dans leurs communications avec des homolingues français. Et ce jusqu'au coeur sans coeur de Paris, Bruxelles ou Genève. Et Mount Tréal.
Je ne sais si la Francité peut encore rêver à un avenir. Je sais toutefois qu'il ne faut plus compter sur les descendants de Louis XIV et de Napoléon pour la perpétuer et lui promettre fermement renaissance (on aurait envie d'ajouter..:) dans l'honneur et l'enthousiasme. Mais pour quelle France le De Gaulle du 18 juin s'est-il levé? Pour quelle France les Jean Moulin ont-ils, dans l'atrocité, donné leur vie? Pour quelle France les Saint-Exupéry et les Malraux se sont-il battus? Le mot "dignité" a-t-il encore un sens chez les enfants de Jeanne la pucelle?
Il faut sans doute comprendre que ce n'est plus strictement en Amérique que le sort du français palpite entre les mains et dans la volonté des seul/es Québécois/es. Largué par ses pères, à peine devenus aujourd'hui ses pairs, c'est l'avenir de la Francité tout entière qui s'inquiète dans l'âme du Québec. D'où par là même, et en conséquence, l'Humanité qui frayeurement désormais de la rose à la sclérose hésite devant l'alternative entre la beauté de la différence et l'asphyxie du laminage et de l'uniformisation. Entre la Vie et la reminéralisation du monde.
Un Québec fort, français et indépendant, ce sera moins un plaisir onanismique local que surtout l'espoir oxygénant pour tous les hommes et les peuples de lendemains moins asservissants.