29 octobre 1998 |
L'Université Laval est d'avis que le Plan de consolidation de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de Québec contient des pistes de réflexion permettant de faire un pas de plus dans la réorganisation du réseau d'enseignement clinique universitaire. Toutefois, la proposition de reconfiguration de la Régie comporte des risques de traumatisme tellement importants que le projet ne peut être retenu. L'Université Laval suggère plutôt une proposition alternative, soit de mettre en place un véritable Consortium universitaire de santé (CUS). L'Université croit que cette proposition d'organisation, beaucoup moins complexe sur le plan administratif, sera plus efficace, comportera moins de coûts humains et permettra à la Régie de réaliser l'essentiel des objectifs prévus dans son Plan de consolidation.
Telle est, en substance, la proposition de l'Université Laval présentée le 21 octobre aux audiences sur le Plan de consolidation de la Régie régionale par le recteur François Tavenas, le vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes, Claude Godbout, et le doyen de la Faculté de médecine, Marc Desmeules. L'avantage majeur que l'Université voit à la formation d'un consortium est de dissocier la gestion des questions académiques de la gestion des activités courantes des hôpitaux. Par définition, le consortium ne gère pas un établissement, mais est avant tout une structure de concertation présidée par l'Université et destinée à gérer l'interface entre l'Université et les milieux de formation clinique.
L'Université ne se prononce pas sur la forme finale de ce CUS parce qu'elle poursuit sa réflexion. Le mémoire de 10 pages avance cependant diverses formes potentielles: modèle d'affiliation, modèle de consortium ou de réseau, modèle de fédération, modèle de corporation, modèle de conseil d'administration unifié et modèle de type holding.
Plus de concertation et d'harmonie
Peu importe le modèle qui serait retenu, l'Université
Laval croit que le conseil de direction du CUS devrait conserver néanmoins
une réelle capacité d'intervention dans la vie des institutions
parce qu'il se situerait au-dessus de la mêlée des intérêts
immédiats. À cet égard, il pourra favoriser la concertation
en matière de formation mais aussi contribuer au développement
harmonieux de la recherche clinique. Ce conseil de direction devra être
tripartite, regroupant: l'Université qui doit conserver une voix
prépondérante - en général, c'est le doyen de
la Faculté de médecine qui préside; les établissements
affiliés; le gouvernement. Ceci inclut des représentants de
la Régie régionale, un observateur du ministère de
l'Éducation et un observateur du ministère de la Santé
et des Services sociaux.
Pour le bon fonctionnement du CUS et du réseau des établissements universitaires de santé, précise le mémoire, il demeure essentiel de former un "noyau dur" qui devrait rapidement associer les services tertiaires des pavillons CHUL et Hôtel-Dieu de Québec ainsi que de l'Hôpital Laval. Le CHU serait ainsi constitué de trois pavillons universitaires et d'un pavillon de soins généraux et spécialisés (Saint-François d'Assise). Un second regroupement, de moindre envergure mais à caractère universitaire, serait constitué des activités tertiaires concentrées dans le pavillon Enfant-Jésus du CHA, cet établissement étant également doté d'un pavillon de soins généraux et spécialisés (Saint-Sacrement). Il y aurait ainsi deux pôles de regroupement des services tertiaires.
Quant au Centre mère-enfant, l'Université réitère son attachement à ce projet porteur de valeur ajoutée en termes de soins spécialisés, d'enseignement et de recherche et souligne l'urgence de sa mise sur pied. "Où qu'il soit localisé, le projet devra respecter les paramètres définis dans les plans fonctionnels et techniques préparés par le CHUQ en 1997", précise le mémoire.
L'Université Laval fait valoir notamment qu'un consortium présente la souplesse et la capacité d'adaptation qui permettront de tenir compte de l'évolution des pratiques professionnelles (virage ambulatoire, médecine de jour, chirurgie de jour, etc.) et de la variété des lieux de pratique pour les médecins et les autres professionnels de la santé (infirmières, pharmaciens, nutritionnistes, ergothérapeutes, physiothérapeutes, psychologues, travailleurs sociaux, etc.). L'adaptation de la formation aux exigences des services à rendre à la population requiert cette forme d'organisation qui n'entre nullement en compétition avec l'exigence d'un regroupement des activités tertiaires qui, pour leur part, sont associées aux programmes de formation les plus spécialisés et aux activités de recherche clinique et fondamentale.