8 octobre 1998 |
POSITION DU SCCCUL DANS LE DOSSIER DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS À PART DE TEMPS
Comme vous le savez, les personnes chargées de cours de l'Université Laval ont signé, le 6 mai 1998, leur nouvelle convention collective. Vous avez pu constater qu'elle permet l'engagement, à temps partiel et à temps complet ("à part de temps"), de chargés de cours. Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l'Université Laval (SCCCUL) tient à faire le point sur ce type d'engagement, de façon à éviter que ne s'installe la plus parfaite confusion. En fait, des éclaircissements s'imposent pour toutes ces personnes qui souhaitent, ou craignent, que les chargés de cours engagés à forfait soient remplacés par ceux qui obtiennent des contrats à part de temps.
Dans une récente parution du Spultin (16 septembre 199), on pouvait lire ceci: "L'engagement de chargées et chargés de cours à part de temps est un précédent qui pourrait avoir de lourdes conséquences à moyen terme, notamment en empêchant l'engagement de professeures et professeurs réguliers.[]". Le Syndicat des professeurs de l'Université Laval (SPUL) considère que ce n'est pas par l'engagement de personnes chargées de cours à part de temps, isolées de la recherche et à statut précaire, "que la qualité de la formation universitaire s'améliorera."
Disons d'entrée de jeu, que la qualité de la formation universitaire est aussi chère au coeur des personnes chargées de cours qu'à celui de leurs collègues professeurs. En ce sens, il apparaît surprenant que l'engagement de quelques personnes chargées de cours à part de temps soit synonyme, pour le SPUL, d'une détérioration de la qualité de la formation. La preuve n'est pourtant plus à faire que l'excellence dans l'enseignement universitaire n'est pas une question de statut seulement.
Toutefois, puisque pour le SPUL le statut semble faire foi de tout, les chargés de cours aimeraient bien qu'on leur explique la relative indifférence des assemblées d'unités devant l'embauche abusive, il y a quelques années, de responsables de formation pratique. Un bon nombre de "faux" responsables de formation pratique étaient promus en douce au rang d'enseignants, et ce en violation de la convention collective des professeures et professeurs et de celle des personnes chargées de cours. Le SCCCUL est d'avis que c'est plutôt l'embauche de ce type de personnel enseignant qui ouvre grande la porte à la création d'un nouveau statut de professeur enseignant, tout en entraînant l'élimination d'un bon nombre de chargés de cours.
C'est bien pour contrer l'embauche abusive de ces faux responsables de formation pratique que le SCCCUL a accepté que soit tentée l'expérience de l'engagement, à part de temps, de quelques personnes chargées de cours. En clair, le SCCCUL voulait que les charges de cours attribuées aux faux responsables de formation pratique reviennent aux personnes chargées de cours. Les collègues professeurs n'étaient donc pas le personnel enseignant visé par la décision du SCCCUL de s'engager sur cette voie.
Par ailleurs, le SCCCUL a accepté de tenter cette expérience parce que le nombre de chargés de cours concernés était minime, autrement dit, il s'agissait de l'exception et non de la règle. Il faut préciser qu'en ce qui concerne de tels engagement, il n'y a pas parfait consensus au sein même des membres du SCCCUL. Bien des chargés de cours redoutent de voir un petit nombre d'entre eux s'accaparer des charges de cours au détriment du plus grand nombre.
Pourquoi des unités embauchent-elles une personne chargée de cours à part de temps au lieu d'engager un professeur? D'abord et avant tout pour s'assurer qu'un enseignant sera plus présent et disponible pendant une période donnée et en fonction de besoins précis qui ne justifient pas la création d'un nouveau poste de professeur. Dans ces cas, il s'agit tout au plus d' "assurer un enseignement dont la fréquence et la spécialité ne justifient pas l'engagement d'un ou d'une professeur/e", ou encore de "répondre à des besoins ponctuels causés par le fait qu'un ou une professeur/e n'est pas disponible pour exercer sa fonction d'enseignement"(Convention du SPUL, article 3.2.20).
Puisque de tels besoins circonstanciés et ponctuels se font sentir dans diverses unités, il convient de définir et de circonscrire clairement les conditions d'embauche du personnel enseignant à part de temps. De ce fait, la nouvelle convention collective du SCCCUL est très explicite à ce propos. Par exemple, on peut y lire que l'ouverture et la description de tâche d'un contrat de chargé de cours à part de temps relève exclusivement de l'assemblée d'unité. De même, la personne qui obtiendra ce contrat est choisie par un comité de sélection de l'unité, notamment en fonction des profils d'engagement et d'autres critères qui ont, eux-mêmes, été définis par l'assemblée de l'unité. C'est donc dire que l'ensemble de la décision est entre les mains du corps professoral.
