25 juin 1998 |
Budget 1998-1999
François Tavenas: "Le gouvernement et la société québécoise ne peuvent pas prétendre à une place de choix dans l'économie du savoir sans investir dans ce domaine."
Le Conseil d'administration de l'Université Laval a adopté, lors de sa séance du 17 juin, le budget de fonctionnement 1998-1999 qui prévoit des dépenses de 411 millions de dollars et un déficit d'opérations de 10,3 millions avant dépenses exceptionnelles de retraite. En incluant ces dépenses, le déficit prévu est de 17,7 millions de dollars.
Pour ce qui est de la situation financière de l'Université, le déficit d'opération de l'année 1997-1998 est estimé à 19,1 millions, ce qui porte le déficit accumulé au 31 mai dernier à 28 millions avant dépenses exceptionnelles. Cependant, si on ajoute à cette somme les dépenses exceptionnelles (41 millions) liées à des programmes passés d'incitation à la retraite, le déficit accumulé total de l'Université Laval se situe plutôt à 69 millions au 31 mai dernier.
Un budget élaboré dans la continuité
Dans sa présentation, le vice-recteur à l'administration et
aux finances, Jacques Faille, a indiqué que l'élaboration
de ce budget a été faite dans la continuité des travaux
qui ont mené au Plan de résorption du déficit adopté
par le Conseil d'administration en novembre dernier. Ce plan stratégique
tenait compte des coupures gouvernementales annoncées, d'une légère
hausse des effectifs étudiants et des économies non réalisées
structurellement dans les masses salariales. De plus, des économies
ponctuelles étaient anticipées, notamment à l'égard
de congés de cotisation patronale aux régimes de retraite.
Jacques Faille a ajouté que, "en conséquence, le projet
de budget adopté par le Conseil d'administration suppose des négociations
réussies avec les syndicats et association".
Un contexte "extrêmement sévère"
De son côté, le recteur François Tavenas a rappelé,
dans un message écrit en introduction aux documents budgétaires,
que le contexte dans lequel ce budget a été préparé,
après des années de coupures de la subvention gouvernementale
et de gel simultané des droits de scolarité, est extrêmement
sévère. "Les universités québécoises
vivent une période extrêmement difficile de leur histoire,
dans le contexte du rétablissement de l'état des finances
publiques de la province. La poursuite par le gouvernement de l'objectif
"déficit zéro" à un rythme accéléré,
combinée au niveau de priorité manifestement moins élevé
que le gouvernement provincial accorde à l'enseignement supérieur,
font que les universités québécoises doivent faire
face, depuis 1994 à une énorme décroissance de leurs
revenus: si on combine la réduction directe des subventions avec
les coupures, moins visibles mais non moins réelles, résultant
de la non-indexation et autres mesures similaires, c'est 500 millions de
dollars de coupures que les universités québécoises
ont dû absorber au cours des quatre dernières années",
signale François Tavenas.
Les universités québécoises, de poursuivre le recteur, "sont les seules au Canada à avoir dû réduire brutalement leurs dépenses puisque, dans toutes les autres provinces, s'il y a eu des coupures, elles ont été moins importantes et plus ou moins compensées par des hausses des revenus de droits de scolarité; la Colombie Britannique a même accru sa subvention aux universités en même temps qu'elle autorisait une légère hausse des droits de scolarité. Le résultat net de ces évolutions est une forte baisse de la position compétitive des universités québécoises dans l'environnement canadien et, à plus forte raison, dans le milieu nord-américain."
François Tavenas a ajouté que l'Université Laval n'a pas échappé à cette évolution. "Si elle partait d'une situation relativement favorable résultant d'une gestion attentive en période de croissance, elle a dû absorber 61 millions de coupures directes au cours des quatre dernières années sous les effets combinés de la décroissance de l'investissement public en enseignement supérieur et d'une baisse de clientèle, qui a fort heureusement été endiguée. C'est ainsi que notre université a dû prendre des mesures draconiennes de réduction de son personnel par des programmes d'encouragement aux départs à la retraite, programmes dont elle doit maintenant absorber les coûts. Elle a dû aussi accepter, comme toutes les autres universités du Québec, d'encourir des déficits."
Des compressions au mauvais moment
Pour le recteur, "cette évolution de la situation financière
des universités en général et de l'Université
Laval en particulier arrive à un bien mauvais moment. Notre système
universitaire fait preuve, depuis quelques années, d'une performance
tout simplement remarquable. (...) Avec la baisse brutale des subventions
gouvernementales et la réduction inévitable du corps professoral
qui s'en est suivie, c'est ce progrès et cette performance de qualité
qui sont aujourd'hui remis en question". Le recteur a ajouté
qu'il faut espérer que le gouvernement et toute la société
québécoise réaliseront prochainement "qu'on ne
peut pas prétendre à une place de choix dans l'économie
du savoir et désinvestir dans ce domaine."
En attendant, a-t-il conclu, "mes collègues des autres universités québécoises et moi-même continuerons d'investir temps et énergie pour convaincre le gouvernement, les députés et les milieux d'affaires de l'importance stratégique d'un accroissement de l'investissement public dans l'enseignement supérieur".