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3 septembre 1998 ![]() |
Maladie cardiaque chez les hommes
Des chercheurs du CHUL ciblent une une "triade" d'anomalies aux effets dévastateurs
Des recherches menées au Centre de recherche sur les maladies lipidiques du CHUQ (pavillon CHUL) ont permis d'identifier trois nouveaux facteurs de risque qui, lorsque observés de façon simultanée, augmentent de façon fulgurante le risque de développer une maladie cardiaque chez les hommes. L'équipe de recherche dirigée par Benoît Lamarche rapporte en effet dans la revue de l'Association médicale américaine, Journal of the American Medical Association, que le risque de développer une maladie cardiaque sur une période de 5 ans était 20 fois plus élevé chez des hommes présentant ces trois nouveaux facteurs de risque comparativement à eux qui ne montrent aucune de ces anomalies. Ces facteurs sont un taux sanguin élevé d'insuline, une concentration élevée d'une protéine appelée apo B et la présence de petites particules LDL anormalement appauvries en cholestérol.
Le risque associé à chacun de ces paramètres pris individuellement, soit l'hypersinsulinémie, l'hyperapo B (taux élevé de cette protéine) et une proportion élevée de particules ayant un petit diamètre avait déjà fait l'objet d'études intenses dans le laboratoire du Centre de recherche sur les maladies lipidiques. Les chercheurs ont toutefois été estomaqués de constater l'effet dévastateur associé à la présence simultanée de cette "triade" d'anomalies sur le risque de développer une maladie cardiaque.
Les résultats de ces analyses effectuées sur une cohorte de plus de 2 000 hommes âgés dans la cinquantaine suggèrent également que l'augmentation remarquable du risque associée à cette triade de facteurs pourrait être complètement indépendante de la contribution d'autres facteurs de risque bien établis tels que la cigarette, le diabète, la pression artérielle et même le cholestérol sanguin. Ainsi, plusieurs sujets porteurs de la triade ne fument pas, ont un cholestérol sanguin relativement normal, ne sont pas hypertendus et ne souffrent pas de diabète.
Selon les chercheurs du CHUL, ces résultats pourraient avoir des implications cliniques importantes. "Il ne fait aucun doute que traiter un cholestérol sanguin élevé diminue de façon importante le risque de maladies cardiaques, explique Benoît Lamarche. Par ailleurs, la plupart des hommes caractérisés par cette triade de nouveaux facteurs de risque ont un cholestérol sanguin souvent normal ou seulement marginalement élevé. Selon les critères d'évaluation actuels, il ne sont donc pas considérés comme ayant un risque cardiaque très élevé, ce qui n'est clairement pas le cas selon nos résultats." Des études plus approfondies de ce phénomène pourraient éventuellement améliorer de façon substantielle la prédiction du risque de maladies cardio-vasculaires. En effet, ces travaux soulignent l'importance d'aller au-delà des facteurs de risque traditionnels dans l'évaluation du risque de maladie cardiaque et pourraient conduire à de nouvelles approches de dépistage et de prévention.