Par ailleurs, un tel processus de sélection par un comité, composé de professeurs de l'unité d'embauche, se fonde sur des critères solides et vérifiables. Par contraste, l'embauche de responsables de formation pratique non syndiqués, repose dans bien des cas sur le choix, potentiellement aléatoire et préférentiel, d'une seule personne à la direction de l'unité. Enfin, la personne chargée de cours à part de temps est engagée pour une période maximale de trois ans. Ce contrat ne pourra être renouvelé que si l'assemblée d'unité le juge nécessaire et seulement en fonction des modalités qu'elle établira, en conformité avec les conventions collectives du SPUL et du SCCCUL. Ces balises syndicales que le SPUL et le SCCCUL se sont données ne constituent-elles pas un certaine garantie contre des dérapages administratifs qui ne seraient ni à l'avantage des professeurs ni à celui des chargés de cours?
Pour conclure, est-il vraiment utile de rappeler que les personnes à statut précaire subissent la précarisation de l'emploi plutôt qu'elles ne la causent? Dans le contexte universitaire actuel, les unités se voient dans l'obligation de faire toujours plus avec moins. Les constantes baisses de subventions gouvernementales et les coupures budgétaires qui s'ensuivent sont, au premier chef, responsables d'un resserrement des conditions prévalant à l'engagement d'un professeur. Il faudrait vraiment faire preuve de mauvaise foi pour croire que les personnes chargées de cours contribuent volontairement à faire disparaître un statut de professeur auquel, après tout, bon nombre d'entre elles aspirent. Plutôt que de se lancer la pierre, ces collègues enseignants que sont les professeurs et les chargés de cours ne pourraient-ils pas collaborer de façon à éviter que ne se dégradent encore leurs conditions de travail?
DÉCIDER DE NOTRE AVENIR...
Les séparatistes ne cessent de nous répéter ce slogan... Nous en avons ras-le-bol, et notre avenir est déjà réalisé. C'est de rester de demeurer dans notre pays, le Canada. À 64 %, les sondages ont révélé cette volonté, pourtant ignorée par les séparatistes purs et durs. Par deux référendums, le peuple a dit non. La démocratie s'est exprimée.
On nous répète sans arrêt que c'est le peuple québécois qui doit seul décider de son avenir... Alors, il a décidé! Pourquoi continuer d'ignorer la volonté du peuple en nous harcelant continuellement avec cette question d'avenir? C'est une obsession maladive, une marotte bien articulée et programmée. Plusieurs générations de Québécois se sont succédées sur notre territoire. Des familles se sont constituées, ont évolué, ont bâti des choses formidables. Tous ceux (celles) qui nous ont précédé, auraient-ils à un moment ou l'autre, manqué le bateau et gâché leur avenir?
Tous les retraités qui ont laissé leur emploi dernièrement, n'ont sûrement pas eu le sentiment d'avoir manqué leur avenir... Au contraire, ils ont travaillé avec ténacité à le bâtir à l'intérieur du Canada. S'il y en a qui ont raté leur avenir, cela n'a rien à voir avec la politique. Ce sont plutôt des causes bien personnelles, qui sont à l'origine de leur échec. De même que les générations présentes ne sont pas toutes branchées sur un avenir hypothétique, quasi extra-terrestre qui serait dit-on (selon les séparatistes) meilleur, paradisiaque, et très pur...
D'ailleurs le gouvernement en place, nous a montré par ses oeuvres de quoi il serait capable, lors d'une sécession. Et là nous n'aurions plus le choix de le déloger par une élection. Il s'est attaqué aux plus pauvres, aux démunis, à notre système de santé etc... Il a géré les finances de façon discutable en subventionnant les causes perdues d'avance. Il a multiplié les casinos à une période de chômage chronique. Il a continué de détériorer l'éducation, en évitant de prendre des mesures efficaces, afin de valoriser la qualité du français écrit et parlé.
Plutôt que de s'acharner sur l'anglais dans les commerces, il aurait dû concentrer toutes ses énergies pour un français de qualité. Mais il semble que certains, soient plus préoccupés par des querelles linguistiques et xénophobes, préférant perdre leur temps dans des injures, des railleries et des insultes.
Ceci met en évidence l'infantilisme de quelques intolérants... le peu d'ouverture sur l'autre.. Ce qui fait craindre le pire dans le futur!
Cet éternel radotage sur "notre avenir" décidé, pensé, organisé par quelques uns, est complètement déconnecté de la base, du peuple qui a dit non par deux fois, au projet séparatiste. Inutile de nous faire croire, d'essayer de nous convaincre malgré nous... Les Québécois ne font pas pitié, ne sont pas opprimés, ni méprisés dans la fédération canadienne. S'ils le sont c'est par leurs propres concitoyens.
Les Québécois sensés n'adhèrent pas à ces balivernes, sottises et sornettes. Ceux qui ont le complexe d'être québécois s'y jettent à corps perdu. Ils y ont trouvé les motifs pour justifier leur comportement. C'est leur choix personnel qu'ils n'ont pas à imposer aux autres. Ceux et celles qui croient dans le Canada, ne sont pas des écrasés, des peureux, des vendus. Au contraire, ce sont des bâtisseurs, de gens sûrs de leurs capacités, des fonceurs qui n'ont pas peur des défis. Ils ne sont pas frustrés ni hantés par des sentiments imaginaires d'humiliation, de mépris. Le complexe d'infériorité n'a pas de prise sur eux.
