29 octobre 1998 |
Informer un patient de son taux de cholestérol produit un effet immédiat sur ses habitudes alimentaires
Mesurer le taux de cholestérol d'un patient et l'informer précisément du résultat n'est pas du temps ou de l'argent perdu, bien au contraire. Une étude menée par cinq chercheurs de l'Université révèle que le fait d'informer une personne de sa cholestérolémie produit un effet immédiat sur son intention de changer ses habitudes alimentaires et un effet à moyen terme sur sa consommation de gras. Cette simple intervention pourrait donc être la première mesure à prendre pour promouvoir des habitudes alimentaires visant à prévenir les maladies cardio-vasculaires chez les personnes à risques, estiment les auteurs de l'étude.
Michèle Aubin, Jean Maziade, Raymond Desharnais et Lucie Vézina, de la Faculté de médecine et Gaston Godin, de la Faculté des sciences infirmières, ont recruté, dans des unités de médecine familiale, quelque 400 personnes de 18 à 65 ans qui n'avaient aucune connaissance préalable de leur taux de cholestérol. Tous les participants devaient compléter un questionnaire portant sur leur profil de risque cardio-vasculaire, leur consommation de gras et leur intention de réduire leur consommation en gras au cours des trois mois qui suivaient. Les participants du groupe témoin devaient compléter ce questionnaire avant de recevoir les résultats de leur test de cholestérol. De leur côté, les participants du groupe expérimental étaient informés du résultat avant de compléter le questionnaire. Enfin, les médecins remettaient à chaque participant, peu importe le résultat de son test, une brochure présentant les notions de base d'un régime faible en matières grasses.
Le profil type
Parmi l'ensemble des participants, 56 % avaient un taux de cholestérol
normal, 28 % avaient un taux légèrement anormal et 16 % avaient
un taux carrément anormal. "Ça correspond à peu
près au profil de distribution retrouvé dans la population
canadienne", précise Jean Maziade. Les chercheurs ont constaté
que les patients qui savaient, au moment de compléter le questionnaire,
que leur taux de cholestérol était anormal ont exprimé
une plus forte intention de changer leurs habitudes alimentaires. Plus le
taux de cholestérol était élevé, plus l'intention
de changer était forte. "Ceci signifie qu'avant même d'avoir
reçu des renseignements sur l'alimentation, ces patients étaient
motivés à adopter un régime faible en gras", constatent
les chercheurs dans l'article qu'ils publient sur le sujet dans un récent
numéro du Médecin de famille canadien. Dans le groupe
témoin, cette intention était constante pour tous et d'une
intensité similaire à celle exprimée par les individus
du groupe expérimental qui avaient un taux de cholestérol
normal.
Trois mois après le test, tous les participants avaient réduit leur consommation quotidienne de gras. Cette réduction a atteint 14 %, 28 % et 34 % respectivement chez les patients qui avaient un taux de cholestérol normal, légèrement anormal ou carrément anormal. "Ces résultats ne nous ont pas vraiment surpris mais l'impact de connaître son taux de cholestérol n'avait jamais été quantifié jusqu'à maintenant, précise Jean Maziade. Notre étude montre aux médecins que c'est efficace de donner le taux de cholestérol lors de leurs interventions de counseling auprès des patients. Ceux-ci se sentent alors plus impliqués et les décisions qu'ils prennent par la suite peuvent avoir une influence significative sur leur taux de cholestérol et sur leur santé."