17 septembre 1998 |
L'expertise de ce professeur de l'École de psychologie mise à profit par une commission du Congrès américain sur le jeu
Parmi les noms de sénateurs, de maires, de directeurs de casinos et d'inspecteurs du ministère de la Justice qui meublaient l'ordre du jour de la réunion du 11 septembre de la National Gambling Impact Study Commission des États-Unis figurait le nom d'un chercheur spécialiste des jeux de hasard: "Bob Ladouceur, Professor, University of Laval, Quebec". Le professeur de l'École de psychologie comptait au nombre des rares témoins convoqués à la Nouvelle Orléans par la Commission pour discuter du problème du jeu pathologique et de ses impacts dans la société. "Les membres de la Commission avaient entendu parler de notre traitement des joueurs pathologiques et ils voulaient en apprendre davantage sur le sujet", résume Robert Ladouceur. Seulement trois autres experts en psychologie du jeu ont été invités à témoigner devant cette instance du Congrès américain.
"J'ai accepté de participer parce que, comme peu de gens reçoivent une telle invitation, c'est très flatteur. D'autre part, je pense qu'en tant que professeur universitaire, ça fait partie de mes obligations sociales de renseigner et d'aider des législateurs à prendre les meilleures décisions possibles."
La National Gambling Impact Study Commission a été créée par le Congrès afin de revoir la question des jeux de hasard et d'argent. Le Congrès a constaté que la légalisation du jeu avait favorisé sa progression rapide et que les nouvelles formes de jeu, entre autres les casinos virtuels sur Internet, remettaient en question la juridiction actuelle. En plus, le Congrès s'inquiétait des répercussions sociales et économiques du jeu et il désirait obtenir plus de renseignements sur le jeu pathologique. Les membres de la Commission, nommés par le président Clinton, par le leader de la majorité au Sénat, Trent Lott, et par le Speaker de la Chambre, Newt Gingrich, doivent remettre leur rapport final le 20 juin 1999. Ce document servira d'ébauche à la nouvelle politique américaine sur le jeu.
Les jeux sont faits
Robert Ladouceur a utilisé les 15 minutes mis à sa disposition
pour rappeler la psychologie des joueurs pathologiques et pour expliquer
comment le jeu peut basculer du côté du cauchemar lorsque ceux-ci
jouent pour se "refaire". "Les gens jouent parce qu'ils ont
une mauvaise perception du hasard. Ils pensent qu'en flattant le hasard
dans le sens du poil ils vont pouvoir orienter l'issue du jeu. Il faut donc
corriger les perceptions du genre "je suis dû pour gagner parce
que je viens de perdre dix fois d'affilée" ou "après
cinq "pile", un "face" est dû pour sortir"."
Le traitement mis au point à l'École de psychologie donne
un taux de succès de 85 %. Il est maintenant connu en Norvège,
en Suède et aux États-Unis.
"C'était très impressionnant, admet Robert Ladouceur pour résumer son témoignage devant la Commission. Je suis habitué à donner des conférences devant des scientifiques mais là, le contexte était très différent et le protocole était particulièrement intimidant. Je parlais à des législateurs haut placés - c'est comme témoigner devant la Cour Suprême - et je n'avais que 15 minutes pour mon exposé. Tout ce que je disais était enregistré. Une centaine de personnes, dont plusieurs journalistes, assistaient à la séance de la Commission".
Les travaux menés par Robert Ladouceur depuis 18 ans ont conduit, au début de 1998, à la création du Centre québécois d'excellence pour la prévention et le traitement du jeu. L'objectif principal du Centre est de faire progresser les connaissances dans le domaine de la psychologie des jeux de hasard et de former des spécialistes capables de venir en aide aux personnes pour qui les jeux de hasard et d'argent ne sont plus un jeu. Certains des travaux de recherche en cours sont réalisés grâce à des fonds (200 000$) provenant du National Center for Responsible Gaming des États-Unis.