Ils voient grand, aussi grand que le Canada. En un mot, ce sont des gens dont l'identité canadienne est fortement établie. Ils ne sentent pas le besoin de la remettre en cause, au contact de gens frustrés, "pognés" qui se cherchent désespérément. Personnellement, je n'ai jamais éprouvé le sentiment d'humiliation d'être québécoise-canadienne. J'ai voyagé et ce sentiment n'a jamais effleuré mon esprit.
LE DOCTORAT PEPSI
L'Université de Montréal projette de consentir à une compagnie privée l'exclusivité des ventes sur son territoire. Le problème de cette entente réside dans le fait qu'ainsi, l'Université aliène son devoir d'enseigner les dangers associés à la consommation de certains produits. En effet, comment peut-on afficher "Vive le fast-food" dans les classes de diététique, vanter "les charmes d'un cow-boy qui fume goulûment une cigarette" dans un cours de pneumologie, ou encore prôner "le 12 à pompe, fierté des hommes virils" dans un atelier de psychologie sur l'estime de soi? En outre, comment les gradués de cette université pourront-ils invoquer une crédibilité scientifique en tant que témoin expert, lorsqu'ils certifieront que tel ou tel produit n'est pas dangereux pour la population alors que leurs propres études auront été défrayées par des magnats industriels?
Je ne doute pas qu'une université gérée par une compagnie privée d'envergure assure sa rentabilité. Mais là, on parle d'argent et non de développement social. En fait, le choix de s'associer à une entreprise privée remet en question les fondements même de cette institution de haut-savoir. À quoi veulent servir nos universités? À doter nos générations futurs d'un mental enrichi de connaissances, apte à comprendre leur entité d'humain, afin qu'elles deviennent porteuses de libres penseurs capables d'assurer leur survie? Ou à former des travailleurs fonctionnels, utile et compétents, capables de répondre aux besoins des compagnies qui les forment, afin que celles-ci se maintiennent au sommet de l'échelle économique? Veut-on former des gens qui sauront maintenir une société libre, intelligente et équitable, ou des jeunes qui emploieront leurs talents à augmenter les profits des entreprises qui les auront formés et leur donneront leur petit pain quotidien?
La vraie question est de savoir quel mandat nous voulons donner à nos universités dans les années à venir! Nos jeunes deviendront-ils les chiens ou les loups de Jean de La Fontaine?
SOUVERAINISTES ET FÉDÉRALISTES EN MUTATION
Depuis le référendum de 1995, le contexte politique a bien changé au Québec. Avant cette date, les péquistes étaient perçus comme un groupe d'idéalistes, gauchistes, à forte préoccupation sociale. Quant aux libéraux, ils étaient réputés pour leur fort pragmatisme économique. Cela se reflétait sur leurs positions constitutionnelles respectives: un souverainiste idéaliste et un fédéraliste pragmatique, qui ne voulait pas créer de l'incertitude car peut être plus préoccupé par le taux de change.
Les trois dernières années ont vraisemblablement renversé les rôles. Sur le plan économique, l'arrivée de Lucien Bouchard au pouvoir a complètement réorienté la politique économique du PQ, mettant l'accent sur l'atteinte du déficit zéro. Des libéraux, on n'a que le souvenir des déficits répétés et toujours de plus en plus volumineux. Qui est le plus pragmatique maintenant? Mais c'est sur le plan constitutionnel que la mutation est intéressante. En effet, les souverainistes ont réussi à démontrer que leur projet est tout à fait réalisable, car le Québec pourrait facilement obtenir la reconnaissance internationale. Même la Cour suprême a reconnu qu'Ottawa devrait négocier de bonne foi. Sinon, la démarche unilatérale de sécession ferait facilement son oeuvre.
Ce qui semble beaucoup plus difficile à réaliser toutefois, c'est le renouvellement du fédéralisme. On est peureux à aller plus loin qu'un simple "cadre de discussion" (c'est l'entente de Calgary) car on sait très bien que ce sujet est pomme de discorde à 99 % des chances, même entre fédéralistes. De plus, les fédéralistes ont volontairement détourné l'attention publique du débat sur la sécession vers un autre débat sur les modalités de sécession (question claire et majorité claire...) étant tout à fait conscients qu'ils manquaient d'arguments sur le premier. Je dois dire en passant que je doute de leurs arguments sur le deuxième aussi. Et l'incertitude, qui la cause vraiment? Le fédéraliste ou le souverainiste? Après tout, le second n'est rien de plus qu'une réponse aux échecs du premier. Si le fédéralisme fonctionnait bien, il n'y aurait pas de problème d'unité nationale. Et si certains veulent absolument renouveler le fédéralisme, ce serait répéter les histoires des accords de Meech et de Charlottetown... à 99 % des chances.
Le pragmatisme que l'on reconnaissait aux fédéralistes ne semble plus tenir. Il est même devenu simplement idéaliste compte tenu de l'idée d'union qu'il privilégie sans tenir compte des contraintes sociologiques du Canada. Ce n'est pas que je veuille insulter les gens idéalistes, mais quand c'est pragmatique, c'est toujours plus facile.