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15 octobre 1998 ![]() |
D'accord, le golf peut difficilement être catalogué parmi les sports extrêmes. Comparé à d'autres activités telles que le jogging, le tennis, la natation, le cross-country ou le ski alpin, le golf est considéré comme une activité physique un peu "pépère" ou, plus scientifiquement, "à risque modéré pour les traumatismes sportifs". Mais, comme ce sport est maintenant pratiqué par 18 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus et que, pour plusieurs d'entre eux, il s'agit souvent de leur principal, sinon de leur unique loisir, il serait sage d'appliquer au golf les mêmes mesures de prévention que celles préconisées pour les autres sports. Voilà le point de vue que défendent Germain Thériault et Pierre Lachance du Département d'éducation physique dans un article synthèse sur les blessures au golf qu'ils viennent de rédiger, à la demande de l'éditeur, pour la revue scientifique néo-zélandaise Sports Medicine.
Du 160 km à l'heure
À partir de leurs propres travaux et d'une recension
des autres études réalisées sur la question,
les deux chercheurs ont dressé l'inventaire des bobos,
petits et gros, qui affligent les apôtres du tertre. Mis
à part les rares occasions où un joueur est atteint
par la balle ou le bâton d'un autre joueur (involontairement
bien sûr!), c'est lors de l'élan que surviennent
les blessures sur un terrain de golf. Même si le golf n'est
pas un sport de contact, il comporte des mouvements de rotation
assez violents. Au moment de l'élan, la vitesse du bout
du bâton atteint 160 km/heure ce qui occasionne des stress
biomécaniques importants.
Lors d'une étude effectuée auprès de 600 golfeurs amateurs de la région de Québec, Germain Thériault, Mylène Gadoury et Éric Lacoste ont constaté que 25% d'entre eux avaient déjà subi une blessure en pratiquant leur sport (ce chiffre atteint 89% chez les pros). Leur étude signalait de plus que les amateurs avaient subi, en moyenne, 1,2 blessure au cours de leur carrière, contre 1,7 chez les pros.
Les différences entre amateurs et professionnels ne s'arrêtent pas là. Les pros semblent particulièrement vulnérables au niveau de la région main/poignet (37% des blessures), de la colonne vertébrale (30%) et de l'épaule (9%). Chez les amateurs, la colonne (30%), le coude (20%) et la région main/poignet (20%) constituent les principaux talons d'Achille. Chez les pros, 80% des blessures semblent dues à un surdosage (répétition excessive des mêmes mouvements) et 17% à des erreurs techniques. Aucune blessure ne semble attribuable à l'absence d'échauffement. À l'opposé, chez les amateurs, plus de 60% des blessures sont causées par des erreurs techniques, 20% au surdosage et 8% à l'absence d'échauffement. "Ces variations s'expliquent par des différences au plan des habiletés techniques et aussi par le fait que les pros pratiquent entre 6 et 10 heures par jour, presque tous les jours, alors que les amateurs jouent en moyenne 15 heures par semaine, avancent les chercheurs.
Fore!
Une bonne partie de ces blessures pourraient être évitées
par une mise
en forme pré-saison et par un programme régulier
d'entraînement spécifique au golf, incluant des
exercices de force musculaire et de flexibilité ainsi qu'une
composante aérobique. De plus, plusieurs golfeurs amateurs
auraient intérêt à prendre des leçons
afin d'harmoniser leur geste d'élan à leurs capacités
et à leurs limites. "En général, ceux
qui ont suivi moins de cours ont davantage tendance à se
retrouver sur la liste des blessés au cours d'une saison",
signale Germain Thériault.
Enfin, le simple fait de s'échauffer avant une partie réduirait de moitié les risques de blessures, selon l'étude effectuée par l'équipe de Germain Thériault. Au cours d'une saison, la fréquence des blessures chez les joueurs qui ont suivi fidèlement un programme d'échauffement spécifique au golf se situe à environ 6 % contre 13 % chez ceux qui n'ont pas fait le programme. Fait étonnant, les golfeurs qui mettent en pratique un programme d'échauffement de leur cru se blessent tout aussi souvent que ceux qui ne s'échauffent pas du tout!