28 mai 1998 |
Des chercheurs en foresterie produisent un guide pour identifier les arbres vulnérables au vent et au verglas
Les scènes montrant des arbres déracinés, décimés ou prostrés resteront à jamais givrées dans la mémoire des Québécois qui ont vécu la tempête de verglas de janvier 1998... surtout ceux qui ont été privés de courant au plus creux de l'hiver parce qu'un arbre avait sectionné le fil électrique près de chez eux! Si le désastre de janvier avait quelque chose d'exceptionnel, il n'est cependant pas rare que la chute d'un arbre occasionne une panne électrique. "Dans l'Outaouais, le tiers des pannes sont causées par la chute d'arbres ou de branches", signale le professeur Jean-Claude Ruel, du Département des sciences du bois et de la forêt.
À Montréal, la plupart des arbres tombés pendant la tempête de verglas présentaient des faiblesses causées par la carie, une maladie provoquée par des champignons. "Pourtant, poursuit Jean-Claude Ruel, les municipalités effectuent de l'entretien préventif mais l'identification des arbres qui risquent de causer des problèmes est souvent difficile." En effet, la carie attaque surtout l'intérieur de l'arbre et les manifestations externes de la maladie ne surviennent qu'à un stade avancé.
Autant en emporte le vent
Le professeur Ruel et son équipe ont creusé la question
sous différents angles. D'une part, avec ses collègues Gisèle
Silva, Marcel Samson (décédé depuis) et Daniel Pin,
il a déterminé l'influence de certains défauts externes
(fentes et blessures) sur la résistance mécanique de trois
espèces d'arbres: le sapin baumier, le bouleau jaune et le peuplier
faux-tremble. Pour simuler un chablis (un arbre naturellement renversé,
déraciné ou rompu par le vent, ou brisé sous le poids
de la neige ou du givre), les chercheurs ont accroché un câble
à mi-hauteur d'arbres normaux et d'arbres présentant divers
défauts et, à l'aide d'un treuil, ils ont exercé une
force jusqu'à ce que l'arbre se rompe ou se déracine. Les
résultats de ces expériences, publiés dans un récent
numéro du Canadian Journal of Forestry Research, et une revue de
littérature pour la plupart des espèces d'arbres ont servi
de matériel de base à la préparation d'un guide d'identification
des arbres vulnérables au chablis.
"Ce guide sert à la planification et à la prise de décision sur le terrain en terme de prévention, dit le professeur Ruel. Il permet d'identifier les arbres susceptibles de tomber sur des fils électriques ou sur les bâtiments urbains." Le guide pourrait devenir une petite bible pour les employés d'Hydro-Québec qui effectuent l'entretien des lignes traversant des terrains privés. "Parfois, les propriétaires veulent savoir pourquoi Hydro-Québec veut couper un arbre plutôt qu'un autre, explique le professeur. Le guide donne des critères objectifs qui justifient les interventions, notamment la présence de chancres ou de fructifications de champignons, des blessures, des fentes ou de certains types de fourches."
Les 1 000 premières copies du guide, signé par Daniel Pin et Jean-Claude Ruel, se sont envolées sans même que les auteurs en fassent la publicité. Mille autres copies devraient sortir des presses sous peu. Le guide est en vente au coût de 12 $, incluant les frais postaux. On peut en obtenir copie en écrivant à Daniel Pin, Institut québécois d'aménagement de la forêt feuillue, 7 rue Saint-André, Saint-André Avellin, Qc, J0V 1W0.