29 octobre 1998 |
L'Espace René-Richard inauguré au pavillon J.-A. DeSève
Un lieu exceptionnel dédié à la mémoire du peintre René Richard a été dévoilé officiellement au grand public, le 19 octobre, lors de l'inauguration de l'Espace René-Richard, au pavillon J.-A.DeSève. Dans le hall de ce pavillon trône en effet une imposante oeuvre structurale évoquant le célèbre canot du peintre des grands espaces. Cette immense structure en bois, s'élevant sur plus de deux étages, représente la membrane d'une embarcation dans laquelle ont été aménagés cinq espaces encadrant autant d'oeuvres de l'illustre et prolifique peintre québécois d'origine suisse.
En 1996, l'École d'architecture et la Fondation René-Richard proposaient à 17 étudiants, dans le cadre d'un atelier de composition architecturale, le projet de réaliser un espace représentatif de l'oeuvre et de la vie du peintre "coureur des bois" décédé en 1982. Les étudiants du professeur et architecte Claude Bélanger devaient imaginer une pièce architecturale qui, par son ambiance, sa configuration et les matériaux choisis, exprimerait la personnalité de l'artiste et la spécificité de sa production artistique. Parmi les 17 projets soumis à ce concours, le jury a retenu à l'unanimité la création d'Annie Forand. La force de son concept, qui allie élégance et robustesse, et l'appel à la pluridisciplinarité dans sa réalisation ont conquis les membres du jury.
Une idée "sur le terrain"
"Nous avons beaucoup étudié les oeuvres de René
Richard et nous sommes allés visiter la maison qu'il habitait à
Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix", explique Annie Forand, titulaire
d'un baccalauréat en architecture. "C'est le canot du peintre,
suspendu dans son atelier, qui a été ma source d'inspiration.
En privilégiant cet objet qui a longtemps fait partie de sa vie quotidienne,
je pouvais illustrer ce qui était au coeur de sa vie et de son oeuvre:
la forêt, l'eau, la liberté, les voyages et le Grand-Nord québécois.
De plus, le matériau allait donner une chaleur au hall un peu froid
de ce pavillon." Des mots de René Richard, gravés en
lettres d'or, ornent la partie supérieure de cette pièce,
alliant ainsi, dans un concept multidisciplinaire, littérature, architecture
et peinture. Les citations, choisies par l'étudiante, sont extraites
du récit autobiographique du peintre intitulé Ma vie passée,
publié aux éditions Art Global.
Le peintre des grands mouvements
Né en 1895 à la Chaux-De-Fonds, en Suisse, René
Richard s'est initié dès 1912 à la vie de coureur des
bois quelques années après son arrivée avec sa famille
à Cold Lake, en Alberta. Passionné par la liberté et
les grands espaces, il choisit de rompre avec les conventions sociales pour
vivre en solitaire et parcourir le Grand-Nord. Durant une douzaine d'années,
il fréquente les peuples autochtones et se fait trappeur afin de
subvenir à ses besoins. Sur son canot légendaire, il navigue
sur les eaux des fleuves Mackenzie et Churchill et sur les rivières
des territoires nordiques. C'est au cours de ces années de voyage
qu'il réalise de nombreux croquis de paysages qui deviendront ensuite
le thème central de son oeuvre. Après s'être établi
définitivement à Baie-Saint-Paul en 1940, René Richard
exécute, entre autres, une remarquable série d'huiles de grand
format à partir de ses croquis antérieurs. "René
Richard est un peintre des grands mouvements. Un homme qui parlait haut
et fort, et dont le désir de capter le moment présent commandait
une peinture rapide, exempte de détails. En ce sens, l'uvre d'Annie
Forand illustre merveilleusement bien ce mouvement, cette force de la nature
et de la parole", explique Cyril Simard, coordonnateur du projet et
secrétaire de la Fondation René-Richard.
À son décès, à l'âge de 86 ans, René Richard a fait don de sa collection de tableaux ainsi que d'une grande partie de sa fortune à l'Université Laval. La Fondation René-Richard, constituée conformément aux voeux de l'artiste, a pour objectif de stimuler la création artistique de la relève. La Fondation a donc profité de l'inauguration de l'Espace René-Richard pour remettre ses trois bourses annuelles René-Richard (3 000 $) destinées à des étudiants en arts visuels. Les bourses La Vigie et Louis-Garneau, offertes par les fondations du même nom et accordées à des étudiants en arts visuels, ont également été remises à cette occasion. "En investissant ce lieu hautement fréquenté et en y exposant quelques-unes des toiles de la collection universitaire, la Fondation René-Richard a la chance de faire connaître le peintre à un public extrêmement varié et d'assurer la pérennité de l'oeuvre de l'artiste", conclut Cyril Simard.