29 octobre 1998 |
La majorité des gens de la région de Québec ignorent si l'eau qu'ils boivent contient du fluor
L'eau que vous consommez quotidiennement contient-elle du fluor? Hum... Vous l'ignorez? Consolez-vous en pensant que vous êtes en bonne compagnie. En effet, selon une enquête menée dans la région de Québec, 50 % des gens qui consomment quotidiennement de l'eau fluorée ne sont pas au courant de la chose. Par ailleurs, dans les villes qui n'ont pas recours à la fluoruration, seulement 13 % des répondants savent que leur eau est exempte de fluor et près de 35 % croient, à tort, que leur eau est fluorée.
Ces résultats sont tirés d'une étude que Patrick Levallois, du Département de médecine sociale et préventive, et ses collègues Jacques Grondin et Suzanne Gingras, du Centre de santé publique de Québec, ont menée auprès de 1 006 résidants de Québec et Sillery (eau fluorée) et de 1 003 personnes de Sainte-Foy et Lévis (eau non fluorée) en novembre 1994. Les chercheurs livrent les grandes conclusions de leur enquête dans un récent numéro de la Revue canadienne de santé publique
À peine un répondant sur cinq connaissait le principal avantage lié à l'utilisation des fluorures dans l'eau potable, soit la prévention de la carie dentaire. L'ajout de fluor dans l'eau est reconnu comme l'une des mesures de santé publique les plus simples et les plus économiques pour réduire la carie dentaire. Par ailleurs, moins de 3 % des répondants ont réussi à identifier le principal effet négatif de la fluoruration de l'eau, soit l'augmentation de la fluorose dentaire mineure. Ce problème, occasionné par une trop grande exposition au fluor, provoque l'apparition de petites taches sur les dents. Les fluoroses dentaires seraient en hausse chez les enfants résidant dans les municipalités qui ajoutent du fluor à leur eau. Le problème proviendrait de l'effet combiné des dentifrices fluorés, du traitement au fluor chez le dentiste, de la prise de suppléments alimentaires contenant du fluor ainsi que de la consommation d'eau fluorée.
L'éducation de la population par rapport à l'usage des fluorures est encore nécessaire, estime Patrick Levallois. Il faudrait mieux renseigner la population et les professionnels de la santé à ce sujet, surtout dans les villes où l'eau est fluorée. Les gens pourraient ainsi mieux régir l'exposition des enfants aux autres formes de fluor, notamment aux suppléments alimentaires.
"En tant que médecin, ces résultats m'ont surpris, admet Patrick Levallois. Après tous les débats passionnés suscités par la fluoruration de l'eau, j'aurais cru que plus de gens connaîtraient le statut de leur eau ainsi que les avantages et les inconvénients du fluor." À croire que l'eau qui coule des chantepleures a le pouvoir d'éteindre les passions.
JEAN HAMANN